Après la critique du RGE, nos propositions

Tout particulier qui souhaite faire réaliser des travaux d’amélioration énergétique dans un habitat ancien, qu’il soit propriétaire ou locataire du bien en question peut bénéficier d’aides diverses. Une des conditions d’éligibilité à ces aides est que les travaux soient réalisés par une entreprise dite “RGE

Dans notre article intitulé « RGE dites-vous ?« , nous analysions ce qu’est le signe de qualité “Reconnu Grenelle de l’Environnement”.

Nous y avons abordé l’historique de cette reconnaissance RGE, les objectifs recherchés, les moyens mis en œuvre, les compétences reconnues, les ouvertures et contraintes pour les détenteurs de ce sésame et, aussi, les carences constatées.

Nous y soumettions d’être force de proposition, c’est ce que nous allons nous attacher à développer dans cet article.

 

Rappel des points importants évoqués dans cet article antérieur

Cette démarche s’inscrit dans la continuité française du Grenelle de l’environnement et internationale des accords dits “Protocole de Kyoto”.

Elle vise à faire reconnaître le niveau compétence des opérateurs dans le secteur de l’amélioration des performances énergétiques du bâti ancien.

Formation ?

Bien que beaucoup d’acteurs disent “Nous sommes agréés”, il ne s’agit pas d’un agrément mais d’une reconnaissance de compétences.

Processus de l’établissement de la reconnaissance de compétence

Attribuée après un stage de 3 jours, composé de 2,5 jours de présentation des points à prendre en compte, des solutions possibles d’amélioration et de présentation de moteurs de calculs permettant d’évaluer le niveau possible du gain après travaux. Le 3ème jour, un contrôle sous forme de QCM permet, si 30 bonnes réponses sur 35 posées, de reconnaître le participant compétent.

Qui sont les candidats possibles ?

Tous les acteurs impliqués par les travaux nécessaires à l’amélioration énergétique, qu’ils soient des intervenants en amont des travaux (Bureaux d’Etude, artisans, logisticiens, thermiciens, chargés d’affaire, commerciaux, ouvriers sur le chantier …)

Compétences requises pour accès au stage

Aucune compétence particulière si ce n’est d’être professionnel dans une des activités citées ci-dessus.

Culture du bâti ancien

Aucune compétence particulière n’est requise.

Quelles obligations et contrôles à posteriori ?

La reconnaissance est accordée pour 4 ans avec pour seule obligation pour reconduite, d’avoir réalisé au moins 2 chantiers et de s’être soumis à un audit.

Peut-on se fier à ces “reconnaissances” RGE ?

Un particulier qui aurait des besoins peut-il faire confiance, aveuglément, à une entreprise qui se revendique RGE ?

Synthèse de notre 1er article sur le RGE

Nous y avons rapporté des constats et développé des analyses que nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir.

Pour rappel et en résumé : si le signe de qualité “RGE” part d’un bon sentiment, nous avons relevé des carences, des faiblesses et des déviances qui, après la critique, nous ont incités à être force de proposition.

 

Nos préconisations :

Avec le recul des années écoulées sous l’égide de la réglementation actuelle, du fait de nos connaissances propres dans le bâtiment, de notre expérience dans ce domaine spécifique de la performance énergétique, de notre passé d’intervenant sur chantier, de notre passé de formateur, de divers commentaires constatés sur les réseaux sociaux, dont Facebook via des groupes proches de ces problématiques, et  des retours des lecteurs qui nous suivent ici, nous souhaitons faire quelques propositions.

 

Intervention d’un professionnel compétent et indépendant

Il est très difficile à un intervenant consulté, s’il est lui-même futur intervenant, de se mettre en recul pour analyser les besoins réels d’un bâti, hors sa spécialité à lui.

Ce risque est lié, d’une part, à ses plus grandes connaissances dans son domaine et aussi, du fait de sa nature humaine, il aura probablement une tendance naturelle à penser d’abord aux besoins de vendre ce qui lui permettra de faire vivre son entreprise.

L’intervention d’un “généraliste” indépendant tel qu’un maître d’œuvre, un(e) architecte, un(e) thermicien(ne), un(e) spécialiste des bâti anciens permettrait d’éviter tous ces écueils.

L’idéal serait de trouver un peu de chacun(e) dans un(e) seul(e) intervenant(e)  mais c’est peut-être mettre la barre un peu haut !

 

Formation de ces “Analystes”

La France présente la particularité d’être soumise, selon les régions, à des contraintes climatiques différentes (climats océanique, méditerranéen, continental, de montagne …).

Les matériaux mis en œuvre sont très variés : on n’aborde pas de la même façon des murs en pisé ou des murs en béton.

Diverses techniques constructives y sont pratiquées, chacune avec ses contraintes ou avantages propres : une charpente “fermette” est très différente d’une charpente traditionnelle.

L’architecture elle même engendre des prises en comptes différentes : on n’améliore pas thermiquement une maison “de bourg”, mitoyenne, de la même façon qu’une maison individuelle de plain pied, à combles perdus ou un immeuble Haussmannien).

Attendu que les connaissances de ces nouveaux intervenants seraient nécessairement très transversales, du fait des variantes évoquées ci-dessus, si des formations apportant les capacités adéquate existent, très bien, mettons les à contribution et formons ces nouveaux professionnels en grand nombre  (les besoins sont immenses).

 

Si elles n’existent pas, lançons les au plus vite.

 

Des exemples de formations ont fait leurs preuves, une en particulier à laquelle il m’a été donné de participer, formation proposée par l’ASDER. Peut-être faudra t-il adapter ces formations  aux besoins spécifiques développés ci-avant ?  Ce qui nous rassure, c’est que les bases existent !

 

Et pourquoi ne pas faire appel aux forces déjà en place : les architectes, les Maîtres d’œuvre, les Thermiciens, divers Bureaux d’études ?

Tout simplement car si ces professions sont proches de certains besoins, si ces professionnels disposent déjà, chacun dans son domaine, d’une partie des compétences, ils ne nous semblent pas disposer du panel total nécessaire pour prescrire au mieux les solutions propres à atteindre le niveau de performance thermique le meilleur possible pour chacun des bâtis anciens à améliorer. A moins qu’ils aient suivi ou pratiqué les formations sus-nommées.

 

Encadrement des travaux

Puisque QUALIBAT existe, pourquoi ne pas lui déléguer le travail de suivi, d’accompagnement et de contrôle de la qualité des interventions, tant d’analyse, de prescription que de réalisation ?

 

Bénéfices potentiels d’une telle organisation

Les travaux préconisés seraient vraiment ceux qui répondent le plus aux besoins réels.

Nous avons ainsi vu, par exemple, des changements de chaudière opérés sans intervention préalable sur l’enveloppe. Produire beaucoup de calories avec du bois au lieu de fuel n’est pas, fondamentalement, un très grand pas en avant, ce qui le serait, (le sera ?) consisterait plutôt, préalablement, à réduire les fuites de calories en améliorant l’isolation de l’enveloppe.

Que penser également du fait que le changement de menuiseries représente, peu ou prou, 50% des CITE (Crédit d’Impôt pour la Transition Energétique) alors même que les fuites auxquelles elles s’attaquent ne représentent, elles, que 20% des fuites totales des maisons ?

Voilà des exemples dérives qui pourraient être évitées.

 

Cas des passoires énergétiques

Et si nous en profitions pour mettre l’accent sur tous les bâtiments vendus ou loués et qui, lors des DPE, affichent royalement un magnifique classement E sans que celui ne déclenche aucune action contraignante. Une aide significative ne pourrait-elle être envisagée, accompagnée d’une obligation de travaux ?

Une aide qui pourrait aller jusqu’à 80, 90% du montant des travaux, on voit bien des opérations quasi gratuites proposées ici ou là, nous pensons aux isolations de combles à 1€ au sujet desquels nous avons commis un article ici.

Et en attendant que ces propositions portent leurs fruits … sait-on jamais !

 

Notre conseil : si vous pensez que votre maison nécessite des travaux d’amélioration énergétique, faites le préalablement confirmer par un professionnel indépendant tel qu’un architecte, un maître d’oeuvre, un thermicien, un professionnel de votre connaissance en qui vous avez confiance, et/ou faites appel à l’Espace Info Energie de votre département.

Lorsque vous déciderez de réaliser vos travaux, renseignez vous bien sur l’entreprise, demandez plusieurs devis et, surtout, prenez le temps de la réflexion.

Claude Lefrançois
Dans le bâtiment, par passion, depuis presque 40 ans, Ancien charpentier, ancien artisan, ancien constructeur de Maisons à Ossature Bois, ancien maitre d'œuvre, Ancien et encore formateur à l'isolation bio-sourcée, • Titulaire d'un brevet de construction de MOB en kit, Conférencier dans plusieurs domaines liés à l'éco-construction, l'éco-isolation, Youtubeur via des vidéos sur, dans un premier temps, l'isolation et l'efficacité énergétique et, parce qu'il faut aller plus loin, futurement, plus largement, le bâtiment responsable et pertinent, Initiateur et administrateur d'un groupe sur Facebook : Rénovation pertinente » . Pour ceux qui souhaiteraient plus d'informations : Soigner l'habitat

14 réflexions sur “Après la critique du RGE, nos propositions

  1. La première des critiques à formuler pour le RGE est qu’on a voulu placer les artisans en positions d’experts thermiques. Ce n’est ni leur rôle ni leur envie. Le logiciel qu’on les a contraint d’acheter pour faire des simulations thermiques et proposer des travaux n’est qu’indicatif, il ne leur permet pas d’engager des garantis de résultats, pire en cas de problème l’argument n’est pas recevable juridiquement. Il vaudrait mieux les former à l’approche globale d’un bâtiment. Leur expliquer l’intérêt de faire une expertise thermique qui elle va engager des garantis de résultats. Elle va également permettre de dégager la problématique du bâtiment. Ensuite les connaissances des produits et façons de travailler de l’artisans lui permettront de mettre en oeuvre les bonnes réponse. Un travail d’équipe pour répondre à des besoins clairement identifiés. La formation devrait également les inciter à se regrouper (charpentier, électricien, chauffagiste, maçon) pour pouvoir proposer une offre globale. De cette façon, quelques soient les propositions de l’expertise thermique ils pourront toujours y répondre. La formation RGE devrait être une formation et une incitation à travailler autrement, à travailler ensemble pour atteindre la performance énergétique.

      • Bonjour Jean-Pierre,
        Merci de vos contributions à la discussion sur et autour de ce qu’est le RGE, nous pense que, là-dessus, nous sommes d’accord. L’état actuel des solutions proposées, malheureusement, et si rien n’es changé, risque fort de faire que ce sujet en tant que situation globale dans le bâti ancien continue encore longtemps à demeurer une source de problèmes !
        C’est donc avec un grand intérêt que nous avons lu votre développement.
        Nous pensons, comme vous, que ce qui est proposé aujourd’hui n’amène pas et n’amènera pas aux résultats dignes du défi à relever. Nous proposons une sorte d’homme orchestre qui ne serait certainement ni un architecte ni un maître d’œuvre ni un thermicien ni qui que ce soit d’autre exerçant une activité aujourd’hui institutionnalisée. Nous pensons en effet qu’aucun des acteurs, au sens de l’exercice pratiqué aujourd’hui par la majorité des œuvrants ou sachants dans chacune des spécialités évoquées n’a la connaissance suffisante pour appréhender la problématique globalement, ce qui nous semble une absolue nécessité. C’est bien pourquoi nous proposons une formation longue de professionnels disposant déjà de pré-requis (pourquoi pas aussi des thermiciens), ceci afin de faire émerger cette nouvelle compétence d’homme orchestre.
        C’est une vision possible. Vous en avez une autre qui est de travailler en équipe pluridisciplinaire. Cette proposition est, pour le moins, pertinente car elle présente l’avantage de faire appel à des professions qui existent et pratiquent déjà. Cependant, à nos yeux, il nous semble difficile de faire ainsi intervenir une pluri-compétence avec l’intervention, de fait, de plusieurs acteurs sans considérablement ralentir le processus et en augmenter le cout.
        Par ailleurs, et s’il est vrai que les artisans ne sont pas des thermiciens, il est tout aussi vrai que les thermiciens ne sont pas, par formation en tout cas, des connaisseurs de la nature des bâtis anciens, lesquels nécessitent souvent des précautions particulières en terme de nature de matériaux ou techniques au cours des interventions à venir, aux fins certes d’atteindre des performances ciblées mais ce, sans attenter aux matériaux et aux techniques auxquels il a pu être fait lors de leur édification.
        Nous sommes, Build Green, ouverts et même demandeurs d’échanges sur ce sujet comme sur bien d’autres et c’est pourquoi moi, Claude lefrançois, en son nom et en tant que rédacteur, j’accepte bien volontiers d’en discuter avec vous ou d’autres.
        Ce sujet est beaucoup trop grave, important et impactant pour que quiconque se l’attribue et considère, à soi seul, détenir la vérité.

    • Pour votre information, les formations FEEBAT (nécessaire pour RGE) sont justement faites pour donner une approche globale de la problématique.
      Deuxième erreur de votre part, seule la qualification Eco artisan oblige (obligeait devrais je dire) à avoir un logiciel d’évaluation thermique. Le but n’étant pas de faire une étude thermique, mais d’avoir les arguments pour convaincre le particulier de se lancer dans l’approche globale des économies d’énergie.
      Pour ce qui est du travail pluridisciplinaire, la Capeb à créer la marque Eco rénovation en même temps que la marque Eco artisan pour, justement, promouvoir le travail en équipe.
      Les formations FEEBAT sont justement une incitation à travailler autrement.
      On peut se lamenter sur la lenteur de la mutation des entreprises, mais sans le RGE il n’y aurai eue aucune avancée sur ce terrain. Aujourd’hui il y près de 100 000 entreprises qui se sont formées (sommairement j’en convient) et c’est déjà un énorme pas en avant.
      On peut toujours voir le verre à moitié vide, il reste en core du boulot à faire, je préfère personnellement le voir à moitié plein et continuer à avancer dans ce domaine.
      Pour ce qui est du bâtit ancien, mais qu’est ce que le bâtit ancien, il y a effectivement du travail.
      Les particuliers sont aussi fortement en faute sur ce sujet. poussés par la lecture assidue de beaucoup de conneries sur internet, ils pensent aujourd’hui en savoir plus que les entreprises qu’ils ont face d’eux et accumulent, régulièrement, erreurs sur erreurs. Il faut avouer qu’ils sont bien aidés en ça par les marchants de foire de tout bord (photovoltaïque) et isolation à 1€ en tête.
      Thierry Touzard Eco artisan de la première heur (2008) et artisan électricien attaché au label RGE, même si des améliorations sont forcement à apporter

      • Bo,soir Monsieur TOUZARD,
        Merci pour votre participation au débat.
        Nous sommes d’accord que quelques pistes ont été ouvertes pour aller vers un travail pluridisciplinaire, mais ne serait-ce pas un arbre qui cacherait une forêt ?
        Combien d’artisans se sont-ils formés, sérieusement (pas les 3 jours du RGE …) pour pouvoir prétendre à une capacité à aborder objectivement une approche globale propre à permettre des préconisations éclairées du traitement de la globalité des carences.
        Il est déjà difficile, pour chacun, dans sa spécialité, d’être à la pointe des connaissances et des savoir-faire, il semble peu probable qu’ils soient nombreux en capacité de jouer les hommes-orchestres.
        Nous apprécions tout à fait les efforts faits par certaines organisations professionnelles, la CAPEB entre autres,
        Cependant, puisqu’ici nous abordons le RGE, lequel ouvre le droit à chacun qui l’est reconnu, d’opérer, du fait de très nombreux constats de préconisations et réalisations soit peu adaptées, soit très mal mises en œuvre, il nous semble important de proposer des pistes propres à améliorer les choses et, disons le, empêcher certains de continuer leurs actions plus commerciales que techniques.
        Certes les particuliers pourraient, devraient, être plus prudents, mais comment pourraient-ils savoir si leur interlocuteur est compétent ?
        C’st là la limite de ce qui existe à ce jour.

        D’où notre proposition de former un intervenant totalement indépendant et dont le savoir aura été sanctionné par un véritable examen, pas un QCM tel que c’est pratiqué aujourd’hui.
        Cette piste n’est, bien sûr, pas unique, c’en est une.
        La pluridisciplinarité en est une autre, tant mieux, mais celui ou celle qui en sera le moteur, car moteur toujours il y a, devra être suffisamment compétent, y compris sur ce qui ne relève pas de sa spécialité. Si ses préconisations sont erronées, elles devront être opposables devant les tribunaux.

      • Il n’y a pas que Claude qui critique le RGE.
        Un rapport de l’Etat sur le RGE a été finalisé en aout 2017, mais publié seulement en mars 2018 (bonjour la transparence !). Ce rapport est sévère sur le bilan désastreux de ce dispositif.
        http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/184000105/index.shtml
        Particulièrement sur le fait qu’il est discriminant pour les petites entreprises (il favorise donc les multinationales du bâtiment les plus vénales).
        Citation: « Le dispositif RGE laisse toutefois de côté les toutes petites entreprises entre zéro et deux salariés », selon le Résumé page 4/80.
        Etonnant donc que la CAPEB défende un dispositif inefficace, couteux pour la collectivité et qui « laisse sur le côté les toutes petites entreprises ». Il faudra m’expliquer la logique???

        A mon avis, comme celui du rapport qui l’énonce clairement:
        « 3.6. Les particuliers insuffisamment accompagnés dans un environnement peu lisible. »
        l’éco conditionalité a été détournée par les lobbies de ses objectifs de départ.
        Ils en ont fait une machine à éliminer les entreprises les plus faibles et les plus vertueuses sous prétexte de garantir une qualité de résultat (publicité mensongère de Qualibat dans laquelle plusieurs clients crédules sont tombés avec beaucoup d’amertume).
        Puisque l’aide est attribuée au projet du client, c’est ce projet et sa réalisation qu’il faut auditer pour bien gérer les finances publiques, pas les entreprises. C’est le client qui doit remplir le QCM si il veut investir sans les conseils d’un professionnel de la maitrise d’oeuvre, pas l’entreprise.
        De même les MOCC devraient être utile au client qui veut être un bon acheteur avisé.
        En effet un client avisé ne fera jamais travailler une mauvaise entreprise, tous les artisans le savent. De plus tous les spécialistes de la transition écologique le démontrent, notre salut ne viendra pas d’en haut, mais d’une population motivée et bien informée. Si on avait investi sur les porteurs de projet tous les frais engloutis par le RGE soit 500 millions par ans environ, il y aurait eu un résultat bien plus probant, y compris dans la formation des artisans qui auraient ressentis le besoin d’être à la hauteur des exigences de la clientèle, elle même sous l’exigeante pression d’une administration technique, agile et astucieuse, ce que n’est sans doute pas les qualités de l’ADEME, Qualibat, FFB et CAPEB tous co-responsables de ce désastre.

        Le dispositif pernicieux du RGE n’est pas le seul chef d’œuvre de ce cartel du bâtiment.
        On peut se rappeler les scandaleux blocages du CSTB contre la ouate par exemple, qui a été épinglé par la justice et les contrôles parlementaires (Claude Lefrançois connait bien tout cela).
        On peut constater aussi que la presse scientifique à comité de lecture ne publie jamais d’article sur la thermique du bâtiment, car cette recherche est entièrement aux mains des lobbies et au service d’une théorie officielle complètement biaisée, digne d’une dictature. Pourtant ce sujet pourrait être jugé plus directement utile que l’astronomie par exemple, pour bénéficier d’une vraie recherche indépendante.

        La preuve de l’existence de ce cartel se voit aussi dans la survivance des « caisses de congés payés du bâtiment, qualifiée par Maugard d' »acquis social » alors que la cour des comptes a révélé que ces caisses spolient les salariés de 200 millions par an de congés acquis et payés par les entreprises. La complexité du système permet au cartel d’user et d’abuser les réclamations de salariés trop isolés ou instables. Ce rapport de la cour des comptes dit clairement que l’obligation de cotiser aux caisses n’a plus d’utilité aujourd’hui. Ce à quoi le gouvernement répond qu’ils maintiendront cette contrainte car « c’est « la demande des professionnels ». Alors que cette contrainte est contraire à l’article 11 des conventions européennes des droits de l’homme qui exclu toute obligation d’adhérer à une association, sauf en cas de nécessité. En l’espèce il n’y a pas de nécessité objective, sinon constituer une cagnotte de 6,7 milliards d’Euro au bénéfice du cartel et au détriment de la trésorerie des entreprises. Toutes ces infos sont vérifiables sur 4c-btp.org ainsi que plus d’analyses et de précieux commentaires.

        Tout cela montre bien que FFB et CAPEB sont les bras armés du cartel, ils agissent dans le dos des artisans et contre l’intérêt des citoyens Français.
        Comme au niveau politique national la représentativité de ces artisans est dévoyée par leurs organisations professionnelles, dont les oligarchies monopolisent la parole. Aucun débat contradictoire n’est possible au sein et à la base de ces organisations. Pour le constater, il suffit de regarder leurs organes de presse qui ne diffusent qu’un seul avis, souvent à l’opposé de l’avis majoritaire, lequel serait mieux représenté par les centaines de commentaires que l’on trouve sur cette pétition https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/commentaires.php?id=797
        et qui n’ont jamais pu s’exprimer, pendant les 4 ans du RGE, dans les organisations censées les représenter. Étonnant que ce gros gâchis ne fasse aucune vague. Cautionner ça et se prétendre démocrate est une injure à la rationalité. L’exercice du pouvoir ne repose pas sur le rationnel, il est seulement pragmatique, jusqu’à être de mauvaise foi.

        Thierry Touzard membre de la direction nationale de la CAPEB peut-il se permettre d’être objectif?
        Habituellement les Ecoartisans de la première heure sont dépités par ce qu’est devenu ce « signe » à effet d’aubaine, il en faut bien un qui fasse exception.

        • Bonjour be.fo, merci de votre contribution à la vie de cet article.
          Votre apport est fait au nom du collectif ou association RGE Pas Comme Ça (RGEppc).
          Nous sommes effectivement globalement très proche de vos développements.
          Nous mettons par contre un bémol quand au vécu de l’épisode « sel de bore autorisé/interdit/ré-autorisé dans la ouate de cellulose ».
          En effet, les choses sont rarement aussi simples qu’on le croit ou le voudrait. S’il est vrai, qu’à tout le moins, le cartel que vous citez, savoir ADEME, QUALBAT, Capeb et FFB a, pour le moins peut-être péché par manque d’engagement pour aider à l’émergence de la vérité, il n’est pas non plus, pour nous, possible de laisser dire qu’ils seraient co-responsables de ce désastre.
          Nous pensons (et comme vous le soulignez, nous l’avons vécu, au moins pour moi, le rédacteur, Claude Lefrançois, de très, très prés) que des forces et/ou intérêts, vraisemblablement plus proches de l’industrie (laquelle … ?), sont probablement à la base de ce qu’il faut bien, à ce jour, qualifier de cabale. Nous avons d’ailleurs, à ce sujet de la ouate de cellulose, essayé de faire transparaître des vérités, non pas sur cette triste affaire mais sur la ouate en elle-même via 2 articles, publiés ici même, une version courte : https://www.build-green.fr/la-ouate-de-cellulose-un-isolant-pertinent/ et une version longue : https://www.build-green.fr/tout-savoir-sur-la-ouate-de-cellulose/

          Pour revenir sur le fond, le RGE, il est évident que tel qu’il continue à ce jour, un an après l’écriture de cet article, il est et demeure, à nos yeux en tout cas, non satisfaisant.
          Nous n’espérions pas faire bouger la ligne de conduite des autorités avec nos 2 articles dédiés et n’avons donc pas été déçus !

          Nous le sommes beaucoup plus de la tournure des évènements et de l’avènement d’une Nième entité, « FAIRE », acronyme et mouvement sortis du chapeau d’un ministre nouvellement nommé et dont nous allons, dans les semaines qui viennent, écrire ce que nous en pensons …
          Il semble assez évident que nous reparlerons encore une nouvelle fois du RGE et de son organisme de tutelle, Qualibat. Et malheureusement, sauf à voir des orientations nouvelles émerger très vite, nous craignons fort que le thermomètre n’ait même pas été cassé, tout au plus l’aura-t-on rebaptisé !

        • Merci Claude pour votre recentrage au sujet de la ouate.
          Je m’exprime surtout en mon nom, suivant une longue expérience, qui m’a permis de découvrir des faits malheureusement très peu médiatisés.
          Je n’ai pas à défendre un appareil syndical ou politique. Ma parole est libre et ouverte.
          Effectivement les intérêts industriels dominants pèsent lourds dans les choix pseudo-scientifiques des normes qui réglementent les techniques du bâtiment. Comme ils pèsent lourds dans toutes les « instances » où ces règles se tissent à l’infini, jusqu’à s’empêtrer dans des complications inutiles, mais souvent stratégiques, pour réduire le champ des possibles et nos libertés.
          Ce monde est impitoyable. L’intérêt général des citoyens n’y est pas présent.
          Encore moins celui des plus petits entrepreneurs, qui ne sont pas invités à participer à cette standardisation mal éclairée. Le pouvoir est monopolisé par les plus puissants, qui intègrent des nouveaux venus dans leur club, qu’en fonction d’une franche adhésion envers leur dogme. Certains, issus de la base, y accèdent en jouant des coudes et des compromissions morales, en toute connaissance de cause. D’autres plus honnêtes et grisés par l’ascension, ne savent voir dans les réalités, même les plus sombres, que des nécessités positives.
          Thierry Touzard fréquente beaucoup ce monde là, avec vigueur et enthousiasme, il pourra sans doute répondre dans le détail à nos perplexités, ou les alimenter. Merci d’avance.

          • Merci be.fo de ce complément.
            Nous veillerons, effectivement, à apporter ce qui nous semble essentiel : le bien des maisons, des occupants, de la planète, que les travaux se fassent dans de bonnes conditions, bien prescrits car faisant suite à une bonne analyse en amont, bien réalisés par des artisans disposant du bon savoir-faire et … si les industriels y gagnent leur vie tout en contribuant à ce qui précède, ce sera bien, mais il est évident que ça ne doit pas être le moteur unique.

  2. Bonjour,
    Dans un processus de rénovation performant, chacun doit être à sa place. L’équipe gagnante est Thermicien/ Architecte ou maître d’oeuvre/ Entreprise/ expert en financement.
    Je ne crois pas au fait de mettre le maître d’oeuvre ou l’architecte en position de sachant concernant les solutions thermiques, ils ne sont pas formés à ça. Quand je rencontre de jeunes architectes et que l’on parle de maison d’aujourd’hui et de sa problématique inversée par rapport à il y a 10 ans, ils découvrent. Beaucoup me disent « Pourquoi on n’a pas de formation dans ce domaine ? ». Si on veut être cohérent et surtout garantir l’atteinte d’une performance, il faut impérativement passer par une expertise de départ objective, précise et qui s’engage sur les résultats à atteindre. Ce n’est pas le travail du maître d’oeuvre ou de l’architecte. On a ce problème en France que tout le monde voudrait tout faire, alors qu’on doit aller vers une équipe pluridisciplinaire. Le thermicien réalise l’expertise de départ, il met en évidence les défauts de l’habitation et les quantifie. En fonction de cette expertise, il détermine les travaux nécessaires à l’atteinte des objectifs ( définies avec le maître d’ouvrage et éventuellement le MOE ou l’architecte), l’architecte met ces travaux en adéquation avec l’état du bâtiment (esthétique, pathologies, contraintes diverses….). Le maître d’oeuvre choisit les entreprises, organise le chantier et vérifie la bonne mise en oeuvre. Le diagnostiqueur intervient en fin de chantier pour valider la nouvelle performance. Voilà le schéma général de la meilleure façon d’éradiquer efficacement les passoires thermiques. Vouloir mettre les architectes et les maîtres d’oeuvre en position de thermicien est une erreur, ils n’en ont pas les outils ni les assurances et encore moins les qualifications ( je ne les dénigre pas bien au contraire, je veux les valoriser dans ce qu’ils savent le mieux faire). Si Claude François est intéressé je suis tout disposé à échanger avec lui sur ce sujet. Ce sont des propositions que nous sommes en train de mettre sur le marché avec une nouvelle approche de la rénovation. Une approche globale qui permet de garantir les résultats des travaux proposés et de financer les travaux à pourvoir d’achat constants. A votre disposition. J-Pierre

  3. Globalement d’accord avec Claude mais désolé d’insister sur une erreur récurrente : « Notre conseil : si vous pensez que votre maison nécessite des travaux d’amélioration énergétique, faites le préalablement confirmer par un professionnel indépendant tel qu’un architecte, un maître d’oeuvre, un thermicien, » . Non ! Un maître d’oeuvre ou un architecte ne sont pas à même d’apporter les solutions thermiques à un bâtiment. A moins que eux-mêmes travaillent avec un Thermicien. Il y a des Bureaux d’Etudes Thermiques qui travaillent directement avec des particuliers (nous en sommes un). L’expertise thermique pour apporter les bonnes solutions et GARANTIR les résultats ne peut être réalisée QUE par un BET certifié utilisant des outils réglementaires et recevables juridiquement. Ce BET ne doit vendre ni matériel ni énergie et ne doit pas être lié avec un fournisseur quelconque pour garantir l’objectivité des solutions proposées. J’en profite pour préciser que les logiciels utilisés par les points info-énergie, l’Anah … sont basés sur le moteur de calcul du DPE. Ils ne sont pas réglementaires et leurs résultats ne sont en aucun cas garantis.

  4. Le dispositif RGE a selon moi deux défauts majeurs pour le client et un pour les artisans.
    Pour le client, comme c’est évoqué, il y a le manque d’indépendance, voir de compétence des artisans et deuxième problème l’absence de contrôle de la qualité des travaux..
    Pour l’artisan, particulièrement le petit artisan, le coût excessif de qualibat.
    Il me parait plus transparent de mettre intégralement le coût des audits et contrôles à charge du client, quitte à ce qu’il soit subventionné.Ensuite, les artisans ayant des diplômes professionnels suffisants sont supposés compétents. Pour rassurer les clients, il pourrait leur être demandé de faire état (la forme reste à déterminer) des résultats des rapports de contrôle.
    Enfin, pour l’habitat ancien, je pense qu’il doit être du ressort des spécialistes, il ne me parait pas efficace de former tous les architectes ou thermiciens.

    • Bonjour Monsieur RIDEAU et merci de votre contribution. Nous constatons que ce sujet du RGE est vraiment pris à cœur et suscite de nombreuses propositions. Nous sommes d’accord sur le fait qu’il ne serait pas pertinent de former tous les architectes ou thermiciens à cette compétence que nombre appellent d leurs vœux. Ce ne serait ni pertinent ni juste et, probablement qu’en plus, de nombreux de ces acteurs ne le souhaitent pas. C’est pourquoi nous proposons de faire émerger cet homme orchestre et, probablement, nous aurions dû élargir le panel de pré-requis plus largement. Nous reviendrons donc sur ce point et apportons les correctifs qui nous semblent nécessaire.

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