Comment réaliser une tiny house éco-responsable et autonome ?

Comme son nom l’indique, la tiny house est une maison de toute petite taille. Ce type de construction a le vent en poupe, et pour cause : dans son espace intérieur, tout est optimisé ! Ainsi, aucune surface n’est perdue et vous ne consommez pas plus de chauffage que nécessaire. Mobile, la tiny house vous offre un sentiment de liberté. Toutefois, pour ne pas dénaturer son aspect environnemental, certaines règles sont à respecter. Comment réaliser une tiny house vraiment écologique ? Brico Ressources vous délivre ses astuces.

 

Votre projet est fixé, vous avez le terrain avec une vue dégagée et la tranquillité du voisinage, alors que les plans de votre tiny house sont désormais bien établis. Etes-vous sûr d’avoir bien pensé à tout ? Avant de vous lancer dans la construction de votre tiny house rêvée, voici quelques questions à se poser :

Votre tiny house sera t-elle fixe ou mobile ?

De cette décision dépendra des règles à appliquer, notamment en matière de dimensions, de poids, de stationnement, de raccordement aux réseaux, …

Par ailleurs, les tiny houses sur roues nécessitent des coûts supplémentaires pour les éléments de construction adaptés à la mobilité, tels que le châssis, les essieux et les systèmes de fixation et de parking. Si votre budget est limité, une tiny house fixe peut être au final plus économique.

Tiny house fixe - West Wood Tiny - Fr79

Tiny house fixe – West Wood Tiny – Fr79

Quel niveau d’autonomie souhaitez vous ?

Pour cette problématique, ce sont souvent les règles d’urbanisme local qui vont vous imposer des raccordements. Le plus souvent, un assainissement est obligatoire. S’il est dans les environs, il faudra se raccorder au réseau local, sinon il faudra prévoir un assainissement autonome.

Pour l’eau et l’électricité, l’idéal est d’être raccordé aux réseaux. Il est toutefois possible d’atteindre l’autonomie, et nous verrons plus bas comment y parvenir, mais ce ne sera pas sans sacrifice au confort habituel.

Quelle dimensions et poids maximum pour votre tiny house ?

Pour éviter une demande d’autorisation spéciale (« convoi exceptionnel ») auprès de la préfecture, votre tiny house doit faire moins de 2,55 m de large. D’autre part, comme la plupart des ponts n’excèdent pas 4,3 m de hauteur, mieux vaut prévoir une taille inférieure pour pouvoir circuler librement sur les routes, sans trop de difficultés. Enfin, si la longueur de votre construction n’est pas trop limitée (entre 7 et 12 m selon le véhicule tracteur), en réalité pour diminuer les risques de basculement, il est important de bien équilibrer le bâti en limitant la longueur totale.

Concernant le poids, tout va dépendre de votre permis de conduire et du véhicule tractant. Mais pour la majorité des cas, pour tracter votre micro maison, il vous faudra :

  • soit le permis B96 (formation de 7H) pour un Poids Total Roulant Autorisé (PTRA= poids total véhicule + maison) supérieur à 3,5 T, mais inférieur à 4,25 T
  • soit le permis BE, pour une remorque faisant moins de 3,5 T, mais que l’ensemble « voiture + remorque » fait plus de 4,25 T

Pour une remorque de plus de 3,5 T, le permis « poids lourds avec remorque » (permis C1E) est exigé, et bien plus contraignant.

Pour que votre projet de tiny house reste cohérent avec un projet éco-responsable, le choix des matériaux et des équipements sera donc essentiel tout en préservant l’équilibre de la structure.

Faut-il auto-construire votre tiny house ?

Si vous n’avez jamais entrepris de travaux d’importance, le mieux est de se faire accompagner pour la construction de votre micro habitat. En effet, sans compétence technique, des erreurs pourraient vous être fatales, demandant parfois la reconstruction, voire la destruction de la tiny house. Les cas sont nombreux suite, notamment, à des problématiques de gestion de l’humidité.

Il existe plusieurs solutions :

  • faire appel à un constructeur expérimenté en tiny house qui met à votre disposition son atelier et vous accompagne tout au long de votre projet ;
  • demander l’assistance d’un artisan expert en tiny house, qui vous suivra sur les parties dont il a les compétences ;
  • se renseigner auprès des membres du réseau Nature & Développement. Ils ont une bonne connaissance des matériaux et solutions à votre disposition pour ce type de construction. Ils sauront aussi vous conseiller sur les bons outils à utiliser.

La construction d’une tiny house se différencie des constructions traditionnelles par les contraintes liées à sa taille. Il est donc recommandé de consacrer un budget à cet accompagnement, qui pourrait vous éviter bien des désagréments !

Tiny house : le choix de l’ossature et des menuiseries

Bien que la structure d’une tiny house soit généralement en ossature bois de petite section, certains constructeurs vous proposent également une ossature métallique. L’intérêt de cette dernière reste discutable, car outre son avantage de légèreté, son impact carbone est plus élevé. D’autre part, le risque de générer des ponts thermiques (discontinuité de l’isolant) est également plus grand, l’acier étant un matériau très conducteur. Les essences de bois les plus utilisées sont l’épicéa, le sapin, le douglas ou le pin. Le contreventement est généralement assuré par la fixation de panneaux de bois sur l’ossature ou par un système d’écharpes (traverses diagonales). Ce dernier est plus complexe à mettre en œuvre, mais vous évite le recours à de l’OSB qui peut contenir une quantité importante de colle (et donc de formaldéhydes). Dans tous les cas, privilégiez toujours une essence de bois locale provenant d’une forêt gérée durablement.

Le choix des matériaux est donc important et souvent affaire de compromis ! En effet, les matériaux les plus légers ne sont pas toujours les plus écologiques. Par exemple, une fenêtre en bois est toujours plus lourde qu’une fenêtre en alu ou en PVC. Comme l’espace intérieur est restreint, il s’échauffe et se refroidit rapidement sous l’effet du rayonnement solaire, d’autant plus que l’inertie des murs est souvent faible. Il est donc judicieux de prévoir des fenêtres très performantes (Uw < 1.3 W/m.k). C’est ainsi que vous limiterez au maximum l’inconfort généré par la convection de l’air (courants d’air). Afin d’optimiser l’étanchéité à l’air et l’isolation thermique de votre construction, des précadres sont généralement prévus pour faciliter la pose des menuiseries extérieures et du pare-vapeur. Vous pouvez également opter pour un système “gain de place” avec des fenêtres coulissantes, très pratique pour l’ouverture.

Tiny house - West Wood Tiny - Fr79

Tiny house – West Wood Tiny – Fr79

Quelle toiture choisir pour votre tiny house ?

Le constat est identique pour tous les matériaux de votre maison : chaque kilo compte ! Pour votre toit, le choix du 100 % écologique n’est donc pas toujours évident et le système le plus souvent privilégié est celui du bac acier. Léger et résistant, malgré son énergie grise, ce matériau présente l’avantage d’être recyclable en fin de vie.

Parmi les autres matériaux utilisés, vous pouvez également choisir une toiture :

  • En zinc, qui est à déconseiller pour la récupération de l’eau de pluie, car c’est un matériau qui a tendance à s’oxyder facilement ;
  • En aluminium, qui est encore plus léger que l’acier ;
  • En bois, les tuiles (ou bardeaux) de bois constituent une vraie solution écologique. Toutefois, c’est un matériau qui demande un peu d’entretien ;
  • En tuiles photovoltaïques ou avec des panneaux solaires intégrés, très utiles pour utiliser intelligemment l’espace de toiture et rendre la tiny house autonome en électricité.
  • En membrane EPDM en caoutchouc qui se colle sur un support continu, la mise en oeuvre doit-être soignée.

La sélection des isolants : un choix crucial !

S’il y a bien un domaine à ne pas négliger avec ce type de construction, c’est effectivement celui de l’isolation thermique. Pour limiter votre consommation énergétique et accroître votre confort, votre isolant devra présenter :

  • Des bonnes propriétés isolantes contre le froid. Comme les ossatures sont peu épaisses, le coefficient lambda (pouvoir isolant) devra être le plus faible possible ;
  • Un bon confort d’été, car le risque de surchauffe est d’autant plus grand que le volume habitable est petit ;
  • Une isolation acoustique représente un plus si vous décidez de vivre en habitat groupé ou dans un camping.
  • un matériau capable de réguler l’humidité plus présente dans ce type de surface

C’est pourquoi l’emploi de matériaux biosourcés (fibre de bois, métisse, ouate de cellulose, etc.) apparaît comme une évidence. Certes, compte-tenu de la contrainte d’épaisseur, ce ne sont pas les plus isolants pour l’hiver, car effectivement le coefficient lambda d’un polystyrène ou d’un polyuréthane est plus faible. Mais, il s’agit de la solution la plus complète avec le meilleur rapport d’isolation été/hiver/phonique et poids. De plus, ces matériaux sont plus respectueux pour l’environnement.

Salle de bains avec toilettes sèches -Tiny house – West Wood Tiny – Fr79

Un espace optimisé est de rigueur !

Avec une tiny house, vous apprenez à vous passer du superflu. Et pourtant certains modèles vous offrent réellement tout le confort moderne. Il faut dire que les fabricants regorgent d’imagination et d’ingéniosité pour optimiser l’espace, inspirés depuis longtemps par la fabrication des caravanes et camping-cars.

Une tiny house comprend souvent :

  • Un espace cuisine, avec un évier, une plaque, un four (parfois même une hotte) et éventuellement un lave-vaisselle. Pour manger, vous disposez d’une table multifonction qui se déplie pour créer un plan de travail ou d’une table escamotable qui se rabat contre un mur ;
  • Un espace salon, avec un canapé avec rangements intégrés ou une banquette qui se transforme en bureau ou en table basse ;
  • Un ou plusieurs espaces nuit, dont une chambre en mezzanine; avec des rangements intégrés dans l’escalier. Le lit peut également être escamotable avec placard intégré ;
  • Un espace salle de bain, avec une douche, des toilettes sèches et parfois un lave-linge ;
  • Un espace extérieur, avec une terrasse amovible ou repliable.

Le sentiment de « manquer d’espace » est souvent effacé par l’intégration de ces rangements très discrets.

Pensez aussi à travailler votre éclairage, notamment pour les longues soirées d’hiver. Les ampoules led se présentent comme une solution parfaite pour une tiny house. Elles sont très économes en énergie pour une durée de vie nettement plus longue que les ampoules traditionnelles. Leur taille compacte permet de les installer presque partout (attention aux règles de sécurité). Moins fragiles que les ampoules incandescentes ou fluorescentes, car elles ne contiennent pas de filaments ou de tubes de verre fragiles. Disponibles dans une grande variété de couleurs et d’intensités, elles offrent un éventail de personnalisation infinie pour une ambiance lumineuse en fonction de ses besoins et préférences. Enfin, les ampoules sont plus durables, tout en émettant moins de rayonnement ultraviolet.

Comment parvient-on à devenir autonome avec une tiny house ?

La construction d’une tiny house doit s’inspirer de la conception bioclimatique qui consiste notamment à optimiser la surface vitrée en plein sud pour profiter des apports solaires. Le solaire passif est l’élément indispensable d’une tiny house. Il permet ainsi d’économiser les premiers kWh, qui sont généralement les plus chers à produire.

Alors, concrètement comment rendre votre tiny house la plus autonome possible ?

  1. En exploitant l’énergie du soleil pour produire de l’électricité ou de l’eau chaude sanitaire. Toutefois, l’autonomie des batteries de stockage est assez faible et le chauffe-eau solaire est généralement lourd et encombrant. Les appareils de froid étant les plus consommateurs en énergie, vous pouvez opter pour une conservation de vos aliments dans de l’argile, par exemple (système du « frigo du désert »). Vous pouvez aussi prévoir un stockage alimentaire dans un caisson isolé intégré au mur nord de votre construction.
  2. Avec un poêle de masse semi-démontable, capable de stocker une grosse quantité de chaleur grâce à la combustion du bois, et à la restituer lentement tout au long de la journée. Pensez toutefois à bien vérifier que ce système ne vous rajoute pas trop de poids par rapport à la limite autorisée (voir plus haut).
  3. Avec un biodigisteur. Cette technique utilise la fermentation des déchets alimentaires pour produire du méthane qui va servir comme combustible pour la gazinière.
  4. Avec une marmite norvégienne pour prolonger la cuisson de vos plats, sans consommer d’énergie.
  5. En récupérant l’eau de pluie et en la filtrant, bien que la faible surface de toiture limite la quantité d’eau récupérable. L’idée est plutôt de réfléchir à comment limiter votre usage. Par exemple, en installant des toilettes sèches à séparation. Ainsi, l’urine peut être utilisée comme fertilisant pour les plantes et les matières fécales sont source de méthane pour le gaz de cuisine ou pour le compost.
  6. Par la potabilisation de l’eau de pluie, grâce à un système d’osmoseur et de plusieurs systèmes de filtration (gravier, filtre à charbon actif par gravité, etc.). Attention, la consommation d’eau pluviale pour l’alimentation est interdite.
  7. En créant un potager, pour limiter vos déplacements et le stockage des denrées alimentaires.
Module autonomie pour Tiny house - West Wood Tiny - Fr79

Module autonomie pour Tiny house – West Wood Tiny – Fr79

En réalité, les exemples sont nombreux comme nous le prouvent ces deux talentueux ingénieurs de Low-Tech lab. Ainsi, découvrez « Comment se chauffer facilement », « Comment se passer de frigo », « Comment réduire par 4 votre consommation électrique », « Comment créer de l’électricité avec un vélo générateur », etc.

Vous l’aurez compris, construire et vivre dans une tiny house permet de limiter son impact environnemental. Autant faut-il prendre les bonnes décisions dès le départ. N’hésitez pas à venir rencontrer les professionnels du réseau Nature & Développement pour vous faire accompagner dans ce beau projet de vie. Ils pourraient vous donner des astuces inédites et vous proposer des solutions pertinentes pour réaliser une tiny house vraiment écologique.

Crédit photos : Build Green, Tiny house de West Wood Tiny (Fr-79)

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