Qui imaginerait un habitat écologique avec la mise en place de matériaux qui, eux, ne le seraient pas ?

Seulement la frontière entre ce qui est écologique et ce qui ne l’est pas est difficile à définir. Elle peut d’ailleurs bouger selon les critères choisis par l’un ou par l’autre.

Une sélection, un tri ou, plus simplement, un classement, sont forcément arbitraires.

C’est pourquoi nous allons essayer d’être à la fois juste et non clivant, en sachant que nos choix ne sont ni exhaustifs ni une vérité qui se voudrait absolue. Ils s’inscrivent simplement dans la ligne de pensée de Build Green et nous espérons qu’ils vous conviendront, le plus modestement possible.

economie circulaire pour une consommation responsable

Economie circulaire pour une consommation responsable

Qu’est-ce qu’un matériau écologique ou bio-sourcé ?

Lorsque nous parlerons de matériau, ce sera sous sa forme la plus simple, en tant que matériau unique ou plus largement, lors de sa présence en tant qu’élément constitutif d’un matériau à plusieurs composants ou d’un matériel

Un matériau doit répondre à divers critères que nous développerons tout au long de cette publication : santé, humain, sécurité, environnement, ressources, énergie, fin de vie.

Pour plus d’infos, lisez notre dossier sur Habitats alternatifs.

Critères de Santé

A l’occasion de la production

Si un matériau est issu d’une extraction en carrière ou d’une collecte, ceux qui les assurent ne risquent-ils pas d’être impactés sur leur santé ? N’y a-t-il pas d’impact direct ou indirect sur la santé des populations proches des lieux d’extraction, de production ou de recyclage ?

A l’occasion de la mise en œuvre

Ce matériau présente-t-il un risque d’atteinte à la santé des installateurs (par exemple, silicose, cancer, stérilité … ou même plus simplement, toux, irritations ou autres)?

Si oui, en sont-ils prévenus? Est-il possible de s’en protéger (par exemple par le port d’un masque ou de lunettes, …) ? Existe-t-il une fiche FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) ?

A l’occasion de l’exploitation

Ce matériau ou cet équipement présentent-t-ils un risque d’atteinte à la santé des occupants ou voisins lors de son exploitation ou de son entretien (exemple : émanations toxiques continues, ou sous l’effet de la chaleur, ou du fait de la présence ou du contact d’un autre matériau ou de son mélange avec un autre matériau) ?

Critères Humains

A l’occasion de la production :

  • Ce matériau ou un des composants d’un matériel ne sont-ils pas exploités en spoliant les populations locales de son usage ou de sa propriété ?
  • Ne sont-ils pas issus de territoires exploités après en avoir expulsés les occupants traditionnels et légitimes (exemple : expropriation de paysans pour disposer de leurs terres aux fins d’ouverture d’une carrière d’extraction) ?
  • L’exploitation n’est-elle pas faite grâce à une main d’œuvre sous-payée ou sur-exploitée, ou, pire encore, en faisant appel à de la main d’œuvre enfantine ?

Sécurité :

En cours d’exploitation, ce matériau assure-t-il toujours la sécurité de ses occupants ?

Exemple :

  • Assure-t-il une réelle protection contre la propagation d’un incendie ?
  • Assure-t-il en toute circonstance une réelle tenue aux charges d’exploitations ou, exceptionnelles, de neige ?
  • Reste-t-il inerte face à la chaleur (perte de solidité, émanations toxiques, …) ?

Critères Environnementaux

L’exploitation de la matière première ne provoque-t-elle pas d’effets néfastes ?

Exemples :

  • Pollution des nappes phréatiques par écoulement de résidus ou déchets d’exploitation,
  • Pollution des cours d’eaux de surface ou des océans pour les mêmes raisons,
  • Le transport sur longue distance n’est-il pas un facteur de risque de pollution important style marée noire ou fuite d’un oléoduc ?
  • La transformation nécessaire de la matière première, non utilisable en l’état, en un matériau abouti, ne présente-t-elle pas, elle-même, un risque d’émanations toxiques, de gaz à effet de serre ou de production de résidus toxiques ?

Ses Ressources :

  • Les réserves fossiles ne sont pas infinies et leur renouvellement peut s’avérer très long (exemple pour le charbon : minimum 10 millions d’années pour une tourbe moyenne, 20 millions pour une houille de 1ère qualité),
  • Même s’il peut sembler légitime de consommer ce que la terre a mis à notre disposition, est-il légitime de consommer tellement que les générations futures risquent de devoir faire face à des pénuries du fait de nos inconséquences ?
  • La consommation de matériaux renouvelables ne risque-t-elle pas de « consommer » des surfaces agricoles, lesquelles risquent de manquer pour la production alimentaire ?
  • La production ne se fait-t elle pas sur des terrains issus de déforestation ou d’expropriation de paysans qui, ainsi, sont privés de leur moyen d’existence ?
  • La matière première utilisée ne fera-t-elle pas défaut pour d’autres emplois ?

Ses besoins en Energie :

  • L’extraction, la transformation, l’entretien, le recyclage d’un matériau ne génèrent-ils pas des consommations d’énergie importantes, propres à annuler les effets bénéfiques que l’exploitation pourrait laisser entrevoir ?
  • A contrario, l’exploitation d’un matériau n’engendre-t-elle pas une consommation d’énergie telle que ce que son extraction, sa fabrication, son entretien ou son recyclage, eux-mêmes forts peu énergivores, auraient pu nous le faire apparaître très recommandable ?
  • Le transport sur longue distance ne vient-il pas « alourdir » le bilan énergétique global ?

Son Recyclage :

etape cycle de vie d'un produit

Etape cycle de vie d’un produit

Attendu que tout matériau mis en œuvre devra, un jour, être recyclé ou réutilisé, il est bon de se poser quelques questions avant de le choisir :

  • Ce matériau permet-il un réemploi en l’état d’origine (exemple : une pièce de charpente en bois peut, en fin de vie, être réutilisée pour une autre charpente)
  • Ce matériau permet-il un réemploi après transformation ? (exemple : une pièce de charpente en bois peut, en fin de vie, alimenter un chauffage au bois)
  • Ce matériau, en fin de vie, retrouve-t-il facilement son état d’origine (exemple : une brique de terre crue redevient terre alors qu’un bloc de béton de ciment, certes réutilisable, nécessite un concassage pour redevenir agrégat),
  • Ce matériau est-il, lui-même, issu d’un recyclage ? Donc permet-il un réemploi d’une ressource et ainsi l’économie de ressources nouvelles (exemple : la ouate de cellulose est issue de papier journal recyclé de même qu’un isolant à base de coton permet le recyclage de vieux vêtements en coton, eux-mêmes en fin de vie)
  • Ce matériau est-il destiné, inévitablement, à devenir un déchet ultime en fin de vie ? et si oui, doit-il être enfoui ou peut-il être stocké en aérien ? en un mot : présente-t-il une certaine dangerosité ou sera-t-il inoffensif ?

Comme nous venons de le voir, de très nombreux critères sont à prendre en compte pour déterminer si un matériau est écologiquement intéressant ou s’il est bio-sourcé.

processus de crepissage de terre crue

Processus de crépissage de terre crue

Définitions :

Si nous devions donner des définitions, à la fois d’un éco-matériau et d’un matériau bio-sourcé, nous pourrions les risquer ainsi :

Eco-matériau :

Matériau d’origine naturelle, disponible en quantité, facilement mobilisable, aisément recyclable, produit et mis en œuvre dans le respect de ceux qui le font, inoffensif au plan santé, peu énergivore, performant (ça c’est un minimum) et durable.

Ne pas confondre avec les bio-matériaux : “Substance ou matière destinée à être implantée dans un organisme vivant pour remplacer un organe ou un tissu. (Les prothèses, des plus simples [dentaires] aux plus compliquées [trachée artificielle], sont faites avec des biomatériaux.)”

Matériau bio-sourcé :

D’après le ministère de l’environnement : “des matériaux issus de la biomasse d’origine végétale ou animale”

Il nous apparaît, au final, que si certains matériaux sont, d’emblée, classables dans les éco-matériaux ou/et dans les matériaux bio-sourcés, il est plus difficile pour d’autres, soit de les en exclure, soit de les y intégrer.

Listes, non exhaustives, d’éco-matériaux et matériaux bio-sourcés :

mur en briques de terre crue

Mur en briques de terre crue

La Maçonnerie :

  • La chaux (hydraulique et aérienne),
  • Le ciment prompt,
  • La brique de terre crue plutôt que cuite,
  • Plutôt briques de terre cuite que parpaing de béton,
  • Le béton cellulaire,
  • La pierre ponce,
  • Le bloc à base de chanvre et chaux,
  • Le béton à base d’argile,
  • Pour les dallages : verre cellulaire,
  • Le mur de terre crue (pisé)
bloc de beton en pierre ponce

Bloc de béton en pierre ponce

Les Menuiseries :

  • En bois,
  • Mixtes bois/alu
  • A vitrages haute performance, éventuellement Triple-vitrage au Nord et à l’Est,

Les Panneaux de parement intérieur :

  • Le lambris bois, si possible d’origine locale,
  • Les panneaux de bois,
  • Les panneaux d’argile,
  • La plaque de plâtre Fermacell
beton en base d'argile

Béton à base d’argile

La Toiture :

  • La chaume,
  • La paille de riz,
  • L’ardoise,
  • Le bardeau ou tavaillons (dites aussi tuiles en bois)
  • Les lauzes,
  • La tuile de terre cuite,
  • La toiture végétalisée (idéalement)

Les isolants :

  • Ouate de cellulose

    D’origine végétale (paille, chanvre, lin, laine de bois, liège, …),

  • Issus du recyclage, (ouate de cellulose, laine de coton)
  • Verre cellulaire ou pouzzolane pour chapes isolantes,
  • Verre cellulaire

L’étanchéité :

  • Films pare-pluie et pare-vapeur,
  • Collants spéciaux de jointoiement de ces films,

Les revêtements :

Ces matériaux de finition intérieure, de sol ou d’extérieur doivent être considérés de la même façon que les matériaux dits de gros oeuvre

[voir notre dossier : « revêtements de sols, murs et plafonds« ]

Nos conseils : Tous ces matériaux peuvent, isolément, parfaitement répondre à nos critères ci-dessus mais, combinés, peuvent nécessiter des études techniques poussées pour amener à une efficacité optimale (par exemple, pour favoriser le transfert de la vapeur d’eau dans une paroi extérieure).

Dans tous les cas, nous vous invitons vivement à vous faire conseiller par des experts, tels que les architectes, bureaux d’étude ou ingénieurs du bâtiment.

 

Pour en savoir +

Syndicats :

SIPHEM
Asiv : Isolation végétale

Associations :

Apte-asso : Association promotion Technique Ecologique

Arpe-bn : Association Régionale pour la Promotion de l’Eco-construction en Basse Normandie

Le CLUB des Bio-économistes

Argipaille
RFCP : Réseau Français de la Construction Paille

Des 2 mains

Asterre : Association nationale des professionnels de la terre crue

CRAterre : Centre international de la construction en terre

Les professionnels de la terre crue en Rhône-Alpes

L’Association des Chanvriers en Circuits Courts

La Guilde des Métiers de la Chaux

Pierre & Masse

 

Consultez nos autres dossiers Filières : 

Ventilation et renouvellement d’air L’assainissement autonome
Consom’action L’auto-alimentation
Habitats alternatifs et non conventionnels Les revêtements de sols, murs et plafonds
Habitat groupé
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