Et si on arrêtait de réaliser des fondations pour construire une maison ? Source d’artificialisation des sols, ces dalles sont problématique pour la biodiversité et l’environnement. Alors, pourquoi ne pas s’en passer et construire sur pilier pour laisser le terrain respirer et rendre cet espace réversible ?

L’impact du béton sur l’environnement

Comme on le sait, la production de ciment, principal composant du béton, est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre, notamment de dioxyde de carbone (CO2). Selon l’Agence internationale de l’énergie, la production de ciment est responsable d’environ 7% des émissions mondiales de CO2. La fabrication de ciment nécessite également une grande quantité d’énergie et de matières premières, ce qui peut avoir des impacts sur les ressources naturelles.

De plus, la construction de dalles de béton nécessite souvent l’utilisation d’engins lourds, comme des bulldozers et des camions, qui consomment du carburant fossile et peuvent contribuer à la pollution atmosphérique et sonore. Les matériaux de construction, tels que le béton, sont également souvent transportés sur de longues distances, ce qui ajoute aux émissions de gaz à effet de serre et à la pollution liée au transport.

Enfin, l’utilisation de dalles de béton peut également avoir des impacts sur l’hydrologie locale. Les dalles de béton imperméabilisent les sols, ce qui peut entraîner des problèmes d’infiltration de l’eau dans le sol et d’écoulement de l’eau de pluie, et donc contribuer à des inondations ou à des érosions des sols.

En somme, bien que les dalles de béton soient souvent utilisées pour leur durabilité et leur résistance, leur impact environnemental est significatif et doit être pris en compte dans le choix des matériaux de construction.

House in Gakuenmae / KKAA YTAA – Japon – Photo : Norihito Yamauchi

Pourquoi passer à la construction sur pilotis ?

Une construction sur pilotis est un type de construction qui est élevée sur des piliers, colonnes ou pieux enfoncés dans le sol plutôt que sur une fondation directe au sol. Cette technique est souvent utilisée dans les zones côtières, les zones inondables, les régions sujettes aux tremblements de terre, ou les régions où le sol est instable ou de mauvaise qualité.

Les constructions sur pilotis peuvent être utilisées pour les maisons, les bâtiments commerciaux, les ponts et les passerelles, et même les plateformes pétrolières. Les avantages de cette technique sont multiples : elle permet de surélever une construction au-dessus du niveau de l’eau ou de la zone inondable, elle peut également réduire les coûts de construction en utilisant moins de matériaux pour les fondations, et elle permet une meilleure ventilation et une meilleure circulation de l’air sous la construction.

Cependant, il est important de prendre en compte certains facteurs tels que le type de sol, le poids et la hauteur de la construction, la charge que les piliers devront supporter, pour s’assurer de la stabilité et de la sécurité de la construction sur pilotis.

House Tjurpannan / HelgessonGonzaga Arkitekter – Suède – Photo : Mikael Olsson

Quelles sont les techniques de construction sur pilotis ?

Il existe différentes techniques de construction sur pilotis, qui peuvent varier en fonction de la hauteur et de la charge à supporter, des caractéristiques du sol, des matériaux disponibles, et d’autres facteurs.

Voici quelques-unes des techniques les plus courantes :

1. Les pilotis en bois : ils sont souvent utilisés pour des constructions légères telles que les maisons en bois, les terrasses ou les cabanes. Les piliers sont souvent enfoncés directement dans le sol et reliés entre eux par des traverses en bois.
2. Les pieux battus : cette technique consiste à enfoncer des pieux en bois ou en acier dans le sol à l’aide d’un marteau-piqueur. Les pieux sont enfoncés jusqu’à ce qu’ils atteignent une couche de sol stable ou jusqu’à une profondeur suffisante pour supporter la charge de la construction.
3. Les pieux vissés : cette technique consiste à visser des pieux en acier dans le sol à l’aide d’une machine de forage. Les pieux sont enfoncés jusqu’à une profondeur suffisante pour supporter la charge de la construction.
4. Les pilotis à base élargie : cette technique consiste à utiliser des piliers de forme conique, dont la base est plus large que la partie supérieure, pour améliorer la stabilité du sol. Les piliers sont enfoncés dans le sol à l’aide d’une machine de forage et peuvent être reliés entre eux par des poutres.
5. Le plot béton : c’est la technique la plus commune. Elle consiste à couler des plots de béton armé à la base des pilotis, formant ainsi une fondation solide pour le bâtiment. Les plots de béton sont coulés directement dans des moules préfabriqués en acier ou en bois qui sont placés sur le sol ou légèrement enterré. Les moules sont ensuite remplis de béton, qui est laissé durcir pour former des plots solides. Une fois les plots de béton durcis, les pilotis peuvent être placés sur les plots pour supporter la structure du bâtiment. Cette méthode de construction permet de répartir efficacement la charge de la structure sur les pilotis et de garantir une base solide pour la construction.

Ces techniques de construction sur pilotis peuvent être combinées entre elles pour obtenir une construction plus stable. Il est aussi recommandé de sécuriser les plots par des piliers en béton en profondeur, pour atteindre une couche de sol plus stable. Ces plots doivent de toute façon être dimensionnés en fonction des caractéristiques du terrain, du bâtiment et de l’environnement, via un bureau d’étude spécialisé.

Il n’existe pas beaucoup d’entreprises spécialisées, en France métropolitaine, dans la pose de ces pieux ou piliers. C’est pourtant une solution d’avenir qui devrait être prise en compte dans la non artificialisation des sols.

House for Two Artists / Mikael Bergquist Arkitektkontor – Suède – Photo : Mikael Olsson

Les limites de la technique de construction sur pilotis

Bien que la construction sur pilotis présente de nombreux avantages, elle peut également présenter certains inconvénients et défis à prendre en compte. Voici quelques-uns des principaux :

• Son coût : la construction sur pilotis peut être plus coûteuse que les autres types de fondations, en raison du coût des matériaux, de la complexité de la conception et de la mise en œuvre, et de la nécessité d’utiliser des équipements spécialisés.
• Son entretien : les piliers et les fondations en contact avec l’eau peuvent être exposés à la corrosion, ce qui nécessite une maintenance régulière pour éviter les dommages et la détérioration de la structure.
• Sa sécurisation : une construction sur pilotis doit être conçue et construite de manière à résister aux charges sismiques, aux vents violents, aux tempêtes et aux inondations. Si la conception et la construction ne sont pas adéquates, cela peut entraîner des risques pour la sécurité des occupants.
• Son confort d’usage : la circulation d’air sous la structure peut entraîner des perturbations thermiques et sonores, ce qui peut affecter le confort des occupants de la structure.
• Son accessibilité : la construction sur pilotis peut rendre l’accès difficile pour les personnes à mobilité réduite ou pour les personnes nécessitant des équipements de mobilité tels que des fauteuils roulants.

Il est important de prendre en compte ces facteurs lors de la conception et de la construction de structures sur pilotis, et de choisir la technique de construction sur pilotis appropriée en fonction des caractéristiques de l’environnement et des besoins de la structure. Nous conseillons vivement une étude des sols appropriées à cette technique de construction pour s’assurer de la qualité des sous-sols avant de s’engager sur ce terrain ! Ainsi, cette technique est peu compatible avec des terrains trop sablonneux ou caverneux (ancienne mines, par exemple).

Des exemples de construction sur pieux ou pilotis

Voici quelques exemples de maisons sur pilotis. Vous noterez que toutes ces constructions sont en bois, une solution légère et solide pour surélever ou s’adapter à un terrain difficile. Vous retrouverez pour la majorité de ces réalisations plus de photos et des plans de coupe dans les liens « plus d’infos ».

House G+D / Guimpert Atelier Arquitectura

Maison sur pieux bois, Chili

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Wood Covered House / Michael Kendrick Architects

Maison sur pilotis, Angleterre

Photos : Tom Bird
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South Loft / Fria Folket

Maison sur pilotis, Suède

Casa Quilanto / Hebra Arquitectos

Maison sur pieux, Chili

Photos : Marcos Zegers
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Svinninge Cabin / Lowén Widman Arkitekter

Maison pilotis sur plots béton, Suède

Photos : Erik Levander
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Columba Tree House / Madeiguincho

Cabane sur pieux bois, Portugal

Photos : João CarrancaPlus d’infos
 

Nortehaus / Willy Kuhne

Maison sur pilotis, Canada

Photos : Katrina Ramsvik
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Casa Mael / iHouse estudio

Maison sur pilotis, Uruguay

Photos : Aldo Lanzi
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House Tjurpannan / HelgessonGonzaga Arkitekter

Maison bois sur pilotis, Suède

Photos : Mikael Olsson
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House in Gakuenmae / KKAA YTAA

Maison sur pieux croisés, Japon
 
Photos : Norihito Yamauchi
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Image de Une : Baan Tita House / Yangnar Studio, Thaïlande – Photo : Rungkit Charoenwat

Pascal Faucompré

Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it