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  • Effets indésirables de l’eau sur nos bâtis et notre santé

Nos murs sont parfois très humides, on en voit même qui sont gorgés d’eau, L’air intérieur de nos habitats est aussi, parfois, très humide, saturé en vapeur d’eau.

Rien que ces deux points sont la source d’un nombre important des problèmes rencontrés dans le bâtiment ou qui en perturbent l’exploitation, comme le dit l’adage populaire, “en bon père de famille”.

Nous allons, au fil de cet article, analyser les problèmes générés par l’eau. Tout d’abord, nous décortiquerons les pathologies liées aux bâtis eux-mêmes, impact sur la solidité de l’ouvrage, sur sa pérennité, sur les coûts d’exploitation.

La deuxième partie de cet article sera dédiées aux pathologies que l’eau peut générer sur nous-mêmes, problèmes sur les voies respiratoires, mais aussi impact financier.

Rappel les changements d’état de l’eau et sa provenance

Les origines de l’eau dans les habitats sont de 2 ordres. Nous l’avons déjà abordé ici.

Petit rappel sommaire sur ces 2 sources, une indépendante de notre volonté, l’autre, totalement de nos faits.

Changement d’état

L’eau pure, au niveau de la mer, gèle en-dessous de 0° Celsius et bout au-delà de 100°C.

Le plus important, c’est ce qui se passe entre ces 2 températures. L’eau peut se vaporiser du fait d’une ébullition, d’une Caléfaction (vidéo) ou du fait d’une évaporation.

C’est cette dernière réaction qui va nous intéresser ici.

L’eau à l’état vapeur

Présence dans les murs

On y trouve de l’eau du fait des remontées capillaires mais aussi du fait de l’apport de l’air ambiant.

L’hiver, l’air extérieur est très souvent plus froid que l’air intérieur (en tout cas sous nos latitudes, en France métropolitaine). La face extérieure de nos parois extérieures est proche de la température de l’air extérieur, froid. Attendu qu’aucune paroi n’est totalement étanche aux flux de calories, la face intérieure de nos parois extérieures va se refroidir et devenir plus froide que la température ambiante intérieure.

Lorsque cet air ambiant va s’en rapprocher, il va lui-même voir sa température baisser et son % en humidité relative augmenter, jusqu’à risquer une condensation : le point de rosée ! Ceci représente un apport complémentaire d’eau aux parois extérieures.

Présence dans l’air ambiant

Elle est due, majoritairement, à la présence des occupants, du fait de leur métabolisme et de leurs activités.

Dans les maisons dont les murs favorisent les remontées capillaires, lorsque celles-ci se retrouvent en contact d’air ambiant, tant extérieur qu’intérieur, elles s’évaporent et passent donc dans l’air sous forme de vapeur d’eau.

Il est important de laisser cet échange se faire afin de permettre aux murs de s’assécher.
Les règles qui prévalent à la gestion de cette migration ont été abordées ici.

Effets négatifs dans les murs

Pourquoi faut-il permettre à l’eau de ne pas stagner dans les bâtis ?

Les raisons sont nombreuses et chaque type de mur présente ses propres faiblesses et peut développer ses propres pathologies.

Bloquer l’eau et lui interdire toute migration via les parois extérieures nous semble une mauvaise idée.

Quelques explications sur l’air et l’eau

L’air n’est pas, en soi, un gaz en tant que tel mais un cocktail de gaz et quelques microparticules.
Le principal composant de l’air sec est le diazote, 78% de l’air, N2. Son diamètre, en tant que molécule est de 0,315 nm (nanomètre).
Le second composant est le dioxygène, presque 21% de l’air, O2. Son diamètre, en tant que molécule, est de 0,292 nm.

Viennent ensuite les gaz rares, argon, néon, krypton, xénon, hélium, …

Dans l’air ambiant, vient s’ajouter la vapeur d’eau. Aux températures courantes (de -10°C à +40°C, les teneurs maximales vont de 0,2% à 0,8% de l’air)

On entend ou on lit couramment qu’un pare-vapeur, perméable à la vapeur d’eau, serait imperméable à l’air, affirmation assez curieuse quand on sait que la molécule d’eau, H2O a un diamètre de 0,343 nm, c’est à dire que cette molécule est plus grosse que celles de 99% des composants de l’air. Comment une membrane ou autre matériau pourrait-elle(il) arrêter des molécules plus petites et en laisser passer de plus grosses ?

Pour connaître la perméance à la vapeur d’eau d’un matériau, il nous faut connaître sa valeur SD. Ce sujet a déjà été traité ici dans 2 articles.

Dans les murs récents

Les murs récents sont exposés uniquement à l’éventuelle migration de la vapeur d’eau contenue dans l’air. Nous disons “éventuelle” car il est des solutions qui l’interdisent. Sont-elles souhaitables ? A notre avis, non !

En effet, tel que nous venons de le voir, pour bloquer toute migration d’eau, il faut bloquer toute migration d’air. Si ce blocage est fait depuis l’extérieur l’eau peut s’en trouver bloquée dans les murs. S’il est fait depuis l’intérieur, il empêche toute évacuation de l’eau autrement que par un renouvellement d’air actif.

Produits étanchéifiants pour évacuer l’eau, mais néfastes pour la santé

Il nous semble aussi important de rappeler ici que de tels produits étanchéifiants ne sont, bien souvent, que peu recommandables au plan sanitaire. Nous en avons traité au fil de quelques articles sur des isolants peu, voir pas, ouverts à la migration de la vapeur d’eau. Citons, entre autres, Euromac et Lafarge, un partenariat aux allures de greenwashing ?, MACC3, un système constructif vertueux ?, Imprimer une maison en 3 D : révolution ? Pas si sûr ! …

Empêcher une migration globalement organisée de la vapeur d’eau risque de la concentrer en quelques points de fuite ponctuels. Ces fuites ponctuelles sont liées, entre autres, aux traversées des murs par des pièces de charpente ou autres éléments porteurs, de structure ou d’équipement.

L’air intérieur, chauffé et chargé en vapeur d’eau est légèrement sous pression et donc ces fuites ponctuelles se transforment en filets de détente. Or tout gaz qui se détend se refroidit en dessous de la température ambiante … ce qui accentue la condensation de l’eau qu’il contient.

Rouille des ferrailles

Un des désordres le plus à craindre est de mouiller régulièrement des pièces d’armature de bétons, ce qui va en provoquer la rouille.

Éclatement des bétons

La rouille entraîne un développement d’une gangue autour du métal, ce qui en augmente la section et peut aller jusqu’à provoquer l’éclatement des bétons. De tels éclatements, au départ mineurs, se matérialisent par des microfissures. Si de l’eau y stagne et y gèle, elle va gonfler et accentuer la fissure. De gel en gel, d’hiver en hiver, la microfissure va devenir une vraie fissure, de vraies infiltrations d’eau et ainsi, on peut aller jusqu’à une mise en péril d’ouvrages.

Ce n’est malheureusement pas seulement une vue de l’esprit. De nombreuses équipes de par le monde travaillent à solutionner ce qui risque bien de devenir très inquiétant si rien n’est découvert …

Dans les murs anciens

Les murs anciens sont plus sujets aux risques liés à l’eau car, tout autant exposés à la nécessaire gestion de la migration de la vapeur d’eau en provenance de l’air ambiant, ils sont aussi exposés aux remontées capillaires.
De plus, leurs éléments sont, selon les cas, plus ou moins en capacité de résister à l’eau.

Pisé, Bauge, Torchis

Les murs en terre, pisé, bauge, ou à remplissage terre, torchis, présentent de nombreuses qualités. Entre autres, ils disposent d’une bonne effusivité et, l’été, leurs capacités hygroscopiques, entre autres, assurent un niveau de confort thermique qui ferait rougir bien des bâtisses modernes.
En effet, comme nous l’avons déjà expliqué ici, l’évaporation de l’eau qu’ils sont en capacité d’apporter consomme de l’énergie. Cette consommation d’énergie tend, lors de températures très élevées, à maintenir l’intérieur de ces maisons à de très bons niveaux de confort thermique.

Par contre, le corollaire de cette humidité dans les parois est qu’elle ne doit pas être excessive car alors la terre redevient malléable, ce qui peut compromettre la solidité de l’ouvrage.

Pierre

Les murs anciens en pierre sont très souvent, soit montés à la terre, soit montés avec un mortier à base de chaux. Ils sont plus empilés que réellement assemblés par “collage” des éléments entre eux via un mortier d’assemblage.

Ces murs sont donc très sensibles à l’humidité qui y règne. Ils peuvent tout aussi bien ne pas résister à un excès d’eau que se tasser par manque d’eau.

Mur en pierre sensible à l’eau. Source : Association Tiez Breiz – Maisons et Paysages de Bretagne

Par exemple, en ce qui concerne le manque, un des effets surprenants des canicules successives ces étés passés est le tassement et la fissuration constatés de tels murs.

Ce risque a d’ailleurs été bien identifié et décrit par les autorités de tutelle.

A noter que les maisons en pisé sont également soumises aux mêmes phénomènes.

Un autre risque auquel les murs en pierre sont exposés tient à la teneur des remontées capillaires. Cette eau contient naturellement des minéraux captés au fil de son cheminement dans le sous-sol. On y trouve principalement des dérivés de potasse, de phosphate et aussi de nitrate. extrait d’un ancien article publié  ici : “… les nitrates, sous l’action de certaines bactéries, petit à petit, se transforment en nitrite. Ce sont des acides et l’acide attaque tout ce qui est calcaire, dont les pierres et … la chaux, issue de la cuisson de calcaire.

Afin d’éviter ce risque, il faut gérer au mieux la teneur en eau de ces murs anciens en pierre. Si on laisse la nature opérer, elle sait parfaitement maintenir le taux d’humidité au niveau idéal …

Bois

Une stagnation d’eau dans des pièces de bois, telles que des solives qui pénétreraient dans une paroi extérieure mais ne déboucheraient pas à l’extérieur, pourrait y provoquer, dans un 1er temps, le développement de moisissures et, dans un second temps, le pourrissement. C’est une pathologie de plus en plus courante, liée entre autres au crépissage de murs anciens avec des mortiers au ciment Portland.

Effets négatifs pour nous

Moisissures

La stagnation récurrente d’eau sur les faces intérieures de parois extérieures y favorise le développement de moisissures. Ces moisissures émettent des spores qui sont fortement allergisantes et provoquent très souvent des maladies des voies aériennes telles que des rhinites, pharyngites et autres engines.

Moisissures sur les murs pouvant provoquer des maladies des voies aériennes

Selon “Solidaire Santé.gouv” en 15 ans le nombre d’enfants asthmatiques a été plus que multiplié par 2. De nombreuses études européennes font apparaître une croissance de ce type de maladies sur l’ensemble du territoire européen. Cependant l’analyse de ces données fait apparaître de fortes disparités selon les régions ou les pays. Extrait de l’article sus-référencé : “… Ainsi, pour la période 1995–1996, l’étude internationale de l’asthme et des allergies chez les enfants (ISAAC International Study of Asthma and Aller- gies in Childhood) a constaté une prévalenceW moyenne annuelle de 11,5 % de symptômes asthmatiques auto-déclarés chez les enfants âgés de 13 et 14 ans dans l’en- semble de l’Europe. Ce taux varie de 2,6–4,4 % (Albanie, Fédération de Russie, Géorgie, Grèce et Roumanie) à 29,1–32,2 % (Irlande et Royaume-Uni)”.

Comme par hasard, les pays parmi les moins impactés sont soit de climat continental (Fédération de Russie, Géorgie, Roumanie) ou méditerranéen (Grèce et Albanie), donc à humidité relative assez faible, alors que les plus impactés sont l’Irlande et Le Royaume Unis, pays qui, eux, par contre, sont à humidité relative élevée ! … Comme quoi, un lien entre l’humidité relative élevée et les pathologies liées à l’appareil respiratoire semble assez évident

Confort

D’après de nombreuses études, un des objectifs principaux de qui entreprend des travaux chez lui est la recherche d’un meilleur niveau de confort.

On nous vend très souvent que le niveau de confort dépend de la température de chauffage. Si la température n’est pas négligeable dans le ressenti, elle n’est pas non plus l’alpha et l’oméga du bien-être.

Notre ressenti de confort est plus dépendant de la teneur en vapeur d’eau de l’air ambiant que de sa température. Nous avons tous fait l’expérience de jours gris, avec brouillard mais température modérée, 5, 6 7°C, très peu confortables et propices à la promenade.

Par contre, quel bonheur de se promener par une température négative mais un jour ensoleillé ! Il se trouve que le principal pont thermique entre nous et l’air, le vecteur qui va nous faire perdre nos calories, est la vapeur d’eau contenue dans l’air (vidéo).

Coût d’exploitation

Si chauffer de l’air a forcément un coût, peut-on, doit-on ne pas considérer que chauffer de 1 ou 2 ° de plus représente aussi un coût ?

Même s’il est totalement impossible d’annoncer un chiffre exact du coût de chauffage de 1° supplémentaire pour un habitat car de très nombreux facteurs seraient à prendre en considération (taux d’humidité relative, pression atmosphérique extérieure, niveau d’étanchéité au vent de l’habitat …), il est couramment admis que 1° de chauffage en plus, c’est 7% d’énergie de chauffage en plus.

Actions nécessaires

Que peut-on faire pour améliorer les choses, limiter les coûts d’exploitation et vivre cependant dans une ambiance confortable ?

Il va falloir traiter correctement tous les points sur lesquels nous avons un pouvoir, ce sera notre conclusion.

Conclusion

Nous avons un réel pouvoir sur la migration de la vapeur d’eau dans les murs sujets aux remontées capillaires. Ceci a déjà largement été abordé ici dans divers articles, soit du fait de ce qu’il convient de faire sur ces murs ou … s’interdire de faire.

Nous avons tout autant un réel pouvoir sur la gestion de la vapeur d’eau dans l’air en vue de lui permettre, autant que faire se peut, de migrer en partie au travers des parois extérieures (murs certes, mais aussi toit ou plancher des combles). Prévoir ou non un pare-vapeur et savoir le choisir doit être maîtrisé.

Il n’est plus admissible d’entendre encore que nous pouvons nous passer d’un véritable système de renouvellement d’air.

Il est tout autant nécessaire de le renouveler pour la bonne gestion de l’eau dans nos habitats que pour nous assurer de la bonne qualité de notre air intérieur.

Nous savons aussi que tous les matériaux n’ont pas les mêmes capacités à nous assurer des teneurs en vapeur d’eau admissibles et la gestion correcte des remontées capillaires. Sachons ne pas maltraiter les bâtisses anciennes, notamment ne leur imposons pas des mortiers au ciment Portland !

Crédits Photos : Association Tiez Breiz, Claude Lefrançois et Pixabay

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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  1. BONJOUR CLAUDE,

    Un grand MERCI pour tous les renseignements que vous nous prodiguez si aimablement dont je prends connaissance avec retard…. Hélas, je n'ai pas toujours le temps (ni la vue) pour les lire & assimiler !

    Par contre, je ne sais pas d'où cela provient mais chaque fois que je demande votre cadeau… remplissant le formulaire… ça ne va pas plus loin. Dommage !

    Amicalement
    Marinette

    1. Merci Marinette d’apprécier mon travail,
      J’ai pris connaissance de ce bug sur mon blog… je ne le gère pas moi-même, incapable de m’en sortir avec ces systèmes (j’ai plus de connaissances te d’aisance avec les choses du bâtiment qu’avec les choses de l’informatique ou de l’internet).
      Nous sommes en cours de recrutement d’une personne pour s’occuper de ces points et je pense qu’avec la fin des vacances, tout va rentrer dans l’ordre pour les envois des ebooks.

  2. Bonjour Claude,
    Bravo pour votre travail et le ton de vos publications dans les lesquelles l’humour n’empêche pas un fond sérieux et argumenté.
    Pour ce qui concerne les maisons anciennes, je comprends que votre philosophie est plutôt de gérer l’eau qui inévitablement est dans nos maisons que de les rendre étanches. Si vos recommandations sur la gestion de l’air, la perspicace des murs sont claires pour moi, il n’en est pas de même pour les dalles (a moins que je n’ai pas su trouver la bonne communication). Que faut-il faire comme type de dalle dans une pièce directement en contact avec le sol et dans une autre qui est sur cave (cave voutée en granit).
    Mille mercis,
    Bien cordialement,
    François

    1. Dans tous les cas, il faut privilégier la réalisation de dalles à avec un béton à la chaux… ce qui exclue les dalles autoporteuses sur des appuis éloignés et devant être ferrailles puisque la chaux n’est pas l’ami de ferraillages, bien au contraire.

      Pour être plus complet et précis, dans le cadre d’une pièce directement sur terreplein, l’idéal est de réaliser un dallage sur hérisson, constitué d’un hérisson de 25 à 30 cm en pierre « roulée », ne pas isoler et couler directement dessus un dallage à la chaux conservant ainsi la perspirance de la dalle amis, surtout, l’intérêt maximal (quoiqu’en disent les normes, labels et autres directives) le bénéfice thermique du tréfonds qui est naturellement proche des 12 à 13°C, été comme hiver.
      L’hiver, il suffit donc, pour chauffer à 19°C (température légale en France), de gagner 6 à 7°C, ce qui est peu lorsqu’il fait une température négative à l’extérieur…
      mais surtout, l’été, lorsque toutes les parois extérieures sont chaudes et que la température intérieure devient très inconfortable, la seule paroi en capacité d’absorber (et donc d’évasé-uer) de la chaleur est… le sol, bien sûr àç la condition de ne pas l’avoir isolé !
      https://www.soigner-l-habitat.com/confort-dans-lancien-nos-preconisations-pour-les-sols/

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