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  • COV : ce qu’on ne nous dit pas

Depuis qu’on sait à quel point notre air intérieur est pollué, chacun est plus vigilant chez soi … à juste titre!

Et parmi ces polluants, caractérisés par leur grande volatilité, les composés organiques volatils (ou COV) se répandent aisément dans l’atmosphère de nos intérieurs, entraînant ainsi des impacts directs et indirects sur la santé des vivants et sur l’environnement.

Mais au fait, c’est quoi les COV ?

Qu’est un COV ?

Extrait du Journal Officiel :

JORF n°0111 du 13 mai 2011 page 8284  texte n° 15

Masque pollution

Au sens du présent arrêté, on entend par :

  1. « Composé organique » : tout composé contenant au moins l’élément carbone et un ou plusieurs des éléments suivants : hydrogène, oxygène, soufre, phosphore, silicium, azote, ou un halogène, à l’exception des oxydes de carbone et des carbonates et bicarbonates inorganiques ;
  2. « Composé organique volatil (COV) » : tout composé organique dont le point d’ébullition initial se situe entre 50 °C et 286 °C ;
  3. « Composés organiques volatils totaux (COVT) » : somme des composés organiques volatils dont l’élution se produit entre le n-hexane et le n-hexadécane inclus, qui est détectée selon la méthode de la norme ISO 16000-6.

1 : Pour être classé COV, une matière doit comprendre au moins un élément carbone dans sa chaîne moléculaire.

Normal puisque, assez unanimement, cet élément est reconnu par la communauté scientifique comme étant la source de la vie.

Il doit être associé à un autre élément selon la liste définie dans l’extrait ci-dessus : normal aussi, car seul, le carbone ne peut être organique, c’est à dire vivant. Il est inerte.

2 : une fois passé le 1er stade de qualification des éléments organiques, pour être volatil, il faut que son point d’ébullition soit compris entre 50°C et 286°C. Le point de fusion est un des moyens les plus simples pour tenter d’identifier un élément. Le point de fusion des corps purs est stable et parfaitement identifié. Voir le tableau Wikipédia.

3 : COVT (Composés organiques volatils totaux) : en simplifiant à l’extrême : composés organiques volatils mélangés à un solvant spécifique dont la chaîne est composée de 6 molécules d’hydrogène et 14 molécules d’oxygène. Ce solvant se rencontre généralement dans la chimie organique.

Le tout selon des catégories d’usage et des limites maximales d’émission fixées selon la directive européenne n° 1999/13/CE du 11/03/99 article 17.

Législation sur et autour des COV

Afin de garantir, entre autres, une qualité de l’air respectueuse de la santé des occupants, le législateur a légiféré : arrêté ministériel du 2 février 1998.

Ces démarches faisaient suite à des protocoles internationaux et, ainsi, la France se mettait au niveau international de ces protocoles :

  • protocole de Genève : 1991
  • protocole de Göteborg : 1999

et en conformité avec les directives européennes :

  • La directive 1996/61/CE, dite IPPC (Integrated Pollution Prevention and Control)
  • La directive 1999/13/CE

Depuis lors, ce texte a été modifié à plusieurs reprises, soit sur décision intérieure, soit, à nouveau, pour se mettre en conformité avec la législation européenne, notamment du fait de l’évolution de la directive Reach.

Les contrôles et mesures s’effectuent en laboratoire, selon des règles définies, pour la France, par le CSTB. Par exemple pour les émanations de formaldéhydes à une température de 23°+ou- 2° et Hygrométrie relative stabilisée de 50%. Cf Inéris

Or, à cette température, quasi aucune matière ne laisse émaner de quelconques particules, simples ou complexes; qualifiables de COV et donc, se trouve, de facto, classée COV : A.

Dangerosité des COV

Tels qu’ils nous sont présentés, ils font figure d’ennemis N°1 à proscrire impérativement de nos habitats.

Cette psychose est-elle justifiée ?

Oui et non : si certains COV sont effectivement très mauvais pour notre santé, d’autres, en concentration naturelle sont totalement inoffensifs, par exemple l’éthanol.

Tout ceci est bien décrit dans une publication du service public fédéral belge.

Il est cependant vrai que beaucoup des COV, généralement émis de façon non naturelle par des produits ou matières manufacturés présentent de réels risques et qu’il convient donc de s’en protéger. Le meilleur moyen étant de ne pas les laisser entrer dans nos intérieurs.

S’ils ne sont pas présents dans l’atmosphère aux températures de mesure lors des tests, ils peuvent parfaitement se retrouver dans l’air intérieur à des températures plus élevées. Ainsi, même classées A vis à vis des COV, certaines mousses, peuvent être inertes à la température courante mais laisser échapper des vapeurs dangereuses lors de montée en température (par exemple mousse de rembourrage ou isolant).

Il convient donc de s’en prémunir (vous trouverez une liste relativement exhaustive des produits “suspects” à la fin de cet article).

Les COV sont-ils les seuls composés volatiles dangereux ?

Certains composés sont qualifiés de COSV : Composés Organiques Semi Volatiles. Cela signifie qu’ils ne sont pas des COV et donc non pris en compte pour le classement d’un produit ou d’une matière selon les règles présentées ci-dessus. Est-ce donc qu’ils ne seraient pas dangereux ?

Radiateur

Voici un extrait de Wikipédia :

“Le chimiste définit plus précisément les composés organiques semi-volatils (COSV) comme les composés organiques dont le point d’ébullition est compris entre (240 à 260 °C) et (380 à 400 °C)2 et selon Mercier et al. (2006), « La pression de vapeur saturante des COS V se situe entre 10-2 et 10-8 kPa »3.”

Une source de chaleur telle qu’un radiateur peut être à l’origine du passage de certains composés organiques dits semi-volatils d’une phase solide et stable en phase vapeur, par exemple à partir de matière plastique, de peinture ou d’un papier peint en contenant.

Ils ne se dégradent donc pas, soit aux températures requises soit à la pression requise, pour être classés dans les COV, ce qui ne les rend pas inoffensifs pour autant.

Selon l’OQAI (Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur), les COSV sont « suspectés d’avoir des effets sur le système nerveux et le système immunitaire […] et peuvent aussi entraîner des effets sur le système reproducteur (baisse de la fertilité, malformation, cancer, etc.) ou l’augmentation de l’obésité, par exemple »

Que penser des matières ne contenant aucun élément carbone ?

Certaines matières, non organiques, peuvent être extrêmement dangereuses sans, pour autant, qu’il en soit fait état d’une manière quelconque : l’ammoniac ou le soufre, par exemple, ne comportent pas d’élément carbone et ne sont donc pas, de ce fait, classés parmi les COV.

Pourtant il est de notoriété publique que l’ammoniac, par exemple, est très agressif vis à vis des voies respiratoires, entre autres.

Que faire ?

La première action simple consiste  à éviter leur présence en sélectionnant avec rigueur les matériaux, matériels ou équipements que vous ferez entrer chez vous.

La deuxième action consiste en une bonne gestion du renouvellement de votre air intérieur.

Il est bon de rappeler, à ce titre, que le geste classique d’ouverture des fenêtres est très peu efficace dans ce domaine.

Il faudrait ouvrir et fermer les fenêtres de très nombreuses fois pour avoir un début d’efficacité.

Dans un domaine qui pourrait sembler proche : la gestion de la teneur en vapeur d’eau et du risque de point de rosée éventuellement associé peut s’envisager via une ventilation naturelle. Ceci, du fait de l’importance de températures différenciées et qu’une convection naturelle peut s’organiser si les prises d’air sont judicieusement positionnées.

A l’opposé, les teneurs en COV ou autres composés dangereux ne sont, elles, pas forcément assujetties à un quelconque niveau de température et seul un renouvellement d’air par ventilation forcée pourra en permettre l’évacuation de façon certaine.

Liste des COV

Les principaux COV à surveiller dans l’environnement intérieur

  • (+/-) alpha pinène : désodorisant, parfum d’intérieur, huiles essentielles, produit d’entretien
  • 1,4 dichlorobenzène : anti-mite, désodorisant, taupicide
  • 1,1,1-trichloroéthane : colle
  • 1,2,4-triméthylbenzène : solvant pétrolier, carburants, goudrons, vernis
  • 1-méthoxy-2-propanol : laques, peintures, vernis, savons, cosmétiques
  • 2-butoxyéthanol : peintures, vernis, fongicides, herbicides, traitement du bois, calfatage siliconé
  • 2-éthoxyéthanol : peintures, laques, vernis
  • 2-éthoxyéthyl acétate : sources non connues
  • 2-éthyl-1-hexanol : solvants aqueux
  • Benzène : carburants, fumée de cigarette.
  • Butyl-acétate : parquet, solvants
  • Cyclohexane : peintures, vernis, colles
  • Décane : white-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, sol, moquettes, tapis
  • Ethylbenzène : carburant, cires
  • Formaldéhyde (6.2.2.5) : panneau en bois, en contreplaqué, détergents, peintures, textiles, produits de bricolage, fumées des bougies/d’encens, cuisinière à gaz, chauffage d’appoint au gaz ou au pétrole, fumée de tabac, colles, isolants polyuréthane,… Le formaldéhyde est un composé ubiquiste, que l’on retrouve partout.
  • Isopropyl-acétate : sources non connues
  • Limonène : désodorisant, parfum d’intérieur, huiles essentielles, cires, nettoyants pour sol
  • m/p-xylène et o-xylène : peintures, vernis, colles, insecticides
  • Styrène : matières plastiques, matériaux isolants, carburants, fumée de cigarette
  • Tétrachloroéthylène : nettoyage à sec, moquettes, tapis
  • Toluène : peintures, vernis, colles, encres, moquettes, tapis, calfatage siliconé, vapeurs d’essence
  • Trichloroéthylène : peintures, vernis, colles, dégraissant métaux
  • Undécane : white-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, nettoyants sol

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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