maison-restaurant par Junya Ishigami plus associates - Ube -Japon - photo Ikko Dobashi

Un français fait construire une incroyable maison et restaurant enterrés au Japon

Ce projet de résidence/restaurant de 270 m² pour un restaurateur français a été réalisé par Junya Ishigami & associés à Ubé au Japon.

[De l’architecte]  On m’a demandé de concevoir un bâtiment aussi « lourd » que possible.

 

« Je veux une architecture dont la lourdeur augmenterait avec le temps », demanda le client. « Cela ne doit pas être artificiellement lisse, mais plutôt quelque chose avec la rugosité de la nature.» L’ajout de cuisines authentiques exigent un tel lieu. Il a également souhaité que «cela donne l’impression qu’il est là depuis longtemps et qu’il y restera encore pour longtemps».

 

Son idée était de créer un tout nouveau restaurant établi de longue date. Il aspirait à quelque chose qui soit à la fois une maison et un restaurant, quelque chose qu’il puisse transmettre à ses enfants et petits-enfants. L’idée est qu’il invite des convives au restaurant comme s’il invitait des amis chez lui, dans un lieu spécial, où il les laisserait entrer dans le salon ou même passer la nuit. Lorsque le restaurant est fermé, la salle sert de lieu de séjour pour la famille ou d’étude pour les enfants. Le plan est agencé avec le restaurant au nord et la résidence au sud. Pour aller et venir entre les espaces, ils peuvent emprunter l’une des quelconque trois cours qui les séparent.

 

En termes de construction, nous avons conçu un processus de partage, d’acceptation et de référencement constant des imprécisions et des accidents survenus sur le site pour créer une architecture qui intériorise les distorsions et les incertitudes naturelles. Plus précisément, nous avons creusé un trou dans le sol pour couler du béton, creusé le volume et fixé des vitrages pour créer un espace intérieur.  » explique l’architecte

 

Tout d’abord, un modèle de masse ayant subi d’innombrables modifications a été converti en données 3D. Les données de coordonnées 3D ont ensuite été entrées dans un instrument de levé de station totale (TS) pour déterminer les points à l’aide d’un système de navigation pour le battage des pieux. Dans le même temps, les ouvriers du bâtiment ont creusé le trou manuellement pour plus de précision tout en confirmant constamment la position et la forme sur une tablette. Des facteurs inattendus tels que la pousse de l’herbe, l’effondrement du sol ou les erreurs dues au travail manuel ont été tolérés autant que possible. Lorsque la structure a été excavée après la solidification du béton, elle fut recouverte de boue. La géologie, la nature et l’apparence du sol différaient d’un endroit à l’autre.

 

Nous avions initialement prévu d’enlever la saleté pour révéler une structure en béton gris. Cependant, nous avons été impressionnés par son apparence avec le sol que nous avons décidé de laisser tel quel. C’est alors que nous avons ressenti l’atmosphère d’une grotte et avons décidé de redessiner le bâtiment avec une nouvelle image.  » détaille le maître d’œuvre du projet. 

 

Lors de la conception de l’espace intérieur, nous avons visualisé depuis des images 3D les différences entre les dessins de conception et les coordonnées de surface réelles de la structure excavée. Ce processus a révélé de nouveaux espaces que nous n’avions pas anticipés émerger des écarts qui se chevauchent.

Nous avons découvert de tels lieux et mis à jour la façon d’habiter l’architecture en conséquence. Ainsi, le processus de conception architecturale a été inversé, pour référencer la structure afin de déterminer les conceptions, comme le placement et le nombre de vitrages, la disposition et la taille des meubles, ainsi que les positions et les détails des équipements techniques.

Par exemple, les points d’ancrage du vitrage ont été ajustés en fonction des mesures réelles sur site, et les données de numérisation 3D ont été utilisées pour vérifier que le verre ne se briserait pas en frappant la structure pendant la construction ni en s’ouvrant/fermant, et pour ajuster la position des charnières.

Pour simplifier le tracé de la plomberie, l’alimentation en eau et le drainage ont été prévus pour traverser les trois cours en ligne droite, et des robinets, des tuyaux de drainage, des conduits de ventilation, etc. ont été installés pour pénétrer les fenêtres en verre dans les pièces.

Acceptant les incertitudes, la masse de béton se transformera progressivement en architecture par le cut-and-try (coupe et essaie). Le propriétaire va commencer une vie ici, diriger un restaurant, et continuer à renouveler ce lieu.

Notre avis : cette incroyable réalisation a été forgée dans le sol pour durer une éternité; en apparence ! On peut s’interroger de la durabilité des matériaux dans une zone fortement soumise aux séismes de forte intensité et typhons. Le béton et le verre seront-ils capable de résister à de telles secousses ? Par ailleurs, même si ce bâtiment a été conçu pour une longue durée de vie, l’usage du béton est-il si pertinent ? La terre, associée à d’autres matériaux (chaux ?) n’aurait-elle pas été beaucoup plus pertinente écologiquement parlant ? Espérons que les calculs de l’architecte ne soient pas erronés, car le projet pourrait vite devenir une catastrophe financière et écologique !

(source)

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Pascal Faucompré
Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it

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