Build Green

Tiny house, avantages et inconvénients

Tout le monde en parle et pas un média généraliste n’a échappé à la mode de la tiny house ces derniers mois. Ces micro-maisons mobiles sont en vogue, c’est incontestable. Elles présentent de nombreux avantages et procurent cette sensation de liberté qu’aspire nombre de citadins. Et pourtant, des contraintes, souvent incontournables, pourraient ralentir l’enthousiasme de certains …

Cette article est le résultat de plus de 2 ans de veille sur le sujet, que ce soit par la lecture de différents articles, le suivi de groupes dédiés (voir fin d’article) et le visionnage de nombreux reportages. Ceci ne peut donc être pris comme un témoignage direct d’une vie au quotidien. Cependant ce sujet nous passionne sur ses aspects écologique, économique et sociétal. Vos remarques sont les bienvenues en commentaire.

Un peu d’histoire

Sharon Tiny-house à louer en Arizona

Jay Shafer et Gregory Johnson seraient les initiateurs de ce concept de micro-maison sur roue en 2002 en créant la première entreprise la Small House Society.

Et c’est en 2005, après le passage de l’ouragan Katrina sur la Nouvelle Orléans qu’a réellement commencé à se développer cette habitat alternatif à grande échelle en alternative aux FEMA trailer du gouvernement, pas très hospitalières. Le mouvement s’est ensuite accentué avec la crise des subprimes, qui a poussé de nombreux américains à la rue, à partir de 2007.

Depuis, la tiny house a été largement popularisée par Ryan Mitchell, créateur du site américain thetinylife.com, qui fut le premier blogueur à se focaliser sur le sujet outre-atlantique. De nombreux Youtubeurs (comme Living Big In A Tiny House, Tiny House Listings, Tiny House Giant Journey, Tiny Home Tours, Life Inside A Box ou Nelson Tiny Houses) ont ensuite contribué à l’engouement pour ces maisons mobiles. En France, le sujet est encore assez peu traité sur Youtube, mais on peut tout de même signaler la chaîne de Livingstone, qui construit par ailleurs sa propre Tiny House.

Cabanon le Corbusier

La légende voudrait que la première Tiny House soit française. Créé par le talentueux architecte et artiste Le Corbusier pour sa femme en 1952. Fabriquée en bois, la petite maison disposait de tous les équipements nécessaires pour être autonome. Sa seule différence, et pas des moindres, elle n’était pas mobile !

Le concept de Tiny house

Habitat écologique à taille humaine, la tiny house a la principale particularité d’être mobile. Dimensionnée entre 8 et 20 m² ce logement se distingue du caravaning (camping car, mobile home ou caravane) par une conception thermique plus proche d’une maison aux standards actuels. Si elle est bien conçue, son isolation et étanchéité permettent d’y vivre quelque soit la température extérieure.

Valous tiny – West Wood Tiny – Photo Pascal Faucompre – Build Green

C’est une alternative intéressante pour des personnes souhaitant vivre simplement, proche de la nature et à moindre frais, car plus confortable qu’une cabane ou une roulotte.

Si son but n’est pas d’être transportée quotidiennement, comme pourrait l’être une caravane, cela lui offre tout de même la possibilité d’être déplacée aisément par ses propriétaires.

Sa dimension réduite demande beaucoup d’ingéniosité à leurs concepteurs pour un aménagement intérieur pratique et confortable au quotidien.

Importée en France au début des années 2010, beaucoup d’auto-constructeurs se sont lancés dans le projet. On compte sur le territoire une douzaine d’entreprises qui fabriquent ou commercialisent ces mini-maisons. Et ce n’est que le début !

Des avantages certains au prix de la liberté

A partir du moment où on a intégré le fait qu’on veuille se déconnecter de tout réseau et vivre dans un espace plus confiné, la tiny house se révèle être une habitation alternative intéressante :

Son budget

Tiny House par Zen Cottages

Du fait de sa faible dimension, on peut accéder plus facilement à la propriété et éventuellement la revendre quelques années plus tard pour plus grand, plus confortable où un retour à la sédentarité. Son prix au mètre carré reste toutefois largement au-dessus  (+ 2.500€/m²) d’une maison conventionnelle (en moyenne 1800€/m²), car de nombreux coûts restent incompressibles, notamment son équipement record au m².

Au final, le budget global peut s’avérer accessible (à partir de 20.000€), mais les équipements peuvent vite faire monter la facture, surtout si on recherche l’autonomie.

Son autonomie

L’objectif de ce type de logement est justement de pouvoir se placer n’importe où, sans dépendre de personne. Mais pour cela, il faudra prévoir les équipements en conséquences. car si pour la le chauffage et la cuisine on trouve facilement des solutions d’autonomie (via le gaz notamment), pour l’eau, l’électricité et les sanitaires, ça peut vite faire monter la note. Le mieux est donc de trouver des terrains équipés en eau et électricité.

Sa mobilité

C’est le point fort de cet habitat. Tout le monde rêve de pouvoir s’installer avec une vue magnifique pour cadre extraordinaire et y vivre en parfaite autonomie.

Mais attention, vous ne pourrez pas vous parquer n’importe où, car  il vous faudra obtenir une autorisation locale et vous serez alors limité à 3 mois de stationnement. Et quelques autres règles s’imposent (voir dans les inconvénients).

Son aménagement

Contrairement aux a priori qu’on pourrait se faire, la vie en couple peut parfaitement se prêter à ce type d’habitat. Il existe en effet de nombreuses astuces qui permettent d’aménager l’intérieur pour une parfaite habitabilité avec de nombreux rangements. Il suffit de s’inspirer des nombreux articles et vidéos sur le sujet (voir sources en fin d’articles). Alors certes, il faudra faire le tri dans sa vie et ne garder que l’essentiel, mais les nombreux témoignages de propriétaires de tiny sont unanimes : la vie à bord est tout à fait possible et agréable !

Des inconvénients et contraintes non négligeables

Vie de famille quasi-incompatible

Pour celles et ceux qui ont déjà un foyer ou rêveraient de fonder une famille au sein d’une tiny house, la désillusion risque d’être grande. Il y a d’ailleurs très peu de témoignages (en France) de parents heureux dans ce type d’habitat. Et pour une raison simple : si un couple d’adultes peut parfaitement s’accommoder du minimum pour vivre au quotidien, la vie à bord avec un, et encore plus avec deux enfants, dans un espace aussi réduit est extrêmement compliqué à gérer au jour le jour. Les enfants, surtout en bas âge, ont besoin d’un minimum d’espace et il faut gérer la vie sociale (école, santé, vacances scolaires, ..)

Tiny House – Les P’tites Pénates – Photo Gérard Allard

Ce n’est pas infaisable, certains le font en bateau, en camping ou dans une chambre de bonne parisienne, mais tous vous le diront : au détriment du confort de vie.

Il faut donc bien se préparer aux inconvénients avant de se lancer.

Si vous vivez en famille dans une tiny house, votre témoignage en commentaire sera le bienvenu.

Solidité sur le long terme

Essieu de tiny house

Qui dit mobilité, dit déplacement sur des routes françaises, avec l’état du réseau routier qu’on lui connaît actuellement. Quid alors de la solidité de la remorque et des assemblages de la tiny house ? Difficile de juger aujourd’hui compte tenu du peu de recul sur le sujet.

Prenez donc soin de votre attelage lors de vos déplacements en limitant votre vitesse sur les réseaux secondaires. Il serait contradictoire de vous conseiller de limiter également vos déplacements. Si toutefois vous comptez beaucoup vous déplacer, ne lésinez pas sur le choix du plateau de la remorque et des matériaux. Un essieu cassé et votre tiny devient sédentaire !

Autonomie relative

Le rêve de tout tinyiste (nom donné aux adeptes de la tiny house) est d’atteindre l’autonomie, ne plus dépendre des réseaux collectifs pour pouvoir stationner où bon lui semble (voir plus bas les réglementations). Pourtant, ce Graal n’est pas accessible si facilement, car il faudra jongler entre surpoids de l’équipement et consommation énergétique. Pas simple !

Panneaux solaires sur Tiny House

Pour l’électricité, on peut ajouter des panneaux solaires. Encore faut-il qu’il y ait du soleil ? Alors ajoutons quelques batteries pour stocker l’énergie. Oui mais voilà, elles pèsent lourd, très lourd ! Il va falloir donc limiter l’usage de l’électricité à quelques appareils et pendant les sunlights.

Pour se chauffer, si vous voulez éviter l’usage d’énergies fossiles telles que le gaz ou le pétrole, les solutions vont être très limitées. Car bien que le bois soit une énergie renouvelable très avantageuse, il faudra s’approvisionner et surtout le stocker.

Pour l’eau, ça se corse un peu plus. La récupération d’eau de pluie est assez limitée, compte tenu de la surface d’une toiture de tiny house. Et celle-ci ne peut être réservée qu’à quelques usages (toilettes, lessive, arrosage). Ainsi, comptez pour une Tiny ayant une surface de 15m² avec une pluviométrie moyenne de 800 mm/an, environ 12.000 litres/an soit une trentaine de litres par jour. Et ceci reste théorique, car l’été vos besoins en eau sont supérieurs bien que vous en disposez de moins ! L’approvisionnement à un réseau collectif semble donc inévitable.

Pour l’eau chaude, il n’existe malheureusement que peu de solutions : le chauffe-eau solaire ou au gaz (l’électrique étant trop énergivore). Pour le premier, il est très avantageux mais très pénalisant en poids. Pour le second, il faudra se sacrifier aux énergies fossiles.

Enfin pour la cuisine, si vous voulez limiter vos consommations électriques, les plaques électriques et le micro-ondes sont à déconseiller. Le gaz reste une alternative malheureusement inévitable.

Pour approfondir la problématique, le site micro-maison.com fait un bel état des lieux sur ce sujet.

Tiny House – Sweet Tiny – Alberville – FR-73

Des dimensions limitées par le poids maximum

Plaque poids remorquage

Réglementairement une tiny house ne doit pas dépasser 3,5 tonnes. Or le poids d’un plateau remorque à vide pour une dimension raisonnable de tiny atteint très rapidement les 500kgs, voir plus.

En ce qui concerne l’aménagement intérieur, il est possible de sourcer ses idées du côté des camping-cars qui, depuis une vingtaine d’années, rivalisent d’astuces pour faire baisser le poids du véhicule.

Pour les matériaux de structures, le bois est très souvent utilisé pour ses qualités thermiques et de facilité d’aménagement. Il reste toutefois relativement lourd et demandera un entretien régulier sur la partie extérieure.

Attention à certains accessoires qui peuvent rapidement jouer sur la balance, surtout quand ils sont ajoutés bien après la livraison de la maison. Une marge de manoeuvre est donc à prévoir pour les équipements électroménagers, la vaisselle, les vêtements et autres décorations.

Pour bien profiter du caractère mobile de votre Tiny, restez dans la limite des gabarits routiers classiques, à savoir :

  1. largeur inférieure à 2m55 hors tout (Décret 97-572 du 30.05.97).
  2. hauteur inférieure à 4m pour passer partout en Europe.
  3. longueur hors tout inférieure à 18m avec la remorque, dont 12m pour la remorque (hors timon)

Traction compliquée

A la problématique de dimension pour la route, il faudra ajouter celle du permis de conduire. Il vous faudra en effet être titulaire du permis :

  1. B+ (code B96, 7 h de code) : pour un PTAC* entre 3,5t et 4,25t
  2. BE pour un  PTAC du véhicule et de la remorque ne dépassant pas 4,25 tonnes.

Tiny-house Giant tractée

Si votre Tiny atteint 3,5t, le permis BE sera donc indispensable (il n’existe pas de voiture à mois de 700kg capable de tirer une tiny !

A cela, il faudra ajouter l’assurance. Il y a peu d’agents qui acceptent d’assurer à la fois la tiny house et le véhicule. Il y a en effet assez peu de recul sur les risques incendies, vols et autres sinistres sur ce type d’habitation. Et sachez, qu’en début d’année 2017, 2 tiny houses ont été volées en plein jour dans la région parisienne. Heureusement, l’une d’entre elle a été rapidement retrouvée grâce à un appel lancé sur Facebook.

Pour la tiny, si vous ne comptez pas faire beaucoup de déplacements, il existe une astuce : prendre une assurance « Mobile-home » et prévenir l’agent lorsqu’un déplacement est prévu. Normalement, il ne devrait pas y avoir de surcoût. D’après un sondage du groupe Collectif Tiny House, la Maif, Axa, Groupama et Allianz sont les assureurs les plus susceptibles de mettre en place un contrat pour votre tiny.

[Edit 05/04/2017] voir commentaires pour les assurances MAIF et MAAF

Stationnement

Contrairement à ce qu’annoncent beaucoup de sites, la loi ne permet pas aujourd’hui de stationner sa tiny house n’importe où. Le droit de l’urbanisme impose une déclaration préalable pour tout stationnement de plus de 3 mois, si seulement le Plan local d’urbanisme (PLU) le prévoit.

Portique de sécurité en bois

Une loi dite Alur de février 2014 donne une existence juridique à l’habitat léger et démontable  (yourte, tipi, mobile home, caravane, tiny house, …) dans les zones définies par le Plan d’urbanisme local. Cependant, au jour d’aujourd’hui aucun décret d’application n’a été promulgué, ce qui la rend inapplicable !

Par ailleurs, il faut savoir qu’il y a toujours interdiction de stationner :

Vous pouvez alors vous diriger vers les emplacements réservés aux camping-cars. A noter toutefois, que les lieux n’étant pas spécifiquement dédiés à l’accueil des camping-caristes et de leurs véhicules, il est interdit de déballer cales, tables, chaises, auvents et autres. Au risque d’être considéré comme du camping sauvage.
Enfin, puisque le stationnement de ces habitations n’est pas autorisé n’importe où, il faut donc se référer au droit commun. A savoir :

Le plus souvent, il faut se référer au bon vouloir du maire pour obtenir ou non l’autorisation de stationner, sachant que l’autonomie (eau, électricité, assainissement) n’étant aujourd’hui clairement pas prévue par la loi ! Un comble quand aujourd’hui on veut tendre vers l’auto-suffisance pour diminuer son impact sur la planète !

Vie administrative

Dernière contrainte, et pas des moindres, il est difficile d’obtenir une adresse administrative avec un tiny house. N’ayant pas de reconnaissance officielle, puisque autorisée de stationnement pour 3 mois maximum, les maires ne facilitent donc pas l’obtention d’une adresse administrative, surtout pour ce type d’habitat, pas encore bien apprécié !

Côté imposition fiscale, même si la tiny house n’est pas considérée comme un bien foncier, puisque mobile, il sera toutefois soumis à la taxe annuelle sur les résidences mobiles terrestres (comme les caravanes et camping-cars) de l‘ordre de 150€ (en 2016). Certaines exonérations existent mais elles sont très limitées.

Nous souhaitons apporter un petit complément d’information sur le choix des matériaux et la conception de ces micro-maisons. En effet, on voit fleurir ici ou là des concepts qui se veulent plus contemporain ou plus léger, au détriment total du respect de l’environnement. L’utilisation d’une structure métallique, plastique ou l’aluminium, voire l’ajout d’isolants d’origine minérale ou pire encore de mousse polyuréthane, est assez peu recommandé dans notre démarche éco-responsable. Soyez vigilants dans le choix des matériaux, car ces maisons ont pour vocation également d’impacter le moins possible leur environnement.

Avec ces éléments entre les mains, vous pouvez désormais faire votre choix et adapter votre projet en fonction de vos objectifs et des contraintes que la tiny house impose.

Nombre de propriétaires en témoignent, ils n’ont aucun regret après quelques mois ou années, dans leur choix de vivre en tiny house … pour le moment.

Si vous hésitez encore, vous pouvez faire le test pour découvrir si vous êtes prêt pour vivre dans une Tiny House

Pour aller plus loin :

Association : Le collectif Tiny House

Sites web :

Réglementation : (médiathèque)

Groupes Facebook :

Pinterest  : le tableau dédié de Build Green (+ de 4 000 tiny houses en fixe et mobile)

Quelques articles via notre revue Scoop.it

Quelques vidéos sur notre chaîne Youtube (il y a en moins que sur Pinterest)

[Photo une : Freedom par Alabama Tiny Homes]

Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it