Le béton, à partir de ciment Portland, n’est plus la solution pour la construction de demain. Son impact environnemental est décrié. On vous a expliqué longuement pourquoi dans cet article précédemment. Mais alors quels sont les alternatives à ce béton traditionnel ? Tour d’horizon avec des autres bétons et autres solutions géosourcées et biosourcées.
Soyons bien clair, le béton a encore sa place dans la construction (beaucoup moins dans la rénovation) car il peut s’avérer utile dans la réalisation de grands ensembles, ne serait-ce que pour les fondations ou murs de soutènement, d’autant plus sur sols argileux. Par contre, dans la majorité des cas, il existe des alternatives pour remplacer le béton dans la construction d’une maison.
En voici, une liste non exhaustive …
Résumé :
Les bétons alternatifs
Les bétons de chaux
La chaux est utilisée depuis des millénaires pour faire des mortiers ou des enduits. Le béton de chaux permet de réalisé des dalles intérieure. Il se compose donc de chaux hydraulique faisant office de liant, ainsi que comme pour tout béton, de granulats (sable et gravillons), et d’eau. On trouve cette chaux principalement chez Saint-Astier.
Les bétons d’argile
Sur le terrain des liants alternatifs naturels, l’argile semble intéressé de plus en plus les industriels et start-uo.
Argilus, avec son ciment sursulsufaté H-Iona CE propose des bétons d’argile pour la réalisation de dalle entre 5 et 15cm d’épaisseur. Un produit “prêt à humidifier” et sans gravillons à rajouter.
Materrup propose un liant, Clay Cement MCC1®, à base d’argile crue à laquelle est associé un activateur et un précurseur secondaire. Elle propose le déploiement de sa plateforme technologique de rupture partout en France, pour produire ses ciments avec de l’argile locale. Pour le moment, ce ciment est réservé exclusivement à ses partenaires. Sinon, il faudra se tourner vers la gamme de bétons Argiroc, sous forme de bétons prêts à l’emploi (pour voile, dalle, chape, dallage, pré-mur, bloc) et préfabriqués destinés à différents usages.
Un autre nouveau, Hoffmann Green Cement Technologies, présente un ciment bas carbone sans clinker, mélange de co-produits (laitier des hauts fourneaux, argile, gypse), qui divise par 5 son impact carbone. Ce béton est conçu pour la réalisation d’escaliers, bordures, dalles, murs préfabriqués, voiles banchés, … Fort de son succès, l’entreprise se prépare à ouvrir son deuxième site de production en Vendée, à Bournezeau (85).
Les matériaux géosourcés
Au niveau de la structure du bâti, les solutions constructives géosourcées (avec matériaux issus de ressources d’origine minérale) sont aussi nombreuses, et pour certaines, là aussi, elles ont fait leur preuve depuis longtemps.
La pierre de nos ancêtres
Elle revient en force car sa ressource est loin d’être épuisée. On utilise avant tout les pierres issues de roches dures, d’une résistance mécanique suffisante. Plusieurs techniques sont possibles. On extrait la pierre naturelle de la roche locale, pour la transformer en pierre de taille (craie, tuffeau, granite, travertin, marbre) et ainsi ériger de beaux murs de pierre très rectilignes. On peut aussi mélanger des pierres de moellons (grès, schiste, calcaire, basalte) pour bâtir des murs au mortier plus ou moins réguliers. Plus simplement, la technique de la pierre sèche, a été développée souvent dans des régions dont le sol est chargé de pierres, extraites pour laisser place à des parcelles agricoles ou dérochées (d’un pan de roche). trouvées localement. L’assemblage se fait sans joint ni mortier, le plus souvent pour des murets de clôture, en soubassement ou en murs de soutènement mais aussi en toiture (lause).
Chaque région a ses particularités, et seuls les maçons traditionnels du secteur sont à même de vous proposer les solutions adaptées à votre projet. N’allez pas construire une maison en pierre de tuffe dans les Hauts de France, l’impact environnemental n’aurait plus d’intérêt !
Une fois la pierre extraite de certaines carrières, dès le moyen âge, de nombreuses cavités, lorsque leur exposition au sud apportait un apport solaire suffisant, ont été transformées en habitation. On retrouve un peu partout dans le monde ces maisons troglodytiques, et particulièrement en France entre Tours et Angers.
La pierre naturelle peut aussi être utilisée en parement, comme finition intérieure ou extérieure. Beaucoup de solutions artificielles sont proposées pour réduire le coût de ce type de matériau. Dans ce cas, il faut être vigilant sur la qualité des produits utilisés, leur nocivité et surtout leur recyclabilité.
La terre promise à de nombreuses applications
Ce matériau est le plus utilisé au monde, depuis la nuit des temps. Il est disponible quasiment partout mais doit présenter quelques qualités nécessaires à une bonne utilisation. Les techniques de mise en oeuvre de la terre sont très différentes d’une région à l’autre, selon les traditions, ses caractéristiques. En outre, malgré l’ancienneté de son usage, la terre fait encore office de nombreuses expérimentations.
Le Pisé ou terre banchée
C’est le principe le plus ancien de construction à fondations dites « ancrées ». La technique du pisé consiste à compacter un mélange d’argile, de sable et de gravier. Étalé en fine couche dans un coffrage (les banches), il est ensuite compacté au « pisoir ».
Cette technique permet de construire des murs porteurs jusqu’à R+2
La bauge (ou mortier de terre)
Système de construction monolithique répandu en Bretagne, les murs en bauge sont construits en empilant des boules de terre malléables (donc moyennement argileuses), puis ils sont battus et taillés.
Les murs sont ainsi constitués d’une succession de couches de terre dites levées généralement d’une soixantaine de centimètres de hauteur. Montée la plupart du temps à la fourche, la levée encore meuble est compactée au bâton, éventuellement taillée au paroir, bêche plate et tranchante, avant d’être lissée ou recompactée.
Pour le moment, la construction de mur en bauge n’est possible que un bâtiment de plein pied. Un projet de recherche franco-anglais Cobbauge est en cours et vise à rendre la bauge commercialement viable, en l’étayant par des données claires sur les performances et l’utilisation.
Les blocs de terre, briques de terre compressée (BTC) ou adobe
Constituées à partir de terre tamisée (0,5 à 0,8 mm au tamis) très légèrement humide, la brique est fortement comprimée à l’aide d’une presse. Une fois pressées, elles sont stockées et mises à sécher en phase humide, sous bâche, durant une à trois semaines. Passé ce délai, elles pourront être mises en œuvre. Ajouter à des additifs (de l’ordre de 10 % en volume) tels que la chaux ou le plâtre, cela permet de la stabiliser, principalement en vue du transport.
On les utilise principalement en intérieur pour construire des murs de refend, des cloisons et des parois non soumises à des efforts statiques.
Quelques entreprises (comme Filiater) proposent déjà des solutions constructives à partir de blocs de terre de plus grandes dimensions (de l’ordre du m3). Compressés sur place, ces blocs de terre offrent des propriétés mécaniques équivalentes voire supérieures au béton.
Quelques fabricants de BTC :
- Cycle Terre
- Briques Technic Concept
- AK Terre
- Argilus
- Carrelages de Samson
- Briqueterie Dewulf
- Mecaconcept
- Hyperbrick
- Terrargile
La terre coulée ou béton de terre
La terre coulée est la technique la plus récente. Elle utilise plusieurs formulations à base granulaire des matériaux à pisé, renchéri de fines ou graves et d’eau. Le matériau simple dans sa composition peut être traité en mise en œuvre tel un béton de ciment « classique », c’est-à-dire coulé entre des banches étanches, sans compactage mais avec une aiguille vibrante. L’intérêt de cette méthode, au-delà d’utiliser de terres locales du site ou des volumes de rejets de front de carrière est d’offrir la résistance mécanique d’un mur porteur pour un impact environnemental minimal.
Plusieurs projets ont déjà permis de réaliser des bâtiments à plusieurs niveaux. En France, c’est le programme de Béton d’Argile Environnemental (BAE) de 2010 à 2013 qui a permis de faire avancer considérablement la compréhension de la matière terre et les mécanismes de sa cohésion.
Le autres solutions à base de terre crue
La terre étant disponible presque partout en France, elle a fait donc l’objet de nombreuses autres techniques, souvent combinées à d’autres matériaux.
Pour la réalisation des sols, il existe ainsi plusieurs manières d’utiliser la terre crue :
- les dalles en terre compactée, à partir d’un mélange humide, reçoivent un traitement de surface ;
- les dalles étalées, réalisées avec un mélange plastique, recouvertes d’un enduit de finition ;
- les dalles en terre coulée, recouvertes d’un enduit de finition.
Les murs et planchers peuvent aussi faire l’objet d’un remplissage sous forme :
- torchis lourd, sur un support végétal ou sur un support métallique ;
- torchis léger, sur un coffrage perdu/mobile, ou en éléments préfabriqués ;
- de terre foisonnée sur un coffrage perdu.
Les parois intérieures comme extérieures
On retrouve la terre dans de nombreux enduits :
- en enduit décoratif ou de finition, pour tous supports granuleux, mais également sur plâtre et sur béton avec une sous-couche d’accroche. Un liant (argile, chaux ou plâtre), des pigments colorants et du sable viennent compléter le mélange pour une meilleure accroche ou finition ;
- en enduits à correction thermique (ou effusivité) via l’adjonction de chaux, de fibres végétales (paille , chanvre ou lin) ou parfois de cellulose, donnant une texture plus uniforme et améliorant le confort thermique (été comme hiver). Solution idéale pour les murs en pierre.
Autre technique, assez peu répandue en France, mais très utilisée dans le Maghreb ou en Asie, le super adobe ou earthbag.
Conçu par l’architecte américano-iranien Nader Khalili (1937 – 2008), l’earthbag est une solution simple et rapide de construire à base de la terre, éventuellement mélangée à du sable et des agrégats (cailloux, graviers), introduit dans un rouleau de polypropylène pour former des rangées, jusqu’à obtenir un dôme. Une version encore plus rudimentaire a été créée par Evelyne Adam, la Kerterre.
Parmi les concepts réalisés à partir de terre, le plus emblématique est la maison de Hobbit, qu’on retrouve dans la saga du Seigneur des Anneaux de Tolkien. Souvent adossées des collines ces maisons sont réalisées en terre, avec des ouvertures rondes et un toit végétalisé.
Les matériaux biosourcés par nature
Les matériaux biosourcés sont issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale. A ne pas confondre avec les biomatériaux, conçu pour interagir avec les systèmes biologiques (dans le domaine médical) !
Un label (Produit Biosourcé) vient préciser les quantités minimum de matières végétales nécessaire pour être qualifié de biosourcé.
La plupart de ces matériaux ont l’énorme avantage de capter et conserver le CO2 durant toute leur durée de vie.
Le bois, par essence
Le bois est un matériau historique de la construction. Il est utilisé en structure, comme en charpente ou plancher. Le bois se trouve en différents formats et techniques :
L’ossature bois
Technique la plus répandue dans la construction, la maison ossature bois (MOB) est construite à partir d’une trame de montants en bois de faible section entretoisés horizontalement par des traverses. Cette trame constitue le support du plancher et de la toiture du bâtiment. Elle est recouverte par des panneaux en OSB ou en contreplaqué, fixés sur des panneaux de contreventement dont les interstices sont emplis de matériaux isolants. L’ossature est fixée sur la dalle par les lisses basses.
Le gros intérêt de cette technique appelée « hors sol » ou « sèche », c’est de pouvoir être préfabriquée en usine, au sec pour ensuite être livré en kit par panneaux, pouvant comprendre tous les éléments (menuiseries, isolants, panneaux de finition, bardage, …).
Le poteau-poutre
L’ossature poteau-poutre est une technique de construction traditionnelle constituée de poteaux de la taille d’un étage. Ce ne sont plus, ici, les murs qui portent la plateforme supérieure, mais des poteaux répartis selon un tramage propre à assurer des portées importantes et la reprise de charge des éléments supérieurs. Les poteaux sont espacés de un à plusieurs mètres et sont chargés de soutenir de grandes poutres espacées de deux à cinq mètre. L’ensemble constitue l’ossature de la maison qui permet de dégager de grands espaces pour aménager plus librement les espaces et installer de larges baies vitrées.
Les bois empilés
Cette technique est mieux adaptée aux zones de montagne (chalet) où elle trouve ses origines, car les écarts de températures y sont moins importants. Délicats au plan de l’étanchéité à l’air (à cause des retraits, gonflements), cette technique d’assemblage est utilisée soit à partir de :
- madriers : emboitage de pièces de bois taillées à plat qui ne sont pas fixées entre elles. L’ensemble peut être livré en kit et isolé par l’intérieur ou l’extérieur.
- de rondins (fuste) : fait de troncs bruts (non calibrés), simplement écorcés et empilés, les fûts s’encastrent dans leur longueur et sont entrecroisés dans les angles. L’ajout d’isolant est possible par l’intérieur, mais fait perdre tout le charme. D’où sa perte de vitesse depuis la dernière réglementation constructive (RE2020).
Beaucoup de solutions en bois empilés (madriers) sont aujourd’hui proposées en kit, certaines avec dépôt de brevet pour leur originalité.
Les panneaux bois massifs
Qu’on les nomme CLT (Cross Laminated Timber), bois lamellé croisé ou KLH, ces panneaux sont des panneaux contrecollés, constitués de plusieurs couches de bois massif collées de manière croisée. Leur épaisseur varie de 6 à 32 cm et leurs dimensions de 2,95m de large à 16 mètres de long.
La construction en panneaux bois massif consiste à monter et assembler des panneaux préfabriqués sur mesure qui constituent les murs porteurs ou non porteurs, les planchers, les cloisons et même les plafonds.
Une autre variante du panneau bois contrecollé, est le lamibois (ou bois lamifié ou bois en placage stratifié). C’est un matériau composite constitué de couches de placage de bois stratifié avec un adhésif. Les fibres du placage sont principalement orientées dans la même direction (orientation parallèle) mais on trouve certains lamibois avec un placage à fils croisés pour un usage structurel.
Si ces panneaux offrent une solution structurelle de qualité pour de la construction de plusieurs niveaux, leur principal défaut réside dans l’usage de colles, souvent à base de polyuréthane (pétrochimique) et donc toxique. Certains industriels ont fait des progrès dans la composition de ces colles, mais cela reste encore marginal.
Il existe une solution alternative plus traditionnelle, c’est le bois massif cloué. Plus écologique à sa fabrication, ses dimensions sont toutefois plus limitées et son prix est bien plus élevé.
La poutre I
Autre alternative, la poutre en I se compose d’un panneau de fibre de dure, pour une résistance au cisaillement élevée, et de membrures en lamibois. C’est un des matériaux bois les plus solides du marché. Elle est conçue pour réduire et optimiser la quantité de matériaux. Les domaines d’application sont les mêmes que ceux des poutres en bois massif conventionnelles : en murs, toitures, planchers.
Le colombage
La technique du colombage a été largement utilisée dans certaines régions de France depuis le moyen âge. Cette technique utilise des éléments de bois verticaux et des traverses horizontales de fortes sections entre lesquels un remplissage est effectué en torchis, briques ou terre. On trouve encore quelques artisans capable de mettre oeuvre cette technique en construction comme en rénovation. Toutefois, difficile de trouver une formation en colombage, ou d’espérer développer cette technique à grande échelle à court terme.
Si le bois présente l’avantage d’être décarboné et renouvelable, il n’est pourtant pas une ressource infinie (multiples usages, incendies, maladies), comparée aux besoins dans le bâtiment. C’est donc l’une des meilleures solutions en construction, extension, surélévation, mais peut être à combiner avec d’autres matériaux.
La paille porteuse
Cette technique de paille porteuse, appelée également Nebraska (de par son origine), consiste à utiliser les bottes de paille comme gros blocs de construction assurant à la fois le matériau porteur et l’élément isolant. Les bottes sont prises en sandwich entre les fondations et la toiture par des tiges filetées. Elles sont directement enduites de chaux à l’extérieur et de terre à l’intérieur. Ce procédé très simple et très peu coûteux limite également la surface des ouvertures afin de garantir la stabilité de l’édifice.
Gros capteur de carbone, la paille présente de nombreux autres avantages et quelques inconvénients que nous vous détaillons ici.
Pas encore normalisée pour la France, l’association Nebraska, travaille actuellement sur l’écriture de textes réglementaires et propose des formations à la technique.
Le carton
Il a fait l’objet de nombreuses études pour des développements industriels en construction. Deux entreprises proposent aujourd’hui une solution en France à base de papier et carton recyclé. L’une propose un carton ondulé autoportant composé de lamelles de carton prises en sandwich entre deux plaques de polypropylène alvéolaire recyclé, aussi appelées membranes Aquilux (pour garantir la résistance à l’eau du produit).
Léger (densité de 91 kg par m3 et pèse 28,61 kg par m2), au transport comme à sa mise en oeuvre, le carton se comporte très bien face aux séismes. Si ses performances thermiques sont respectables, son principal atout est son déphasage : jusqu’à 15H. Ce qui en fait le matériau structurel le meilleur sur le marché.
Dans le bâtiment, ce carton est apprécié pour ses qualités d’isolant phonique, mécanique et électrique. 100% recyclable, jusqu’à 9 fois sans apport de matière neuve, cette solution permet de construire des bâtiment en R+2.
Le bloc ou brique de chanvre
Solution encore balbutiante, le bloc/brique de chanvre est composé de chènevotte (paille de chanvre) et d’un liant naturel : la chaux hydraulique et/ou aérienne. L’ensemble forme un bloc d’épaisseur variable de 7 à 36 cm.
2 types de blocs de chanvres sont fabriqués :
- le bloc à emboitement : composé de chènevotte (la tige du chanvre) et de ciment naturel prompt (un liant similaire à la chaux hydraulique), cette solution à emboîtement s’intègre sans isolation à tous systèmes constructifs de type poteau-poutre mais surtout en béton armé coulé, dans des blocs spécifiques prévus à cet effet.
- le bloc isolant : de même composition, il se maçonne à l’aide d’un mortier à base de chaux, pour des projets d’isolation par l’intérieur, par l’extérieur, l’isolation des sols ou pour des cloisons de distribution.
Pas vraiment structurel et composé de ciment, ces blocs offrent toutefois les avantages du chanvre. A savoir, un matériau d’origine naturelle, à bonnes performances thermiques et acoustiques, régulateur d’humidité, offrant une bonne résistance au feu.
Le bambou
L’analyse de cycle de vie du bambou est très favorable à un développement dans la famille des matériaux biosourcés : il pousse rapidement avec peu d’eau et d’intrants, sa fabrication et transformation demande peu d’énergie, son conditionnement est adapté à de nombreux modes de transports, ses caractéristiques techniques sont intéressantes dans bien des domaines et son recyclage est facile.
Avec une résistance à la traction supérieure à celle de l’acier doux et une capacité de résistance à la compression deux fois supérieure à celle du béton, les produits en bambou peuvent fournir une alternative à faible teneur en carbone, voire négative, aux matériaux comme le PVC, le béton, le plastique et l’acier.
On retrouve le bambou comme matériau structurel (charpente, toiture) dans de plus en plus de bâtiments dans le monde. Une entreprise américaine commerciale un système constructif à base de bambou, le SEB (bambou d’ingénierie structurelle), offrant une solidité et un captage de CO2 supérieurs au bois.
Reste à organiser la filière en France, à trouver les bonnes applications et surtout à le normaliser pour notre marché.
Les matériaux non structurels
Les isolants biosourcés
Le choix de l’isolant dans la construction ou pour une rénovation va aussi influer sur l’impact environnemental mais aussi sur la pérennité du bâti. Seuls les matériaux d’origine biosourcée, pour rappel, issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale, ont les toutes caractéristiques techniques et répondent aux critères écologiques.
Parmi tous ses isolants biosourcés, on peut citer :
- la paille
- le chanvre
- le bois (laine et fibre)
- l’herbe (Gramitherm)
- le liège
- le lin
- le miscanthus
- la laine de coton
- la ouate de cellulose ou de carton
La toiture
Parmi les autres composants d’une bâtiment, la toiture peut représenter 20 à 25% des matériaux (en quantité) de la construction ou rénovation. Une grande gamme de tuiles et d’ardoises sont constituées de ciment. Or il existe d’autres solutions plus écologiques pour réaliser une toiture souvent plus durable dans le temps.
- les tavaillons et bardeaux de bois
- les lauzes
- le chaume
- les paillages
- le zinc
- l’ardoise naturelle
Vous retrouverez plus de détails sur ces matériaux dans notre article dédié aux matériaux durables pour toitures.
Les pieux, pour des maisons sur pilotis
L’une des problématiques du béton, est d’artificialiser de façon durable les sols. Une des solutions pour éviter ce désagrément, serait de construire sur pilotis.
Le principe d’une construction sur pilotis est de surélever le plancher du niveau praticable. On pose alors le plancher sur des pilotis, des poteaux enfoncés dans le sol. Ces constructions sur pilotis ne demandent que peu d’aménagement, de type terrassement et n’ont pas besoin de décaissement ou de dispositif de drainage.
Plusieurs avantages à ce type de construction :
- elles sont plus faciles et rapides à réaliser
- elles évitent les problèmes d’humidité, voire d’inondation
- elles s’adaptent particulièrement à des terrains pentus
- sur sol argileux, elles limitent les risques de fissuration
- elles font barrière à certains nuisibles, tout en préservant la biodiversité
La construction 3D mais D pour durable
On relate régulièrement dans nos articles des innovations en matière de construction 3D. Si cette technique pourrait faire bondir certains, notamment pour son aspect social, elle présente toutefois de nombreux atouts pour son aspect environnemental. En effet, les quantités de matières peuvent être bien mieux maîtrisées dès la planification du projet, sans déchets, pour un besoin en énergie à la mise en oeuvre, somme toute limitée.
De nombreuses expérimentations sont en cours de par le monde, avec des matériaux autres que le ciment, comme la terre (ici ou là), le chanvre ou la paille. Certaines impression 3D sont combinées avec le bois comme ici ou là, permettent de présenter un design plus original.
Avec des matériaux locaux, d’origine biosourcée ou géosourcée, la construction 3D peut-elle offrir dans les années à venir les caractéristiques d’une solution alternative au béton ? Les analyses de cycle de vie de ces solutions pourraient bien nous étonner …
Les matériaux recyclés sans bricoler
La filière bâtiment génère plus de 230 millions de tonnes de déchets par an, une quantité issue essentiellement de la déconstruction et de la réhabilitation. C’est aussi un potentiel énorme de matériaux, mais pour quel usage ?
Le réemploi
C’est la ré-utilisation d’un bien pour un usage identique à son usage initial. Cela peut concerner les châssis, le bois de coffrage, les menuiseries par exemple, qu’ils aient déjà eu une première vie ou qu’ils fassent partie de retours chantiers, neufs et non utilisés.
La réutilisation
Elle permet à un déchet d’être récupéré pour un usage différent de celui pour lequel il a été initialement conçu. Cela peut être d’anciennes fenêtres qui seront transformées en serre, des fins de parquets qui feront le plan de travail dans la cuisine…
Le recyclage
C’est l’opération par laquelle la matière première d’un déchet est utilisée pour fabriquer un nouveau produit, après transformation. C’est le cas, des granulats qui sont réintroduits dans du béton, de l’OSB fabriqué avec des déchets de bois…
En 2023, les produits et matériaux de construction seront ajoutés au principe de Responsabilité Élargie du Producteur REP également appelé “principe du pollueur-payeur”. Plus de 40 millions de tonnes de déchets du bâtiment seront alors à trier et à valoriser. Les écocontributions seront appliquées sur les produits et matériaux de construction à partir du 1er mai 2023, et les services de reprise gratuite des déchets triés seront financés par les pollueurs (artisans qui facturent à leurs clients).
Certaines filières comme le béton, la laine minérale, le verre cellulaire ou les menuiseries PVC travaillent déjà à l’intégration de matériaux recyclés. On peut toutefois s’interroger sur le bilan carbone de ces opérations, même si ces déchets ont le mérite de ne plus se retrouver dans la nature.
Autre point délicat, la garantie de ces matériaux :
- Qui sera responsable de la durabilité dudit matériau et de ses performances, une fois qu’il sera revendu, qui plus est s’il est destiné à la construction d’un bâtiment neuf, soumis à décennale ?
- Qu’en sera-t-il de son coût et de l’économie réelle par rapport à un produit neuf ?
Les questions restent en suspens, nous en avions détaillé nos doutes ici…
Cette solution, vertueuse en apparence, va inévitablement se développer et s’organise progressivement, mais il faudra être attentif à la qualité des matériaux et à leur usage, pour ne pas tomber dans des travers de malfaçon.
Parmi les systèmes constructifs utilisant des matériaux recyclés, on vous a présenté de nombreux earthship, concept créé par Michael Reynolds aux Etats-Unis. Le principe de base est de construire à partir de pneus usagés, de bouteilles de verre et de canettes aluminium. vous retrouverez le concept de earthship en détail dans cet article.
Comme vous pouvez le constater, il existe de nombreuses alternatives au béton, mais surtout à son liant le ciment, pour construire. Que ces matériaux soient locaux, biosourcés, recyclés ou préfabriqués, ils ont tous l’avantage de réduire considérablement les émissions non seulement de carbones, mais de tout autre polluant pour leur fabrication.
Toutefois, bien que beaucoup de ces solutions soient connues et reconnues, depuis plusieurs centaines d’années, pour certaines, il reste toujours la problématique de leur garantie et assurabilité. De nombreuses avancées ont été faites du côté des assureurs, et certaines techniques ont fait l’objet de règles de l’art professionnelles ou de documents techniques. Il est donc important de bien se renseigner auprès des maîtres d’oeuvre ou du fabricant sur les garanties apportées, avant de faire le choix d’une de ces solutions.
N’hésitez pas à proposer en commentaire d’autres solutions constructives, matériaux ou techniques alternatives au béton.
Crédits Images : St Astier, Argilus, Atelier ALP, Bric a Bloc, Amaco, BHR Breton, migratingculture, Evelyne Adam, Bilp, Kerto, Steico, Blog La Pamille, Biosys, Eveline de Bruin, Iago Corazza, IAAC, recyclind | Hans Braxmeier, Greg Montani et Nhật Lô de Pixabay