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Le pouvoir de la chaux

Depuis la nuit des temps, la chaux protège nos foyers et préserve notre santé. S’il est impossible de connaître précisément la date de sa découverte, nos historiens s’accordent à dire que les peuples de Jordanie l’utilisaient déjà en – 7 500 ans avant J.-C pour fabriquer un enduit destiné à recouvrir murs et sols. 

Aujourd’hui encore, l’enduit à la chaux est l’incontournable allié de la rénovation et de l’écoconstruction. En plus de comporter de nombreuses vertus, la chaux est une ressource naturelle abondante. Celle-ci n’a rien à envier à son rival, le béton. La grande solidité de ce dernier ne parvient pas à faire oublier l’impact catastrophique qu’il génère sur l’environnement. 

Les origines de la chaux

C’est dans les fonds marins que tout a commencé, il y a plus de 3 milliards d’années. Les déchets des coraux, des coquillages et des algues produisent du carbonate de calcium. Le mouvement des vagues et les intempéries (vent, ouragans, etc.) réduisent ces dépôts à l’état de sable. Au fil du temps, après plusieurs millions d’années, les sédiments se transforment en roche calcaire. Le carbonate de calcium est présent aux quatre coins du globe, dispersé par les courants marins. Cette ressource est aujourd’hui presque inépuisable.

La chaux provient de l’extraction de cette roche calcaire, généralement enfouie à une vingtaine de mètres sous terre, parfois moins. À cette profondeur, le calcaire est enrichi de silice, d’oxyde de fer et d’autres minerais. La chaux est ensuite lavée et concassée avant d’être calcinée.

La chaux vive

Les morceaux de calcaire sont envoyés dans des fours rotatifs ou verticaux pour être brûlés à une température d’environ 800 à 1 000 degrés. On obtient ainsi de la chaux vive. Cette dernière à la faculté de modifier le pH de la terre. Elle s’utilise principalement en agriculture. On s’en sert également en milieu humide pour stabiliser ou déshydrater le sol avant de réaliser les fondations d’un bâtiment ou encore pour le soubassement des chemins.

La chaux hydratée

En refroidissant de la chaux vive avec de l’eau, on obtient de la chaux hydratée. Celle-ci permet de fabriquer un liant de grande qualité apprécié pour sa respirabilité et utilisé principalement dans le domaine du bâtiment. En principe, il faut attendre 7 à 8 ans pour disposer d’une chaux parfaitement « éteinte ». C’est un produit à manipuler avec prudence, car très caustique (brûle la peau). La chaux hydratée durcit au contact avec le CO2 de l’air, c’est que l’on appelle la « carbonatation ». 

Le lait de chaux

Le lait de chaux s’obtient en mélangeant de l’eau avec de la chaux vive ou hydratée. Celui-ci sert, entre autres, à produire une peinture naturelle protectrice que l’on peut badigeonner sur les murs anciens ou qui peut servir d’enduit. Le lait de chaux s’utilise surtout en intérieur. C’est un produit perméable à la vapeur d’eau et exempt de tous solvants toxiques ou de COV (Composés Organiques Volatifs). 

Chateau-Malrome – Dpt 33 – enduit chaux Tradi 100 NHL 5 -Copyright J.BARBOT

Les différents types de chaux

Il existe deux grandes catégories de chaux :

  1. La chaux naturelle calcique dite aérienne.
  2. La chaux naturelle hydraulique.

La chaux aérienne provient des calcaires les plus durs. Utilisée en mortier pour former un enduit, sa prise est lente (quelques jours pour obtenir sa dureté, mais plusieurs mois pour être stabilisée). Après durcissement complet, la chaux aérienne devient aussi résistante que de la pierre. Comme elle est sensible à l’eau, au soleil et au gel, elle s’utilise principalement en intérieur. La chaux aérienne a une couleur très blanche, mais elle se colore facilement avec l’aide de produits naturels. 

La chaux hydraulique contient de 10 à 20 % d’argile. Elle est issue d’un calcaire siliceux. Contrairement à la chaux aérienne, elle réagit par hydraulicité, c’est-à-dire qu’elle subit une première prise au contact de l’eau. De ce fait, le temps de prise total est nettement plus rapide. La carbonatation donnera à l’enduit sa dureté et son adhérence finale. Comme elle ne craint pas la chaleur et l’humidité, elle est utilisable en extérieur, notamment pour faire des enduits respirants.

L’usage de la chaux dans le bâtiment

Maison-de-caractere-Lisieux-CHAUX-COLOREE (Source : CHAUX ET ENDUITS DE SAINT ASTIER)

Jadis, la chaux était omniprésente dans le domaine du bâtiment. Le bâti ancien souvent composé de murs en pierre devait respirer. Rien ne devait faire obstacle à la diffusion de la vapeur d’eau. La texture et la qualité d’un enduit à la chaux pouvaient varier d’une construction à l’autre, car le sable utilisé pour faire le mortier dépendait de la nature du sol où celui-ci était puisé. Tout en sachant qu’auparavant les maisons étaient produites avec les ressources naturelles du lieu de construction. Mais n’est-ce pas là tout le charme de ce type d’habitat ?

La chaux s’utilise pour :

Tour-du-Chateau-Hories-Dpt-33-enduit-traditionnel (Source : chaux de Saint-Astier-J.BARBOT)

Les propriétés de la chaux

La chaux possède des propriétés multiples, parfois méconnues, qu’il convient de détailler et d’expliciter.

Une gestion optimale de l’hygrométrie

Les murs enduits à la chaux possèdent une perméance élevée, c’est-à-dire qu’ils sont en capacité de laisser circuler une grande quantité de vapeur d’eau au travers de la paroi (mur, plancher ou plafond) sans la dégrader. En d’autres termes : « Vos murs respirent ». Cette faculté de diffusion de l’eau à l’état gazeux s’appelle la « perspirance ». Cette migration se fait toujours du point chaud vers le point froid. Ce qui revient à dire que le sens s’inverse au fil des saisons. En été, la vapeur d’eau entrera vers l’intérieur de votre maison. À l’inverse, en hiver la vapeur d’eau cherchera toujours à rejoindre l’extérieur. 

La chaux favorise les échanges hygrométriques. Il est important que cet équilibre se fasse naturellement. Les murs anciens et épais, de type de pierre, peuvent contenir une grosse quantité d’humidité. En aucun cas, il ne faut empêcher cette vapeur d’eau de circuler, car elle trouvera toujours un moyen pour traverser. Ce qui ne sera pas sans conséquence si de la condensation se forme sur des matériaux sensibles à l’eau. 

Savez-vous pourquoi les enduits à la chaux sont perspirants ? La raison est simple : le mortier de chaux est microporeux, c’est-à-dire qu’il est constitué de pores de toute petite taille. La vapeur d’eau s’infiltre dans ces poches de vide et s’évacue pour être séchée.

Attention, le fait qu’une paroi soit perméable à la vapeur d’eau ne signifie qu’elle ne soit pas étanche à l’eau. Bien au contraire, l’humidité sous forme de vapeur transite, mais l’eau à l’état liquide est bloquée. Avec un enduit extérieur à la chaux, la façade est imperméable à la pluie, au ruissellement et aux intempéries.

Des propriétés isolantes pour un bon rendu de confort

En enduit correcteur thermique, la chaux apporte un complément d’isolation intéressant en toute saison :

Maison-Dordogne-La-Chatellerie-016-enduit-chaux-blanche– Copyright J.BARBOT

Avec un enduit à la chaux ou avec un mélange de chaux-chanvre, le niveau d’isolation n’est pas suffisant pour prétendre être véritablement un isolant. Il faudra compléter en ajoutant une isolation de type biosourcé (fibre de bois, liège, etc.). Le pouvoir isolant est caractérisé par sa conductivité thermique (coefficient lambda). Plus celle-ci est faible, plus l’isolant est performant. Un enduit à la chaux ou en chaux-chanvre possède un lambda compris entre 0,1 et 0,2. C’est de 2 à 6 fois moins qu’une laine minérale. Sauf que la chaux contribue à améliorer le confort intérieur ce qui n’est absolument pas le cas d’une laine de verre, qui se contente de vous protéger du froid. 

L’enduit à la chaux permet d’effectuer une « correction thermique ». En effet, même en faible épaisseur, celui-ci a la capacité de supprimer la sensation de paroi froide grâce à sa faible effusivité. En d’autres termes, en hiver la chaux parvient à modifier les propriétés du mur afin qu’il s’échauffe plus rapidement. L’inverse en été s’applique également, l’effet d’inertie est maintenu et le confort d’été est amélioré.

La préservation du confort sanitaire des occupants

La chaux n’émet aucun polluant, aucune émanation toxique (sans solvant, sans formaldéhydes, sans composés organiques volitifs, etc.). Elle peut donc s’utiliser en intérieur sans risque pour la santé. En réalité, c’est même plutôt l’inverse qui se passe ! La chaux dépollue en captant le CO2 de l’air. De plus, sa grande perméance apporte un ressenti de confort incomparable : l’hygrométrie s’autorégule selon la quantité de vapeur d’eau présente dans l’air, selon les températures intérieures et extérieures et selon l’activité humaine. En effet, une grosse part de l’humidité de nos logements provient directement de la présence de ces occupants. Chaque personne rejette en moyenne l’équivalent de 3 litres par jour à l’intérieur de son logement ! D’où l’importance de l’usage de la VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) et d’utiliser des matériaux perspirants.

Le fait d’avoir des murs toujours secs représente également un double avantage supplémentaire : 

  1. Les parois génèrent moins de convections (mouvements d’air) et donc moins d’inconfort thermique (sensation de paroi froide).
  2. Le mur est toujours sain, dépourvu de moisissures et de spores, la qualité de l’air est préservée (moins de risques allergiques, d’asthme, etc.).

Le saviez-vous ? La chaux est naturellement bactéricide et ignifuge. D’une part, elle tue les bactéries et les microbes. D’autre part, elle résiste particulièrement bien au feu, notamment en ce qui concerne la chaux aérienne. Grâce à sa vertu fongicide, vous ne verrez pas apparaître de champignons. Que des avantages qui vous feront préférer la chaux au ciment. 

En quoi la chaux est-elle une bonne alternative au ciment ? 

Vers la fin des années 40, le ciment a progressivement remplacé la chaux. Dans la même logique, le béton s’est rapidement imposé face à la pierre. Et pour cause, le béton apporte une solidité remarquable qui permet de construire rapidement, d’édifier des bâtiments de grandes tailles. La résistance de ce matériau permet de réaliser des balcons ou des terrasses avec une grande portée. Malheureusement, ces derniers constituent aujourd’hui des ponts thermiques difficiles à traiter en rénovation. Nous avons révolutionné nos modes de construction pour répondre à un accroissement rapide de la population, mais cela s’est fait au détriment de notre confort de vie, de notre santé et de l’environnement. 

La production de ciment : source d’émissions de CO2

« Le ciment est un liant hydraulique fabriqué à partir du clinker, obtenu par la combinaison chimique à très haute température de calcaire et d’argile. Le clinker est ensuite broyé avec des ajouts, dans des proportions très précises, qui donneront au ciment des caractéristiques spécifiques. Lafarge France produit ainsi des ciments destinés à tous les types de béton, aux mortiers, aux enduits… » (Source : lafarge.fr). Tout est dit ! La très haute température évoquée avoisine les 1 450 °C. Il faut compter environ 80 % de calcaire pour 20 % d’argile pour fabriquer du ciment. Ces deux matières premières sont extraites dans des carrières et acheminées par des camions, aggravant d’autant plus le bilan carbone. Le processus de fabrication est complexe et particulièrement énergivore. On estime à 1 milliard de tonnes le niveau de CO2 produit par les cimenteries. La France est le 2e importateur de ciment (selon l’INSEE). 

(Source : PIXABAY-mabutho)

La surexploitation du sable : une ressource devenue rare

15 millions de tonnes de sable par an sont utilisées pour produire principalement du verre, du ciment et des puces électroniques. Le sable est la seconde ressource la plus utilisée après l’eau. Et il en faut beaucoup pour la fabrication du ciment. Le sable est présent en grande quantité dans les déserts donc pas de problème, pensez-vous ? Eh bien non, car ce sable-là ne dispose pas de la bonne granulométrie, il est trop lisse et trop rond pour s’agglomérer convenablement. C’est pourquoi les cimentiers préfèrent siphonner les fonds marins. On assiste alors à une surexploitation du sable marin qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement. « 75 à 90 % des plages sont menacées de disparition dans les décennies à venir », selon une enquête menée par le réalisateur Denis Delestrac pour la réalisation de son documentaire « Le Sable : enquête sur une disparition ». La conséquence directe de l’extraction massive du sable est le retrait progressif des mers qui accentue le phénomène d’érosion du littoral. Et pour éviter la montée des eaux, il faudra réimplanter localement du sable. C’est le serpent qui se mord la queue ! Rappelons simplement que le sable met plusieurs millions d’années pour être à nouveau produit.

Pourquoi choisir de la chaux plutôt que du ciment ?

La chaux ne permet pas de construire des bâtiments, ce n’est pas un matériau de construction. En revanche, la chaux permet :

Le béton de chaux est une bonne alternative au béton coulé. Il agit comme un régulateur d’humidité grâce à sa grande porosité et limite le risque de remontées capillaires (humidité provenant du sol). Autre point non négligeable, si le mur fissure avec le temps, au contact de l’air la chaux va se « carbonater », en d’autres termes le mur s’autorégénère !

Pourquoi faut-il éviter le ciment en rénovation ?

Enduire un mur en pierre avec du ciment est une grave erreur. La paroi ne pouvant plus « transpirer » se dégrade et meurt. Dans le même état d’esprit, il peut parfois paraître « séduisant » de remplacer les joints de maçonnerie d’origine des murs anciens par des joints en ciment, profitant ainsi de la dureté de celui-ci. Sauf qu’il s’agit ici d’un exemple contre-productif, les joints sont généralement conçus avec un dosage plus faible pour faciliter les transferts hygrométriques. Le ciment est étanche à l’eau (sous toutes ses formes). En procédant ainsi, on perturbe l’équilibre naturel, les éléments structurels de la maison sont fragilisés.

En conclusion, la chaux ne présente que des avantages ! Si on la compare avec le ciment, on pourrait penser qu’ils sont assez similaires dans leur mode de fabrication. En réalité, le ciment est un désastre pour l’environnement. Selon l’ADEME, « Le ciment Portland CEM I a un facteur d’émissions de 866 kgCO2e/tonne de ciment. » La chaux nécessite globalement moins d’énergie et moins de ressources pour être produite. De plus, l’empreinte carbone est réduite, car durant le processus de mise en œuvre, la chaux absorbe et fixe naturellement le CO2 de l’air. La chaux assainit durablement votre logement. 

Alors, êtes-vous désormais convaincu par le super pouvoir de la chaux ?

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