Pour atteindre cet objectif, tout dépend de ce qu’on dénomme “habitat sain”. Il faut donc, préalablement à tout développement, situer ce qui pourrait être considéré comme un habitat sain.

Sain = Santé

C’est une évidence. Il est donc nécessaire de mettre cet objectif en tête, critère N° 1.

Il est désormais admis que ce que nous mangeons a une influence directe sur notre santé. A ce titre, l’obsession était que les aliments soient exempts de tout germe pathogène. Il n’était pas rare que les aliments soient gorgés de bactéricide/conservateur, soient trempés, avant emballage, dans des bains qui laissaient un dépôt parfois peu recommandable, qu’on a pu pulvériser des insecticides et/ou fongicides sur les fruits ou légumes quelques jours, parfois 24 heures avant leur cueillette. Ce sont désormais des pratiques dénoncées et généralement abandonnées. Pour autant, il y a encore beaucoup de progrès à réaliser dans ces domaines, mais ceci est une autre histoire.

Il nous faut faire le chemin identique pour ce qui concerne l’habitat : arrêter de nous entourer d’éléments ou équipements néfastes.

Le plastique et les perturbateurs endocriniens : les ennemis d’un habitat sain

L’un des plus aberrants est de s’équiper ou d’intégrer dans le bâti des éléments dangereux en cas de montée en température. Parmi ceux-ci, les plus violents sont les polystyrènes et polyuréthanes. On pourrait y rajouter nombre de plastiques divers, dont certains connus pour leur capacité de perturbateur endocrinien. Ils sont souvent présents dans l’habitat pour 2 emplois différents. D’une part, pour l’ameublement, les équipements, d’autre part, sous la forme de matériaux constructifs, particulièrement les isolants. Ils sont présents dans les coussins, dans les canapés et dans les réfrigérateurs et les congélateurs. Ils sont efficaces, ils sont peu chers et souvent faciles à mettre en œuvre. Il est donc compréhensible qu’ils soient plébiscités. C’est malheureusement très dommageable au plan environnemental général..

En cas d’incendie, ces matériaux laissent émaner des vapeurs toxiques. Les industriels les ignifugent, ce qui consiste à ajouter un ou des composants, dits ignifugeants, lors de leur fabrication. Fort bien, mais pour quel gain ? Certes, ils s’enflamment moins vite, mais a-t-on ainsi éliminé les risques d’asphyxie ? Hélas non ! Sous l’effet de la pyrolyse (INRS : pdf), aux mêmes températures (en tant que matériau exposé à une source externe de chaleur ou en tant que combustible), ils laissent émaner les mêmes éléments toxiques. A noter que, parfois, les vapeurs de l’ignifugeant sont pires que les vapeurs des produits qu’on cherche à ignifuger. Parfois ces ignifugeants laissent d’ailleurs émaner des vapeurs toxiques à des températures beaucoup plus basses.

Un des ignifugeants les plus utilisés jusqu’à récemment, particulièrement dans les polystyrènes, est à base de brome et sa fiche de données sanitaires INRS (pdf) est très édifiante ! C’est un élément classé perturbateur endocrinien et il a fait l’objet des 1ères restrictions d’usage en  2010, donc très récemment. En cas de présence de ces éléments, l’installation de détecteurs de fumées est absolument nécessaire.

Alors, ces éléments permettent-ils de vivre dans un habitat sain ? Non !

L’électricité peut agir sur un environnement sain

L’électricité est aussi source de perturbations en générant des champs électriques et/ou électrostatiques. La solution ultime est d’utiliser des conduits ou câbles blindés. Le coût peut être rédhibitoire. Des solutions alternatives sont possibles :

  • Il est possible de réduire les champs des câblages en vrillant les fils en charge du neutre et de la phase entre eux. Ainsi ils annulent leurs charges respectives.
  • Il est possible aussi d’équiper chaque circuit d’un Interrupteur Automatique de Champ (IAC). Ce dispositif détecte l’absence d’utilisation d’un circuit et le met instantanément hors d’alimentation. Un IAC remet sous tension d’exploitation normale dès la moindre sollicitation du circuit pour l’alimentation d’un appareil. Ce système ne protège pas en tout temps mais limite les désagréments.
  • Une précaution consiste aussi à ne pas former une boucle fermée avec un circuit, ce qui créerait un champ magnétique sous l’effet de l’induction magnétique (pdf) ainsi générée.

L’implantation proche d’une ligne électrique est aussi une source d’exposition à des champs loin d’être anodins. Une bonne précaution est de s’assurer d’un recul minimal de 1 mètre par tranche de 1000 volts. Il est bon de rappeler à quel point des champs subtils peuvent agir sur la santé ou le moral. Dans ce domaine et quelques autres la géobiologie peut être d’un précieux secours.

L’eau en bouteille : plus saine que l’eau « potable » ?

La plupart des eaux distribuées dans les réseaux ont été traitées par filtration (on peut aller jusqu’à l’osmose inverse), par exposition à des rayonnements, par désinfection via du chlore et encore quelques autres procédés. Ces eaux sont dites “potables”. Dans la définition sanitaire, ceci signifie qu’elles sont consommables sans risque sanitaire particulier. Selon le dictionnaire Larousse, dans la terminologie populaire, potable signifie : “dont on peut s’en contenter”. Dit autrement : “s’il n’y a pas mieux, ça va, on fait avec”.

Pour la toilette corporelle, pour la vaisselle, pour la lessive, pour laver les légumes, voire pour la cuisson, ces eaux d’adduction conviennent parfaitement. Certains, pour des raisons de goût (souvent, de chlore), ou d’autres encore, souhaitent ne pas les utiliser pour la consommation. Partant de là, ils se tournent vers l’achat d’eau embouteillée. Malheureusement, le plus souvent, il s’agit d’eau commercialisée dans des récipients en plastique. Ces conditionnements ont bien sûr un impact environnemental général, même les bouteilles dites recyclable. Sauf qu’on ne sait pas, à ce jour, produire des bouteilles neuves utilisables à nouveau pour contact alimentaire avec des bouteilles usagées. Comme la plupart des recyclages, ceux-ci aboutissent à des productions de moindre qualité et, de toute façon, nécessitent à nouveau de l’énergie pour leur transformation. Donc, oui pour ce type d’eau embouteillée, mais si possible avec des bouteilles en verre consignées.

Récupération de l’eau

De l’eau peut être puisée dans un puits ou d’une source. De même il est possible de récupérer l’eau de pluie des toits. Ces eaux peuvent être utilisées pour arroser le potager, pour alimenter les réservoirs des toilettes ou encore pour laver les véhicules. Par contre leur usage pour la toilette corporelle, la cuisine ou autres destinations avec contact direct doit s’envisager avec précaution. Il faut faire analyser ces eaux avant ces types d’usage. Cette opération devra être renouvelée assez régulièrement. En cas de doute, la solution la plus simple pour une utilisation régulière (hors consommation en tant que boisson ou intégrée dans des aliments) est l’osmose inverse.

Pour ceux qui envisagent de la consommer, l’eau doit répondre à divers critères (décret du 20 décembre 2001). Au-delà du volet réglementaire, il est nécessaire d’être vigilant car, à la moindre contamination, c’est l’ensemble de ceux qui vivent en ce lieu qui va être touché !

Un habitat sain, un terrain sain, de la nourriture saine

Après l’air et l’eau, le 3ème besoin primaire est la nécessité de manger, donc la nourriture.

Le pire serait d’avoir construit ou rénové écologiquement et, disposant d’un terrain, le consacrer à du gazon et … le tondre toutes les semaines. La pertinence, dans le domaine de l’habitat écologique, c’est d’aller vers toutes les voies possibles. Il y aurait un paradoxe à choisir un terrain judicieusement, à construire de façon respectueuse de l’environnement et, en parallèle, produire des fruits ou des légumes qui, eux, ne seraient pas exempts de traitements chimiques … ou autres pas plus recommandables.

Les productions les plus rustiques, faites à partir de plantes, variétés ou essences indigènes sont celles qui, a priori, devraient poser le moins de problème. L’arborisation en vue de créer un verger répond aux mêmes critères en ce qui concerne les variétés indigènes.

Les meilleurs alliés du jardinier amateur sont les plantes et/ou les animaux dits “auxiliaires”. La plantation ou la conservation de haies bocagères avec des essences indigènes variées sera propice au développement ou à la survie d’espèces.

Le renouvellement d’air, l’allié d’un habitat sain

Ce sujet mériterait, à lui seul, un chapitre, peut-être même un livre entier, et pas que sur la technique, mais bien sur la fonction, le besoin impérieux de renouveler l’air.

Qu’il s’agisse d’une construction neuve ou de l’achat d’une maison ancienne, les modes de vie et d’exploitation, eux, sont les mêmes et ce ne sont pas les fuites d’air résiduelles, probablement plus importantes dans l’ancien, qui suffiront à gérer le renouvellement d’air.

Divers articles abordent ce sujet.

Néanmoins et sommairement, pourquoi faut-il renouveler l’air dans une maison ?

  • Pour éliminer les divers COV (Composés Organiques Volatiles). Le simple classement COV A+ ne signifie pas grand chose. On ne recherche que 10 COV parmi plus de 100 existants. On ne recherche pas les CIOV (Composés Inorganiques,Volatiles). Ces derniers ne sont pas classés parmi les organiques. Pour ce faire, il faudrait qu’ils contiennent au moins une molécule de carbone. L’ammoniac, par exemple, loin d’être inoffensif, n’en contient pas et n’est donc pas concerné par le classement COV.
  • Pour gérer la teneur en eau. Chose plus connue, le renouvellement d’air est aussi nécessaire pour la gestion de la vapeur d’eau. Nous avons déjà rédigé plusieurs articles ici, qui expliquent en quoi la teneur en eau de l’air ambiant a une influence très importante pour la vie du bâti et pour le ressenti de confort de ses occupants. D’autres expliquent d’où vient cette humidité et, enfin, d’autres encore détaillent comment réguler le taux d’humidité relative de l’air intérieur, gage de confort et de salubrité. Nous générons beaucoup de vapeur d’eau dans nos habitats, beaucoup plus qu’autrefois pour diverses raisons.

L’évolution de nos modes de vie

  • A la fin du XIXème siècle, début du XXème, les gens vivaient plus de 60% du temps à l’extérieur. Aujourd’hui, ils passent environ 70% de leur temps à l’intérieur.
  • Avant, chacun faisait une mini-toilette quotidienne. Aujourd’hui, chacun, ou quasiment chacun, prend une douche quotidienne et, qui plus est, avec de l’eau chaude, voire très chaude.
  • Là où on cuisinait sur le feu, en lien direct avec le conduit de cheminée, donc évacuation directe de la vapeur, on cuisine aujourd’hui dans des habitats fermés. Nous avons éradiqués les hottes d’extraction au profit de hottes à recyclage. Ceci ne permet aucune action sur l’évacuation de la vapeur d’eau.
  • Le linge est lavé en intérieur, on l’y fait parfois sécher. Autrefois, les vêtements étant “changés” beaucoup plus souvent et rapidement.
  • On repasse également beaucoup plus, souvent avec des centrales vapeur, émettrices directes de vapeur d’eau.
  • On chauffe beaucoup plus donc on favorise l’augmentation d’eau en valeur absolue.
  • Nos habitats (et c’est bien ainsi) sont de plus en plus étanches aux fuites d’air avec l’extérieur.
  • Beaucoup de matériaux récents sont peu voire pas perspirants.

Ré-équilibrer la teneur en eau

Pour ré-équilibrer la teneur en eau de l’air ambiant, gage de salubrité de l’habitat, de pérennité des ouvrages et de confort des occupants, il faut renouveler l’air ambiant. Le plus souvent il est fait appel à un système mécanique de renouvellement d’air. A ceux qui pensent qu’il suffirait de ne rien faire ou, simplement, d’ouvrir ses fenêtres, nous conseillons au moins un article dédié à ce sujet.

Si une seule modification d’un habitat ancien devait être envisagée pour sa remise à niveau au plan énergétique, si on prend en compte la globalité des besoins de la maison, des occupants et des risques pris, il faudrait opter pour le renouvellement d’air, ceci du fait de nos changements de mode de vie.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur l’habitat sain, je vous invite à consulter mes ouvrages « Maison écologique, construire ou rénover » ainsi que celui traitant du confort “Les clés du confort thermique écologique”, édités chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »

Crédit photo : Couverture No-longer-here Pixabay

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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