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Systèmes de toiture pour les bâtiments en bambou

Le bambou est un matériau très pertinent pour la réalisation d’une charpente de toiture. C’est aussi l’élément architectural le plus fondamental des bâtiments en bambou (avec les fondations). Des toits bien conçus et construits jouent un rôle clé dans la protection d’une structure en bambou tout en ajoutant à la beauté et à l’expérience de l’espace. Alors, qu’est-ce qu’un toit en bambou bien conçu ?

[Traduit d’un article de BambooU, entreprise spécialisée dans le bambou à Bali]

Il y a quelques éléments clés qui doivent être pris en compte :

1) Les surplombs du toit pour atténuer l’altération des perches de bambou par le soleil direct et la pluie,

2) La pente du toit pour l’écoulement de l’eau,

3) L’espacement des chevrons pour la rigidité, et enfin,

4) Le matériau utilisé.

La technique traditionnelle des toits en Alang-Alang

À Bali, nous avons expérimenté de nombreux matériaux et techniques de toiture différents. Dans cet article, nous partageons 5 des systèmes de toiture les plus couramment utilisés pour nos bâtiments en bambou. Il s’agit entre autres :

  • Chaume
  • Bambou coupé en deux
  • Tuiles en terre cuite
  • Bardeaux de bambou aplatis
  • Bardeaux de cuivre

Les toits en Alang-Alang sont une technique traditionnelle de couverture en chaume utilisée en Indonésie. L’herbe du Congo (Imperata cylindrique) est récoltée à maturité et séchée. Ensuite, des panneaux de chaume d’une longueur maximale de 3 mètres sont fabriqués en pliant l’herbe sèche sur une fente de bambou et en l’enfilant sur la fente à l’aide de fibres de palmier.

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La fente de bambou donne une structure à l’herbe en la transformant en panneau tout en faisant office de latte de toiture. Une fois installés, les panneaux d’alang alang sont attachés aux chevrons à l’aide d’une technique d’arrimage avec une corde de bambou.

Pour un bâtiment en bambou bien conçu qui utilise un toit en alang alang, la pente du toit doit être d’environ 45 degrés pour que l’eau puisse s’écouler. Nous recommandons que les chevrons ne soient pas installés à plus de 60 cm les uns des autres pour éviter que le toit ne s’affaisse.

Les toits Alang alang sont flexibles et complètent bien les toits curvilignes. L’isolation thermique est l’avantage le plus intéressant de ce type de toit. Il a une incroyable capacité à respirer et à libérer l’air chaud tout en gardant l’air frais à l’intérieur.

À Bali, aujourd’hui (2021), ce type de toit coûte environ 13 à 14,5 euros (250 000 IDR) par m² à construire (ce chiffre fluctue un peu), ce qui le rend tout à fait abordable. L’inconvénient de ce système de toiture est qu’il nécessite un entretien important. Les toits alang-alang doivent être remplacés tous les 3 à 7 ans.

Historiquement, les toits en alang-alang duraient jusqu’à 10 ans, mais comme aujourd’hui les agriculteurs récoltent l’herbe avant qu’elle ne soit mature, l’herbe est plus faible et se dégrade donc plus rapidement. La durabilité de ce système de toiture dépend fortement de la période de récolte, de l’humidité et de l’accumulation de matières organiques provenant de la pluie, du couvert végétal et des excréments d’animaux.

Toit en bambou coupé en deux

Le toit en bambou coupé en deux est constitué de tiges de bambou fraîchement récoltées, divisées en deux moitiés et placées dans un ordre d’emboîtement similaire à la technique de couverture en tuiles espagnoles. Pour un bâtiment en bambou bien conçu utilisant le bambou coupé en deux, le toit doit avoir une pente minimale de 40 degrés et les chevrons ne doivent pas être placés à plus de 60 cm les uns des autres.

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Pour que votre construction en bambou dure plus longtemps, vous pouvez également utiliser 3 couches sur les chevrons pour l’esthétique intérieure, puis un linéaire d’asphalte et un revêtement en demi-bambou comme dernière couche. La première couche étant constituée de nattes de bambou tissées, connues localement sous le nom de bedeg.

Cette toiture fonctionne avec des structures légèrement curvilignes et de petites tailles, mais il est difficile d’utiliser cette technique pour des toits aux courbes importantes et compliquées. Nous utilisons des poteaux Gigantochloa apus pour cette toiture et Dendrocalamus asper pour couvrir le faîtage du toit.

Ce système de toiture nécessite également un entretien important et doit être remplacé tous les 5 ans. Le bambou se dégrade rapidement s’il est exposé à l’humidité ou à des matières organiques.

Toiture en tuiles de terre cuite

Les tuiles en terre cuite sont le matériau de toiture le plus durable. Les toits de ce type peuvent durer 100 ans. Les toits en tuiles de terre cuite sont très lourds et il faut donc tenir compte de cette charge supplémentaire lors de la conception.

Pour un bâtiment en bambou bien conçu utilisant un toit en tuiles, nous recommandons une pente de toit minimale de 35 degrés et les chevrons ne doivent pas être placés à plus de 30 cm les uns des autres. Des liteaux (ou lattes) doivent être ajoutés pour maintenir les tuiles sur les chevrons.

Les toits en tuiles ne fonctionnent que pour les bâtiments linéaires et l’entretien est assez minime : il suffit de débarrasser le toit de la matière organique et de remplacer les tuiles cassées qui ont pu être heurtées.

Le pelupuh est un bambou aplati fabriqué à la main pour en faire des bardeaux de toiture. Il est fabriqué en coupant une tige de bambou Gigantochloa apus en deux dans le sens de la longueur. Ensuite, une entaille est pratiquée dans la paroi du chaume de l’intérieur vers l’extérieur à l’aide d’une hachette.

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Les coupes ne traversent pas toute la paroi du chaume, juste assez pour que la section du chaume soit aplatie. Les coupes doivent être faites en biais pour éviter de fendre la structure du bambou.

Les nœuds sont ensuite rasés à l’aide d’un couteau à bambou ou d’une hachette. Nous utilisons ce matériau de bambou traité dans une technique de toiture hybride à 3 couches. Pour cela, nous plaçons d’abord du pelupuh traité sur les chevrons pour l’esthétique intérieure, puis un linéaire d’asphalte (membrane d’étanchéité synthétique) et du pelupuh qui est coupé à la taille des bardeaux de toiture comme dernière couche. Toutes les couches sont fixées à l’aide d’un pistolet à clous.

Pour un bâtiment en bambou bien conçu utilisant un toit en bambou aplati, nous devons avoir une pente de toit de 40 degrés minimum et les chevrons ne doivent pas être placés à plus de 40 cm les uns des autres. Le bambou aplati est très flexible et convient parfaitement aux toits curvilignes.

La membrane étanche synthétique dure de 20 à 25 ans, mais la couche extérieure en bambou pelupuh doit être remplacée toutes les 5 à 8 ans. Le bambou aplati se dégrade rapidement s’il est exposé à l’humidité et aux matières organiques.

Toiture en cuivre

La toiture en cuivre est une expérience récente pour les structures en bambou, lancée par John Hardy et IBUKU. Elle est durable, mais très coûteuse. Les feuilles de cuivre sont façonnées à la main au sol comme des bardeaux de tuiles et mises en place sur le toit.

Pour un bâtiment en bambou bien conçu utilisant un toit en cuivre, nous recommandons une pente minimale de 15 degrés, et les chevrons ne doivent pas être placés à plus de 60 cm les uns des autres.

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Lors de la construction d’un toit en cuivre, des pelupuh sont d’abord placés sur les chevrons pour l’esthétique intérieure. Un revêtement en asphalte est ensuite fixé à l’aide d’un pistolet à clous, et un revêtement de bardeaux en tuiles de cuivre taillées à la main et personnalisées est placé comme couche finale.

Le toit en cuivre est très flexible et convient parfaitement aux toits curvilignes. Les bâtiments à toiture en cuivre sont très beaux, même lorsqu’ils sont exposés aux intempéries au fil du temps, lorsqu’une belle patine se forme. Ce système de toiture ne nécessite pas d’entretien.

La toiture est un élément très important de la construction en bambou et nécessite de trouver un équilibre entre le désir de durabilité et la beauté.

Crédit Photos : ©  Eduardo Souza

Notre avis : attention, nous vous présentons ici des techniques adaptées à l’Indonésie, où ce matériau se trouve en abondance. Toutefois, ce qu’il est intéressant de noter, c’est que le bambou peut être une belle alternative en charpente de toiture. Il convient ensuite de trouver le matériau de couverture (local) qui s’adapte : ardoise, bardeau de bois, chaume ? N’hésitez pas à nous faire part de vos retours d’expérience à ce sujet …

(Source)

Christian
Rédacteur Build Green, passionné par l'architecture et plus précisément les habitats écologiques et alternatifs. Je plaide pour une utilisation des énergies renouvelables, des matériaux recyclés et pour un habitat respectueux de l'environnement.

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