Earthship et Géonef, avantages et inconvénients

Imaginez une maison que vous construiriez avec des matériaux majoritairement recyclés, sans se brancher aux réseaux d’eau et d’électricité, n’ayant  quasiment aucun besoin de chauffage ou de climatisation toute l’année, quel que soit l’endroit du monde où elle se trouve et dans laquelle vous produiriez vos propres aliments ! C’est le concept presque parfait pour Build Green ! Et cette maison a un nom : la Earthship ou Géonef (en français). Mais est-ce vraiment la maison idéale ?

 

Comme à notre habitude, nous allons décortiquer ce type de construction pour vous en détailler son histoire, son concept et surtout ses qualités et défauts …

Histoire

En 1969, alors qu’il vient d’être diplômé en architecture, Michael Reynolds, un jeune américain utopiste rêve de construction durable impactant le moins possible son environnement, à partir de matériaux recyclés, de terre et de bois. Oui, mais voilà, à l’ère du béton et de l’acier, tout le monde le prend pour un illuminé et personne ne veut l’aider à financer son projet d’étude expérimentale en architecture écologique.

Michael Reynolds devant son 1er Earthship en boites d’alu recyclées

Il décide de se lancer seul dans ce projet et publie une étude dans le magazine américain Architectural Record en 1971. Sa première maison fut construite l’année suivante, dans le désert de Taos au Nouveau-Mexique sur une étendue de 640 hectares, où il établit une communauté expérimentale qui recense désormais plus de 70 maisons.

Au fil du temps, les Earthships incorporent des équipements conçus pour améliorer l’autonomie, le confort et les performances : panneaux solaires, panneaux de refroidissement géothermique, récupération d’eau, jardin biologique, traitement des eaux usées.

Pourtant dans les années 80, des clients déçus le poursuivent en justice pour des problèmes d’étanchéité, d’inadaptation climatique, d’illégalité et de dangerosité de ses constructions… En 1990 le Conseil de l’Ordre des architectes du Nouveau-Mexique lui retire alors sa licence d’architecte, en lui interdisant de continuer son activité au Nouveau-Mexique. Il sombre alors dans la dépression.

Il lui faudra attendre 17 ans de procédures juridiques pour retrouver sa licence d’architecture. Entre temps, Il publie plusieurs livres et crée the Earthship Biotecture Academy qui forme et accompagne à travers le monde des projets d’habitation et même d’écoles.

Bien que décrié et attaqué de toute part par ses pairs, Reynolds a été élevé comme un prophète du mouvement vert. Un documentaire lui est même consacré en 2007, Garbage Warrior , glorifiant sa vie et son oeuvre.

Aujourd’hui, il y a environ 1 000 Earthships, principalement aux États-Unis, mais aussi en Europe (Belgique, Luxembourg, Espagne, France…), mode de vie qui, finalement, est loin de l’image beatnik qu’elle nous laisse présager au premier regard.

 

Le principe de Earthship biotecture (ou Géonef)

Pour Michael Reynolds, véritable avant-gardiste de l’architecture verte, « nos déchets valent de l’or ». Si l’esthétique n’est pas prioritaire, le confort de vie, la simplicité de mise en place et l’utilisation de matériaux de proximité mis à disposition par la nature le sont nettement plus !

Les objectifs à atteindre dans une géonef sont les suivants :

  • utiliser les apports passifs du soleil et la masse thermique de la terre pour des performances thermiques et énergétiques naturellement efficaces
  • employer un maximum de déchets (pneus, canettes, bouteilles) et de matériaux naturels, (bois, terre, torchis, …) ;
  • viser l’autonomie des habitants en énergie, en eau, en alimentation et pour les déchets

Quel est le principe architectural du earthship ?

D’après Michael Reynolds, « ces principes de conception et de construction sont suffisamment universels pour s’appliquer partout » et donc se passer de tout raccordement aux réseaux d’énergie, d’eau et d’assainissement.

Principe du Earthship

Dans un earthship, il n’y a pas de chauffage ni de climatisation. Comme dans une maison passive, son architecture est étudiée pour utiliser au maximum les apports solaires, sur le principe du bioclimatisme. La serre solaire et ses baies vitrées orientées plein sud, vont emprisonner cette chaleur indispensable au confort de vie. Les nombreuses plantes vertes et cultures de la serre jouent le rôle de régulateurs thermiques. L’excès de chaleur l’été est évacué par une fenêtre en puits à l’avant du toit.

Les chaleurs d’origine humaine et ménagère viennent compléter l’hiver les apports thermiques. On fait l’appoint avec un système de ventilation soit passif (sur le principe du puits canadien) soit en double-flux. La masse thermique du earthship, constituée par la terre, absorbe la chaleur en excès de la journée pour la restituer plus tard.

Ainsi, la plupart des earthships sont semi-enterrés, avec un mur de refends en pneus et entièrement recouvert de terre sur la partie nord, pour se protéger des aléas climatiques et du manque d’ensoleillement.

Attention ! Les règles de construction du earthship sont des principes théoriques de base qu’il convient d’adapter au climat local et aux contraintes du terrain.

 

Quels matériaux pour un Earthship ?

earthship en construction mur pneus charpente

La base du concept biotecture est d’utiliser un maximum de matériaux recyclés dont on connaît l’origine et dont on a testé les usages. Les murs de soutènement du bâtiment sont réalisés en pneus remplis de terre damée qu’on recouvre d’enduit en terre ou torchis (mélange de paille ou chanvre, terre et chaux). La toiture est une charpente en bois et le toit, le plus souvent, est recouvert d’un bac acier et/ou de terre pour laisser se développer une végétation spontanée, processus appelé végétalisation.

Les canettes d’aluminium ou boîtes de conserves, les bouteilles en verre, sont des matériaux recyclés de choix pour les parois intérieures.

Pour le revêtement de sol, plusieurs techniques naturelles peuvent êtres adoptées comme la terre battue ou le bois cordé. Selon l’endroit où l’on se trouve, une isolation du plancher peut être préconisée pour compenser les faibles températures du sol.

Seule la façade vitrée sur le principe des serres solaires peut nécessiter des matériaux sur-mesure. Mais on peut aussi concevoir la façade vitrée en fonction des vitres ou fenêtres collectées.

Michael Reynolds devant un earthsip en construction

Le mobilier est autant que possible réalisé à partir de matériau recyclé ou d’anciens meubles restaurés de préférence de façon rustique pour limiter les usages de produits toxiques. A chacun ensuite d’adapter la décoration à ses goûts.

 

Quels solutions et équipements pour atteindre l’autonomie avec un earthship ?

Au fil du temps et des adaptations, les Earthships incorporent des équipements conçus pour améliorer leur autonomie, leur confort et leurs performances.

Confort thermique

inertie du earthship

La masse thermique générée par les parois en terre est la partie la plus intéressante du concept. Cette masse doit maintenir l’énergie calorifique et la réguler. C’est l’exemple de la grotte : il fait plus chaud à l’intérieur quand il fait froid dehors, et plus frais à l’intérieur quand il fait chaud dehors.

Par ailleurs, si cette masse thermique peut s’avérer utile dans des régions régulièrement ensoleillées, il est nécessaire de la compléter par une isolation du sol et des parois pour des zones (montagne, pays du nord) où le soleil est moins présent.

Mais cette solution ne peut être efficace sans le complément d’un système de ventilation naturelle, via un système de type puits canadien, qui permettra à la fois de renouveler l’air intérieur et de réguler la température lors de fortes variations, selon les saisons et l’emplacement du earthship.

Un point crucial sera traité en fonction de la localisation : l’évacuation de l’air chaud. Si le climat est de nature à provoquer de fortes températures, et malgré la double façade de la serre solaire, les grandes baies vitrées ont tendance à générer beaucoup de chaleur. Un système d’évacuation sera à prévoir sur le toit (une fenêtre en puits) et, la plupart du temps, de petites ouvertures créées en haut de la façade vitrée suffiront pour évacuer l’excès de chaleur.

Le système de ventilation d’un Earthship

Enfin, dans les régions où sévissent des hivers rigoureux, il est préférable d’adjoindre une solution de chauffage adaptée en fonction des ressources disponibles (poêle à bois ou de masse, géothermie verticale, chaudière à condensation si gaz naturel issu de méthanisation).

 

Energie

Eolienne Dynasphere

Michael Reynolds a très vite compris que pour atteindre l’autonomie, il faut d’une part en consommer le moins possible (solaire passif) et d’autre part compléter ses besoins avec des solutions en énergies renouvelables. Il a donc développé ses propres solutions.

Mais avant tout, ce concept demande de choisir des équipements et appareils électroménagers peu consommateurs en énergie. Si, aujourd’hui, faire ce choix devient la norme,  il était moins de le faire il y a 20 ou 30 ans !

Ensuite, le concept Earthship propose depuis peu sa propre éolienne à axe verticale d’1.5 Kilowatts, la Dynasphère. Elle peut être facilement intégrée à l’architecture du bâtiment et demande peu d’entretien, pour une durée de vie de 20 ans.

Mais le plus gros de l’électricité sera fourni par des panneaux photovoltaïques, à choisir parmi les prestataires locaux, et qu’il sera opportun de dimensionner suivant les besoins et de placer selon la configuration du terrain (taille, orientation, ombrage, voisinage, ..) en façade, en toiture ou au sol.

Earthship – Alberta

Power Organizing Module

Ces deux solutions produisent une énergie qu’il est nécessaire de stocker dans des batteries pour en disposer lors des pics de consommation (la nuit et l’hiver). Ainsi, on vous proposera le Power Organizing Module (POM), un organisateur et distributeur d’électricité autonome. Ce système régule la fonction et l’organisation de l’énergie solaire et/ou éolienne à des fins domestiques.

 

Eau et assainissement

Quoi de plus simple que de récupérer l’eau du ciel (pluie et fonte de neige). Le système de filtrage mis en place permettra en outre d’utiliser quatre fois cette même eau avant qu’elle ne  s’évacue naturellement. En aucun cas elle ne produira d’eau potable.

Du toit, l’eau subit une filtration grossière à travers un limon de graviers  est canalisée à travers les liaisons de drain de gravier vers les citernes.

Tiré d’une vidéo de Solutionnera / Francis Gendron

Des bacs de rétention d’eau sont dimensionnés en fonction du climat local et enterrés de façon à être complètement protégés du soleil. La la citerne est alimentée par gravité dans un module d’organisation de l’eau avec une pompe et un filtre. La pompe pousse l’eau dans un réservoir sous pression pour fournir la pression nécessaire. Les filtres nettoient l’eau pour une consommation conventionnelle, comme la douche ou la vaisselle, à l’exception des toilettes.

L’eau est utilisée et nettoyée une seconde fois dans les cellules botaniques intérieures (tout comme la phyto-épuration). Les toilettes à chasse d’eau sont la troisième utilisation de l’eau. Après les toilettes, l’eau est séparé du système de drainage de tous les autres appareils de plomberie domestiques pour être traitée une quatrième fois dans des cellules botaniques extérieures.

Quelques infos complémentaires sur la gestion de l’eau dans cet article

Pour réduire encore les consommations d’eau, il est possible d’envisager des toilettes sèches.

Différentes options peuvent être prises pour l’eau chaude :

  • le chauffe-eau solaire avec des panneaux en toiture
  • un chauffe-eau au gaz naturel (issu de méthanisation)
  • un échangeur couplé au système de pompe à chaleur en place pour la ventilation double flux

 

Alimentation biologique

De façon saine et libre, les plantes sont cultivées à partir de cellules végétales intérieures et extérieures. Toutes les plantes ont leur fonction et jouent un rôle précis dans la maison.

Cultiver des plantes dans un Earthship est tout à fait à propos pour :

  • assainir l’eau et l’air
  • nourrir le foyer en fruits et légumes
  • réguler la température et l’hygrométrie
  • créer un espace de nature et biodiversité agréable à vivre

Pour pallier le manque d’espace, vous pouvez ajouter des plantes dans des seaux accrochés au plafond sans toutefois limiter les apports solaires.

 

Désormais vous en savez plus sur le concept de Earthship Biotecture. Détaillons maintenant l’intérêt de ce concept mais aussi les problèmes qui peuvent se poser.

 

Avantages des earthships

Dans le désert du Nouveau-Mexique les earthships de Reynolds

Un concept poussé à l’extrême

Depuis les années 70, Michael Reynolds teste, expérimente de nombreuses solutions. Il a souvent dû revoir sa copie, mais au final le concept est relativement abouti pour celles et ceux qui souhaiteraient atteindre l’auto-suffisance.

 

L’auto-consommation dans tous ses états

Réduire son empreinte carbone sur la planète nécessite d’orienter ses choix de vie vers plus d’auto-consommation : énergie, eau, alimentation et recyclage des déchets.

Tout a été étudié pour dépendre le moins possible des acteurs conventionnels.

 

Des réductions de coût à l’usage

En atteignant l’autonomie, sur le chauffage, l’eau, l’énergie et l’alimentation, on réduit non seulement sa dépendance par rapport à son environnement, mais surtout ses dépenses.

 

Une construction relativement facile

Avec le recul et l’expérience de plus de 30 ans du concept, on sait qu’il est possible de construire un géonef (de 3 pièces) en moins de 3 mois. Il faudra toutefois y mettre du sien et avoir recours au système de chantier participatif indispensable au concept.

 

L’impact carbone limité

Avec 3 milliards de pneus jetés chaque année sur Terre, ce matériau est quasiment inépuisable et souvent disponible à quelques kilomètres du terrain. Utiliser des matériaux recyclés est la meilleure solution pour réduire le cycle de vie de la construction.

 

Un confort de vie à tous les étages

Et finalement quel plaisir de vivre dans une maison dont on a pleinement participé à l’élaboration.  Avec en prime un confort thermique agréable tout au long de l’année, sans avoir à se soucier des factures d’énergie ou d’eau.

 

Inconvénients des earthships

 

Le besoin en main-d’oeuvre

Comme beaucoup de concept de maisons dites écologiques (maison paille ou maison terre), leur bas coût repose sur la participation de nombreuses personnes à titre bénévole, que ce soit par passion, pour apprendre ou par simple amitié.

Invitées dans le cadre d’un chantier participatif, ces personnes vont participer le plus souvent au gros oeuvre du chantier : tamisage de la terre et remplissage des pneus, pose de la charpente, de la toiture, des revêtements muraux et des parois intérieures. Quelques earthshipers, déjà formés à certaines techniques, peuvent aussi accompagner les auto-constructeurs dans l’installation de la plomberie, des systèmes électriques, de ventilation ou de récupération d’eau très spécifiques à ce concept.

Il sera donc nécessaire de planifier chacune des interventions et surtout de prendre en charge pour chacun d’eux l’hébergement, les repas, les outils, les équipements de sécurité et les assurances obligatoires.

 

La polémique sur les pneus

Un pneu est considéré comme non biodégradable. Et c’est là sa faiblesse, car il est constitué de nombreux additifs toxiques comme le zinc, le noir de carbone, le cadmium, le sélénium et des molécules organiques de type HAP (source). Des cas d’allergies ont d’ailleurs été recensés quelques années après les premières constructions.

Il est donc préférable, d’une part de prévoir la pose d’un film d’étanchéité et d’autre part de mettre en place une bonne ventilation, pour éviter de respirer toutes ces toxines.

[Edit 03/09/2018] Même si ces points sont plus ou moins contredits par cet article dédié aux pneus dans le earthship, notre conseil reste de mise : étanchéifier et ventiler !

 

L’adaptation au climat local

Lorsque Michael Reynolds s’est vu retirer sa licence d’architecture, il lui était reproché au début des années 80 sur les premiers chantiers réalisés en dehors de Taos, des problèmes thermiques. Si effectivement en milieu sec, le concept peut se passer d’isolant, dans les zones froides et humides (donc peu ensoleillées), il est conseillé de prévoir une isolation complémentaire au niveau du sol et des parois. Depuis, Reynolds a rectifié le tir et adapte son efficacité thermique en fonction de la région.

 

Réglementation française limitative

Conçu dans un contexte particulier de normes américaines relativement souples en matière environnementale, il faudra se montrer plus vigilant avec la RT 2012 et encore plus avec la prochaine réglementation environnementale prévue pour 2018 (E+C-).

Le recours à un architecte expérimenté en la matière, ou tout au moins un bureau d’étude thermique, semble préférable pour s’assurer l’obtention du certificat de conformité.

 

La dépendance aux préceptes et formations

Tel le gourou d’une secte, Michael Reynolds appuie son concept sur une succession de formations qui vont vous permettre de suivre toutes les étapes de la construction. Tout ceci peut se faire en ligne depuis le site internet. Tout repose sur la confiance qu’on accordera au charismatique évangélisateur du mouvement Earthship.

Certains mettent toutefois en doute (Eng, traduction FR) les choix techniques préconisés, au risque de déclencher le courroux du gourou !

 

Le coût global

Même si les vieux pneus et les boîtes en aluminium peuvent parfois être trouvés gratuitement, il faudra prévoir bien d’autres dépenses comme la charpente en bois et sa couverture, l’isolation, des vitrages sur mesure, les finitions intérieures, le système de plomberie compliqué avec plus de réservoirs et de pompes qu’un système conventionnel et un système d’énergies renouvelables complexe. A cela ajoutez les frais de main-d’oeuvre (même bénévole) et d’accompagnement qui alourdiront la facture.

Si le concept de base reste très accessible (à partir de 200€/m² en auto-construction), plus vous souhaiterez devenir autonome, plus il vous faudra investir dans les solutions techniques préconisées (et souvent coûteuses), pouvant faire grimper la note jusqu’à 300 000 € (hors terrain).

Il faudra donc trouver le juste équilibre entre votre capacité de financement, votre volonté d’autonomie et la possibilité de reporter certains travaux.

 

Les limites architecturales

Le concept de serre bioclimatique limite beaucoup les possibilités architecturales. Il faut impérativement orienter cette double façade vitrée plein sud et lui consacrer une grande largeur pour être efficace et pouvoir y intégrer son jardin biologique. Si une maison Earthship est reconnaissable immédiatement, il est possible de compenser cette singularité par la décoration, les finitions extérieures et des couleurs.

 

Assainissement biologique

Il faudra être très vigilant dans l’utilisation de produits d’entretien, en privilégiant ceux qui sont biodégradables et en évitant notamment l’eau de Javel, les diluants de peinture et la térébenthine, nocifs aux plantes et rémanents après traitement de l’eau.

 

Autonomie alimentaire et réalité

Quel que soit le concept constructif, il faut être réaliste ! Devenir autonome en alimentation ne se fait pas sans concession : diversité alimentaire limitée, temps important à consacrer, besoins en eaux et nutriments. Ne négligez pas ces contraintes et ne comptez pas devenir autonome avant quelques années de pratique.

 

Quel avenir pour les earthships ?

On peut s’interroger sur l’avenir de la Earthship Biotecture, son concepteur n’étant pas éternel, est-ce qu’elle perdurera après sa disparition ? En tout cas, Michael Reynolds a laissé une empreinte indélébile qui marquera l’architecture à jamais, comme ont pu le faire d’autres architectes utopistes comme les américains Frank Lloyd Wright ou Richard Buckminster Fuller ou plus proche de nous Le Corbusier ou Antti Lovag.

 

Conclusion

Est-il besoin d’inventer des réglementations ou des labels alambiqués quand on peut construire, sans eux, un habitat tout aussi efficace pour la protection de la planète ? Certainement pas. Ce concept nous le prouve et s’il a fallu près de 30 ans à Michael Reynolds pour aboutir à de telles performances, combien de temps faudra t-il à nos têtes pensantes pour arriver, peut-être par d’autres chemins, à des conclusions semblables ?

earthship de nuit

Au final, tous ces principes longuement étudiés et adaptés par Michael Reynolds ont largement inspiré nombre de labels qui se disent de la construction passive ou positive, avec une différence de taille : le choix des matériaux. Le recyclage et les éco-matériaux n’étant pas une valeur ajoutée intéressante pour ces labels commerciaux, ils ont préféré s’allier aux lobbyistes des matériaux conventionnels pour discrètement faire l’impasse sur les matériaux gratuits ou bon marché que nous pouvons trouver à portée de notre main… On a juste changé de gourou…

Quelques sources

Le site officiel : Earthship Biotecture

Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Earthship

Association française dédiée au Earthship : https://www.habitetaterre.fr/

Des exemples de earthships :

Vidéos :

Playlist Youtube  de Build Green consacrée aux Earthships

Garbage Warrior, le film consacré à Michael Reynolds

Pinterest : notre tableau dédié aux Earthships

 

Bonus : le 1er earthship français en reportage vidéo par France 5

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Pascal Faucompré
Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it

22 réflexions sur “Earthship et Géonef, avantages et inconvénients

  1. Bonjour à tous,
    d’abord merci pour ce groupe et son contenu riche en informations.
    Nous sommes actuellement en train de finaliser notre dossier pour le dépôt de la demande de permis de construire pour la construction de notre earthship dans les Hautes Alpes.
    Le certificat d’urbanisme réclame une étude géotechnique ainsi que l’étude d’un thermicien concernant la RT 2012.
    Nous aimerions savoir si au travers des projets à venir, en cours ou finalisés, vous avez eu affaire avec ces techniciens et si nous pouvons obtenir les contacts des professionnels qui vous ont aidés dans ces étapes.
    Comme vous le savez bien sûr le mieux est de rentrer en relation avec des personnes qui vont aller au-delà de la réglementation et ajuster les normes à ce type de construction atypique.
    Dans l’espoir de vous lire je vous souhaite plein succès dans vos projets de construction et nous vous ferons part volontiers de notre expérience.
    Amicalement.
    Magali et Luc

    • Bonjour Magali et Luc,
      N’hésitez pas à contacter l’association Habite Ta Terre pour discuter de ces questions, ils ont fait un grand travail par rapport aux questions administratives et préalables à la construction pour construire leur Earthship en Dordogne. Plusieurs personnes se sont spécialisées dans ce domaine, justement pour faciliter les démarches des prochains constructeurs de Earthship.
      De notre côté, nous les avons rencontré lors de la réalisation d’un épisode de notre série documentaire SideWays. L’épisode s’apelle « Un vaste chantier qui change la vie », tu peux le regarder là si ça te tente : http://www.side-ways.net/episode10
      Belle réalisation à vous deux !

      • Bonjour à vous le duo de Sideways!
        Merci pour votre message.
        C’est plutôt marrant (mais il n’y a pas de hasard) que vous m’écriviez…
        En effet, nous revenons d’un road trip en van de Dordogne où nous avions prévu et eu la chance de rencontrer Mathieu qui lui même nous a parlé de vous !
        Bravo pour vos vidéos et vos vies inspirantes.
        On vous suit dorénavant et qui sait (en tout cas nous l’espérons) … on pourra se rencontrer sur notre chantier, en dehors, ailleurs, etc…
        Tout de bon pour vous
        A bientot

          • Bonjour Pascal,
            Toujours un plaisir de lire vos articles.
            L’aventure continue pour nous.
            Notre permis de construire a été validé et le chantier participatif démarrera début 2020.
            En attendant, nous avons créé une page Facebook où nous détaillons ce projet de ses débuts et nous l’alimenterons au fil des avancées.
            Voici le lien vers cette page : https://www.facebook.com/AutonHome05/.
            Amicalement,
            Magali et Luc

  2. Bonjour
    Super article…une presque totale découverte hasardeuse pour moi (je cherchais des infos sur des maisons en bois).
    J’ai beaucoup appris grâce à vous.
    Je vais revoir et repensé totalement mon projet de maison.
    Sauriez – vous où je peux trouver les dernières normes en la matière ?

    Merci
    Neelesh

    • Bonjour Neelesh.
      Comme expliqué dans l’article, la technique du earthship est enseignée par la Earthship Biotecture Academy à Taos aux Usa.
      En ce qui concerne les normes de construction en France, la RT 2012 s’applique au moins jusqu’en juillet 2021

  3. Ca me parait être le « prototype » d’idée naïve et absurde. Je suppose que ces objections ont été déjà largement commenté. Utiliser des canettes alu pour de la construction est tellement inapproprié, tant en terme de construction passive que de recyclage. L’alu est un matérieau noble. L’utiliser pour des les noyer dans des murs est typiquement une absurdité occidentale. Ne pas le recycler via un process industriel est une abération car parfaitement réutilisable comme matériau noble. Ca n’a vraiment rien à faire dans une paroi. Idem pour des bouteilles de verre, à la rigueur pour un effet esthétique sur un ou deux metres carrés…
    Le low tech a besoin de personnes qui ont un solide sens pratique, pas des théories fumeuses et chargées d’idéologies.

    • Un avis qui mérite qu’on s’y intéresse et y réponde, bien qu’il soit assez peu assumé, derrière un pseudo.
      La naïveté et l’absurdité est d’une part de croire que tous ces matériaux sont recyclés dans leur intégralité par des filières extrêmement vertueuses pour l’environnement.
      Assez peu de filières de recyclage aujourd’hui présente un bilan carbone positif. On en parle régulièrement dans nos greenwashing.
      La démarche low-tech s’inscrit aussi dans des filières courtes donc locales. L’idée est donc de trouver les matériaux qui sont dans un rayon proche : pneus, bouteille en verre, canettes en alu. Et il s’avère que les américains sont assez friands de ce type de contenants. Nous, moins, donc on y met surtout surtout des pneus (ce qu’on conteste d’ailleurs un peu dans l’article, la terre étant bien plus pertinente, en pisé ou BTC) et un peu de verre, pour l’aspect décoratif.
      Par ailleurs, le principal intérêt de ce type d’habitat n’est pas dans seulement dans le choix de ces matériaux (souvent recyclés, locaux géosourcés ou biosourcés) mais dans sa conception de type bioclimatique (et non passive !) avec peu de technologies, donc peu de ressources, peu d’entretien et peu de recyclage compliqué. Notamment pour traiter le confort thermique (hiver, été) et l’autonomie (récupération d’eau et énergies renouvelables, auto-alimentation)
      Donc, puisque vous semblez découvrir le concept, n’y voyez pas seulement l’aspect structurel, mais sa conception d’ensemble, qui permet d’obtenir une grande résilience.
      Maintenant, si vous voulez discutez des inconvénients, on peut parler de son emprise au sol (qui prend sur la biodiversité), de surfaces de construction souvent disproportionnées sur les projets français, qui nécessitent des quantités de verres et de bois peu écologiques, …
      Mais sur l’aspect low-tech, travaillez un peu plus vos théories et revenez vers nous quand vous aurez des idées intéressantes à nous proposer !

  4. Je n’ai pas de « théorie ». Simplement l’idée même d’utiliser des canettes alu comme éléments intégrés aux murs alors que le recyclage industriel de l’alu est un des (rares) procédés de recyclage industriel efficace. Si écrire cela est traduit par « La naïveté et l’absurdité est d’une part de croire que tous ces matériaux sont recyclés dans leur intégralité par des filières extrêmement vertueuses pour l’environnement » cela me parait transformer totalement mon propos et me faire écrire ce que je n’ai pas écrit. L’industrie n’est pas forcément le « diable ». Ensuite, il s’agit du recyclage des canettes alu et rien d’autre. Merci donc de respecter mes propos.
    Je poursuis. Utiliser un matériau noble pour en faire ça, ce n’est pas mieux que le soit disant recyclage industriel des plastiques qui se contente de les broyer pour en faire du remblai routier. C’est bien de faire du local, mais dans des limites rationnelles. Et je ne crois pas que les canettes soient un matériau « locaux géosourcés ou biosourcés » comme vous le soulignez. Parlez moi de paille plutot ….
    Je ne ferai pas de commentaire sur les pneus, n’ayant pas de connaissance sur le recyclage du caoutchouc synthétique. Mais ça mériterait de s’y intéresser pour en vérifier la pertinence de l’usage.
    NB à propos du commentaire (un peu provocateur?) sur l’usage du pseudo : Gilles Soulages, psychologue clinicien.

    • Merci de vous être identifié, cher Gilles. Le dialogue peut être plus serein quand on assume ses commentaires.
      Mais pourquoi faire une obsession sur les cannettes alors que quasiment personne (je fais une veille sur le sujet) ne les recyclent en France dans leur earthship ?
      Ce sont les américains qui, dans les années 70, ont fait le choix de ce matériau, abondant dans leurs poubelles, et dont il n’existait pas (encore) de filière de recyclage !

  5. La PREMIERE Habitation de ce type a été créée en France par un artiste Français = CHOMO à Achères-la-Forêt en 1960 ! Schlomo ou CHOMO s’était réfugié dans un morceau de la Forêt de Fontainebleau privée,
    appartenant à sa première épouse et il construit sans aucune autorisation une sorte de Dôme en plâtre avec pour éclairer l’intérieur des Bouteilles vides dont les goulots étaient dirigés vers l’intérieur, il y avait une cheminée et une porte rudimentaire exposée au sud…. Avec un chemin labyrinthique qui nous amenait depuis le route Départementale jusqu’à une clairière où se situait sa construction ! Le long de ce chemin une multitude de petits panneaux de bois sur lesquels CHOMO inscrivait ce qui lui passait par la tête. TOUT ce qu’il créait était à base de récupération sur la société de consommation qu’il dénonçait. Je montait à cheval dans un club d’équitation à Achères-la-Forêt et c’est lors d’une sortie équestre que j’ai découvert CHOMO qui existait bien avant le Cyclope réalisé à Milly-la-Forêt par Jean TINGUELY et Niky de SAINT-PHALLE que j’ai bien connu également …. michel_desbordes@hotmail.com

    • Michel,
      Attention à ne pas confondre une performance artistique individuelle avec un concept architectural reproductible.
      La réalisation d’un earthship répond à un certain nombre de préceptes, qui sont enseignés dans une formation.
      L’idée n’est pas seulement d’utiliser des matériaux recyclés mais de faire des habitats autonomes et performants.
      Donc rien à voir avec CHOMO, ou ces centaines d’autres artistes qui ont réalisés de belles réalisations mais sans aucune règle élémentaire de construction.

  6. Bonjour, merci pour cet article sur les Earthships que je ne connais pas du tout. J’apprécie particulièrement la manière dont vous avez abordé le sujet, en mettant en lumière à la fois les avantages et les inconvénients. Cela donne une vue équilibrée. J’aimerais savoir si vous avez des informations supplémentaires sur la durabilité de ces structures sur le long terme. Merci encore !

    • Bonjour Ben,
      Merci pour votre remarque.
      Concernant la durabilité, les earthships existant de puis près de 50 ans à Taos au Nouveau Mexique (USA) sont une preuve de leur longévité.
      Je vous invite à suivre les liens dans l’article pour vérifier…

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