Les bienfaits du blanc sur le bâtiment

Le réchauffement climatique nous force à revoir nos stratégies face à la chaleur d’été et les canicules de plus en plus nombreuses. Une solution pourrait pourtant permettre de réduire les effets des rayons du soleil : peindre en blanc.

  1. La preuve par l’imagerie thermique
  2. Une compensation carbone presque naturelle
  3. Le blanc comme couleur vernaculaire de nombreux pays méditerranéens
  4. Une opportunité environnement, économique et sociale

L’albédo est « le pouvoir réfléchissant d’une surface, le rapport du flux d’énergie lumineuse réfléchie au flux d’énergie lumineuse incidente. »

Cela semble simple, mais l’effet est extrêmement bénéfique. De nombreuses études ont montré que les bâtiments aux toits blancs restent plus frais pendant l’été. Le changement réduit la façon dont la chaleur s’accumule dans les zones bâties – connue sous le nom d’effet d’îlot de chaleur urbain – et permet aux personnes qui vivent et travaillent à l’intérieur d’éteindre les unités de climatisation gourmandes en énergie.

Consciente de l’avantage, la Californie a contraint les entrepôts et autres locaux commerciaux à toit plat à les blanchir depuis 2005, et, si un tel effort pouvait être prolongé, les résultats pourraient faire une grande différence.

La preuve par l’imagerie thermique

Tom Bragg vit dans une maison édouardienne de Cambridge et en face, il y a 5 maisons jumelées adjacentes : chacune a une maison avec un mur avant en briques unies et une avec des briques peintes en blanc. Elles sont par ailleurs très similaires.

L’image thermique ci-dessus a été prise en août 2022 lorsque le soleil faisait face aux murs avant. Il montre que les surfaces de briques unies sur la gauche étaient en moyenne de 50,1°C tandis que la brique peinte en blanc était de 35,8°C, de sorte que la surface de la brique était environ 14,3° plus chaude que la blanche. Heureusement, les pièces à l’intérieur n’atteindront pas ces températures, mais à mesure que les murs se réchaufferont, ceux avec des murs en briques seront sensiblement plus chauds. Cela deviendra plus grave si la canicule dure plusieurs jours et que les tonnes de briques dans le mur chauffent.

La nuance de blanc fait une différence notable. Pour les 4 autres paires de maisons la différence de température Brique-Blanc variait de 12,8°C avec un blanc grisâtre à 19,2°C avec le blanc le plus brillant.

Une compensation carbone presque naturelle

Hashem Akbar

Hashem Akbar

Si on prend l’ensemble des routes et des toits, peindre en blanc pourrait couvrir plus de la moitié des surfaces disponibles dans les zones urbaines, qui se sont étendues sur environ 2,4 % de la superficie terrestre de la Terre.

Le chercheur Hashem Akbari au Lawrence Berkeley National Laboratory en Californie puis à l’Université de Concordia (Canada), a calculé que cela augmenterait la quantité de lumière solaire réfléchie sur notre planète de 0,03 %. Cela refroidirait suffisamment la Terre pour annuler le réchauffement causé par 44 milliards de tonnes de pollution au CO2.

Cela éliminerait l’augmentation attendue des émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie. Cela ne résoudra pas le problème du changement climatique, dit Akbari, mais pourrait être une arme simple et efficace pour retarder son impact – tant que les gens commencent à le faire sérieusement.

Le blanc comme couleur vernaculaire de nombreux pays méditerranéens

Dans de nombreux pays méditerranéens, la tradition de peindre les maisons en blanc remonte à plusieurs siècles. Ainsi, la couleur blanche est devenue une caractéristique distinctive de l’architecture méditerranéenne, souvent associée à la pureté, à la propreté et à la fraîcheur.

Les maisons blanches ont un aspect esthétique qui s’harmonise avec le paysage méditerranéen. Les bâtisseurs avaient compris que cela aide à maintenir l’intérieur plus frais en réfléchissant les rayons du soleil. Autre intérêt, en peignant les maisons en blanc, il est possible de dissuader ces insectes de se poser sur les murs extérieurs et donc de pénétrer dans les espaces intérieurs !

Skopelos – île grecque

Ces maisons blanches sont particulièrement répandues dans quelques pays de la région méditerranéenne :

  • La Grèce est célèbre pour ses villages aux maisons blanches et aux volets colorés, en particulier dans les îles des Cyclades, comme Santorin, Mykonos et Paros. Ces maisons blanches aux dômes bleus ou aux toits plats sont devenues emblématiques de l’architecture grecque.
  • En Espagne, la région d’Andalousie est connue pour ses villes blanches, appelées « pueblos blancos ». Des villages comme Ronda, Arcos de la Frontera et Mijas présentent des maisons blanchies à la chaux qui contrastent avec le paysage environnant.
  • En Tunisie, les maisons blanches sont courantes dans les villes côtières telles que Sidi Bou Said, où les bâtiments sont traditionnellement peints en blanc et rehaussés de détails bleus. Cette combinaison de couleurs crée un contraste saisissant avec la mer Méditerranée.
  • Au Maroc, la médina de Chefchaouen est célèbre pour ses maisons entièrement peintes en bleu, mais il y a aussi des régions où les maisons sont majoritairement blanches, comme Essaouira et Asilah. Les maisons blanches confèrent une atmosphère fraîche et lumineuse aux rues étroites de ces villes.
  • Bien que l’Italie soit un pays méditerranéen, les maisons blanches sont moins répandues ici que dans les autres pays mentionnés. Cependant, certaines régions comme la côte amalfitaine et les îles de Capri et Pantelleria sont connues pour leurs maisons blanches caractéristiques.

Cette pratique a malheureusement évolué avec le temps en fonction de la disponibilité des matériaux de construction, de la culture locale et de l’arrivée de nouvelles techniques de construction.

Une opportunité environnement, économique et sociale

Tout comme la rénovation énergétique, blanchir à grande échelle les toits et les murs des maisons pourrait avoir des impacts économiques et sociaux significatifs.

En réfléchissant une plus grande partie de la lumière solaire, les maisons blanchies nécessiteraient moins de refroidissement pendant les mois chauds. Cela pourrait entraîner des économies d’énergie considérables, en particulier dans les régions où la climatisation est largement utilisée.

Ainsi, en réduisant la demande en énergie pour le refroidissement, le blanchiment des maisons contribuerait à une empreinte carbone plus faible. Moins de consommation d’électricité signifie également une réduction des émissions de gaz à effet de serre et une diminution de la dépendance aux combustibles fossiles. Cela aurait un impact positif sur l’environnement et soutiendrait les efforts de lutte contre le changement climatique.

La mise en œuvre d’un projet de blanchiment à grande échelle nécessiterait une main-d’œuvre peu qualifiée pour mener les travaux de peinture. Cela pourrait créer des emplois dans le secteur de la construction et de l’entretien des bâtiments, stimulant ainsi l’économie locale. De plus, l’achat de matériaux de peinture et d’équipements nécessaires générerait une demande accrue pour ces produits, bénéficiant à l’industrie de la peinture.

Les maisons blanches contribueraient à une ambiance plus fraîche et agréable dans les quartiers résidentiels. Les habitants pourraient profiter d’un environnement plus confortable et sain, ce qui aurait un impact positif sur leur qualité de vie.

 

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Une solution freinée par les règles d’urbanisme et ABF

Cependant, ne nous emballons pas car le blanchiment des murs et des toits des bâtiments peut être contraint par des règles d’urbanisme local.

Les réglementations locales en matière d’urbanisme peuvent imposer des restrictions sur les modifications de l’apparence extérieure des bâtiments. Avant d’entreprendre le blanchiment des murs et des toits, il est important de vérifier les règles en vigueur et d’obtenir les autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes.

Par ailleurs, dans les zones où l’architecture traditionnelle est protégée ou considérée comme un patrimoine culturel, le blanchiment généralisé des bâtiments peut être en contradiction avec les directives de préservation. Dans de tels cas, des restrictions peuvent être imposées pour préserver l’intégrité historique et esthétique des structures existantes.

Village en Andalousie – Espagne

Le blanchiment des murs et des toits peut avoir un impact sur l’harmonie visuelle d’un quartier ou d’une zone urbaine. Il est important de prendre en compte le contexte environnemental et architectural afin de s’assurer que les bâtiments blanchis s’intègrent de manière à ne pas perturber d’une part l’esthétique des bâtiments et les autres structures avoisinantes, notamment par des phénomènes de réfléchissements.

A noter que le blanchiment des murs et des toits nécessite un entretien plus régulier pour maintenir l’apparence blanche et éviter la dégradation due aux intempéries. Il est essentiel de prévoir les coûts et les efforts nécessaires pour maintenir les bâtiments blanchis à long terme, afin d’éviter une détérioration qui pourrait nuire à l’aspect esthétique global de la zone.

La mise en œuvre d’un projet de blanchiment à grande échelle nécessite une coopération et une participation active de la part de la communauté locale. Il est important d’obtenir l’adhésion des résidents et de les informer des avantages potentiels du blanchiment, tout en prenant en compte leurs préoccupations et leurs attentes en matière de préservation de l’identité culturelle et architecturale.

Il est donc recommandé de travailler en étroite collaboration avec les collectivités locales, les experts en urbanisme et la communauté afin de garantir que le blanchiment des murs et des toits est réalisé de manière appropriée et respectueuse de l’environnement urbain et architectural existant. Toutefois, les prochaines réglementations du bâtiment (en construction comme en rénovation) et d’urbanisme devraient prendre en compte cet effet albédo pour travailler sur l’efficacité énergétique, le confort d’été et la lutte contre les îlots de chaleur.

 

Pour trouver la peinture blanche saine et durable qui correspond à votre bâtiment et votre environnement, n’hésitez pas à prendre conseil auprès d’un professionnel du réseau Nature & Développement.

Crédits Photos : Tom Bragg, David Ward, Astrid Schmid et jmarti20 de Pixabay, Carlos Machado de Pexel et Ömer Haktan Bulut de Unsplash

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