L’uberisation de la société offre des perspectives nouvelles dans de nombreux secteurs d’activité. Passé outre le circuit traditionnel des professionnels de la filière peut s’avérer une bonne affaire. Et le bâtiment n’échappe pas au phénomène. Alors, faut-il céder à la mode ? Regardons de plus près cette tendance qui tente de pénétrer les domaines de l’habitat écologique et de l’éco-construction.
Le principe
A l’origine, le chantier participatif était une pratique d’entraide extrêmement répandue dans nos campagnes, appelée aussi corvée (vidéo), qui pour construire une ferme, qui pour monter un hangar, on demandait la participation de ses voisins et amis du village pour terminer le chantier au plus vite. Bien souvent, le bénéficiaire avait déjà participé soit à d’autres chantiers, comme à la moisson d’un voisin, avant de demander lui-même de l’aide. Tout le monde participait joyeusement à ces chantiers, des plus jeunes aux plus anciens, les hommes comme les femmes, apportant sa contribution, chacun à sa mesure directement ou indirectement.
Cette pratique a ensuite été popularisée après la seconde mondiale avec les Castors puis beaucoup plus tard par l’association Les Compagnons Bâtisseurs et divers autres associations comme Botmobil pour les maisons paille.
Aujourd’hui, internet a changé la donne. Pour auto-construire ou auto-rénover sans aucune compétence et surtout suffisamment de temps pour s’y consacrer, le chantier participatif est une solution idéale : vous proposez votre projet sur un site dédié et des bénévoles se proposent pour venir vous donner un coup de main. Un concept idyllique en soi ! Surtout si vous souhaitez mettre en place un projet écologique avec des techniques qui demandent beaucoup de main d’oeuvre et quelque savoir-faire.
Une solution idéale pour qui souhaiterait organiser un chantier d’enduit à la chaux, de construction d’une maison isolée en paille, du montage d’une ossature bois pour une extension, de la pose d’un bardage extérieur bois ou de la restauration d’un corps complet de ferme, par exemples.
Des plateformes dédiées et des sites d’association proposent ce service et peuvent aller plus loin en proposant une assurance optionnelle pour protéger les bénévoles participants.
En passant par une association les services offerts sont rudimentaires. Les plateformes proposent un peu plus de fonctionnalités :
- publication de l’annonce
- mise en relation avec les participants
- gestion des participations
- communication sur le chantier (actualités)
- ajout du témoignage du participant
Accessoirement, vous pouvez faire appel à un professionnel qualifié si vous ne trouvez pas les bénévoles compétents pour vous assister dans les travaux.
Les avantages d’organiser un chantier participatif
Apprendre en faisant
Rien de mieux que mettre la main à la pâte pour découvrir des techniques plus ou moins éprouvées sur un chantier participatif. Le concept est simple : un coup de main contre du savoir. Encore faut-il qu’il y ait l’accompagnement d’un professionnel pour valider les réalisations. Car bien qu’on trouve pléthore de vidéos pour s’auto-former à la pose d’un enduit à la chaux, d’une isolation en ouate de cellulose ou de menuiseries, ces tutos sont souvent incomplets et parfois pas vraiment adaptés à votre cas.
Des économies … a priori
Avoir recours à une main d’oeuvre bénévole et volontaire est un bon moyen de faire des économies. Pourtant, dans la suite de l’article, bien qu’au final comptablement cette solution puisse s’avérer avantageuse, si tout se passe pour le mieux, au moindre caillou dans les rouages, la note peut vite exploser. Il est fortement conseillé de prévoir une enveloppe budgétaire supplémentaire pour tous les imprévus dont nous allons vous parler ensuite …
Garder la main sur son chantier
Pour un projet de construction et de réhabilitation, le chantier participatif offre l’intérêt de rester maître de votre projet. Vous suivez pas à pas les étapes des travaux et vous organisez le chantier selon vos prérogatives. Programmer un chantier en été devient un jeu d’enfants : beaucoup de gens prennent leurs vacances pendant cette période et le temps est souvent de la fête. Par contre, vous aurez plus de mal à compter sur des professionnels qui partent aussi en congés à ce moment !
Une démarche qui se veut écologique
Cette pratique est en effet très répandue sur les chantiers intégrant paille ou terre, car ces techniques demandent l’aide de beaucoup de bras. D’ailleurs, si la majorité des chantiers participatifs sont réalisés dans un contexte écologique, ils le sont plus souvent pour réaliser des économies. Ce qui pose parfois le problème de la pertinence de certains travaux, dont le retour sur investissement à moyen et long terme peut s’avérer douteux.
Voyager et rencontrer d’autres personnes
Ce type d’entraide est l’opportunité de découvrir de belles régions et, comme dans tout projet qui se veut solidaire, de faire de belles rencontres. Ces instants conviviaux resteront souvent gravés à jamais dans les mémoires des participants … si l’organisation, les intervenants et la météo ont été de la fête. Ce qui, parfois, n’est pas le cas.
Des aides pour l’auto-réhabilitation
Dans le cadre d’un accompagnement de chantier par un professionnel, certaines régions et associations, aidées par l’Anah, organisent des chantiers participatifs pour rénover des logements de propriétaires en situation précaire.
Cette solution offre l’avantage de faire participer le propriétaire à son propre chantier avec l’encadrement d’un professionnel expérimenté et assisté de quelques stagiaires (qui peuvent être rémunérés). Une bonne occasion de se former à certaines techniques du bâtiment !
Si le chantier participatif présente quelques avantages sur le papier pour séduire les aspirants écologistes et solidaires, cette solution demande un gros travail de préparation pour combler les inconvénients qu’ils suscitent …
Les défauts du chantier solidaire
Les compétences professionnelles des participants
A la lecture des propositions de chantiers participatifs publiés sur l’une des principales plateformes dédiées à cette activité de mise en relation (car c’est bien de cela qu’il s’agit, pas d’organisation, mais simplement de favoriser la mise en relation), il apparaît que l’immense majorité des chantiers le sont sans la participation d’un professionnel.
Il semble évident que beaucoup des propriétaires, bien que pleins de bonne volonté, n’ont aucune connaissance technique pour la réalisation de ce qui est proposé.
- les travaux envisagés sont-ils pertinents ? (qui aura jugé de la solidité de l’ouvrage ancien, par exemple une charpente avant pose de couverture ? qui aura validé le type d’enduit sur tel ou tel mur selon sa nature d’origine ? et encore de nombreux autres points extrêmement délicats,
- quid des connaissances transmises aux participants qui, pour leur immense majorité, sont venus majoritairement pour participer pas seulement par bonté d’âme et soutien à son prochain dans la difficulté, mais avec l’espoir d’un échange équitable entre force de travail et connaissances acquises ?
- Quelle sera la pertinence des travaux qu’ils engageront chez eux, basés sur des acquis pour le moins aléatoires ?
- en cas de malfaçon, à qui imputer une éventuelle responsabilité ?
- …
La plateforme se désengage de toute responsabilité
Si passer par un service de mise en relation facilite la recherche de bénévoles, la plateforme ne vous garantira :
- ni l’origine et les compétences de ces volontaires. Un système de notation à la Blablacar pourrait pourtant être facilement mis en place, mais serait-ce pertinent ?
- évidemment pas la qualité du travail effectué, les risques seraient bien trop élevés pour un assureur
- les biens et des personnes en cas d’accident, il faudra avoir recours à une assurance tiers (voir ci-dessous)
Et comme le précise une plateforme de mise en relation en chantier participatif : ”Vous reconnaissez que la (plateforme) ne pourra en aucun cas être tenue comme responsable des propos ou agissements des membres. L’authenticité des informations fournies par les membres n’étant pas toujours vérifiée, et parfois invérifiable, il est important que vous preniez certaines précautions lors des événements. Vous reconnaissez être vigilant et reconnaissez que (la plateforme) ne peut être tenue responsable de ce qui peut arriver lors des événements proposés sur le site (conditions d’accueil et de participation, sécurité etc.).
Vous êtes désormais prévenu !
La sécurité est-elle vraiment respectée ?
Comme les chantiers participatifs sont majoritairement organisés entre particuliers, on peut douter donc des compétences en matière de protection des participants :
- quelle sécurité pour les participants : état des éventuels échafaudages ? les matériels sont-ils aux normes CE et contrôlés ?
- les matériaux utilisés sont-ils maîtrisés, par exemple l’emploi de la chaux peut causer de graves brûlures,
- les masques et les gants de protection sont-ils prévus pour l’usage de certains matériaux, …
- qui, sur le chantier, connaît les obligations telles que les garde-corps au bord d’une trémie ou autre ? qui fournit le stop-chute pour monter sur le toit ?
Ces règles, bien connues des professionnels, par ailleurs, obligatoires sur tout chantier, permettent de limiter les accidents mais malheureusement ne les empêchent pas. Il faut être très vigilant en matière de sécurité.
L’assurance négligée
Jusqu’ici nous n’avons pas connaissance d’accident grave ou mortel sur un chantier (à moins que les affaires aient été étouffées). Pourtant le bâtiment est le 1er secteur à risque d’accident de travail en France, et avec 130 décès sur des chantiers réglementés en 2015, il est primordial de s’inquiéter de s’assurer comme il se doit pour soi-même et les participants.
Le bénévole doit avoir une assurance responsabilité civile qui le couvre vis à vis des tiers d’une part. Si cette assurance peut prendre en charge les accidents via la GAV (Garantie Accident de la Vie), celle-ci ne décharge en aucun cas les responsabilités de l’organisateur. En effet, si celui-ci a négligé la sécurité du chantier et des bénévoles, l’assurance du bénévole se retournera systématiquement sur l’organisateur. Et tout votre avenir peut se jouer en quelques secondes !
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’un maître d’ouvrage doit obligatoirement s’assurer en garantie dommages-ouvrage pour tous travaux lourds. Or, si c’est le cas pour la majorité des chantiers participatifs, nombre d’assureurs rechignent à couvrir un chantier qui n’est pas accompagné par un professionnel. Et c’est logique, car en cas de malfaçon, contre qui se retourner ?
Une logistique imposante
En dehors de l’assurance, il faudra aussi prévoir ou tout au moins exiger les EPI (Équipements de Protection Individuelle) adéquats et obligatoires pour chacun. Et pour les exiger, le mieux est d’en connaître la nécessité et l’obligation : à nouveau on revient aux compétences professionnelles.
A cela, pensez que, comme, le plus souvent, l’hébergement, et au minimum, les repas sont à votre charge, il vous faut une personne (de la famille ou autre) dédiée à leur préparation. Et là c’est le drame, car les goûts et les régimes alimentaires de chacun seront aussi à prendre en compte avant le démarrage du chantier !
Bien évidemment, l’organisateur devra penser à fournir les outils et les matériaux nécessaires au bon déroulement du chantier et une protection pour faire face aux éléments naturels : point d’eau potable, électricité, coin d’ombre lors de temps chauds, coin chaud lors de temps froids, coin abrité lors de temps humides ou venteux, toilettes, de préférence sèches, lumière, ….
La gestion des déchets de chantier est également un point important à préparer : tri sélectif, conditionnements, ….
Management “keep-cool” !
En plus de l’organisation de la logistique ci-dessus, vous devrez faire face à un autre phénomène, lié au fait que vous avez recours à du bénévolat : la présence des participants/inscrits ! Or, il est rare qu’un chantier participatif se retrouve avec un effectif au complet. Et c’est souvent ce qui va désorganiser le chantier et vous amener à gérer une situation de stress désagréable.
Ensuite, toute la difficulté quand on a un groupe de personnes, dont on ne connaît ni les compétences ni les caractères, est de mettre en place une gestion et une direction de chantier cohérente.
Organiser un chantier n’est déjà pas simple, jouer avec les susceptibilités de chacun(e), ou détecter les capacités à s’adapter et les compétences réelles n’est vraiment pas donné à n’importe qui. Mesurez bien l’importance que vous aurez à gérer le stress d’une telle organisation, surtout si le chantier doit s’articuler autour de plusieurs métiers à la fois.
Des professionnels inquiets de l’ubérisation du métier
Si pour le particulier ce type de plateforme de mise en relation offre de nombreux avantages, pour les professionnels du bâtiment, il n’en est pas de même : 52% estiment qu’elles sont un danger pour la profession. Et ils ont de quoi s’inquiéter quand on sait que plus de 80% de ces chantiers participatifs ont lieu entre particuliers ! La FFB demande ainsi à ce que le gouvernement impose l’encadrement de ces chantiers par des professionnels. Le meilleur moyen de réduire les risques de malfaçon et d’accident !
Avec la meilleure volonté du monde, on ne s’improvise pas si facilement spécialiste de tel ou tel matériau ou technique. Les vrais professionnels savent combien il est difficile d’acquérir tous les savoirs nécessaires à une seule profession, alors de là à se parachuter ainsi responsable bénévole de multiples travaux aussi divers que de la maçonnerie, du travail de la pierre, de la charpente, de la couverture (de la tuile à l’ardoise en passant par les lauzes, les bardeaux ou la chaume), de l’isolation, du carrelage, des enduits, de la pose de parquet, de la pose de menuiseries, de la fabrication et réalisation de peinture, de la plomberie, du chauffage, de la réalisation de chape, du terrassement …
Le moins qu’on puisse dire est que les professionnels ont peut-être raison de se poser des questions. La seule certitude qu’ils ont c’est qu’en cas de désordre ou malfaçon, c’est à eux qu’il sera fait appel pour rectifier et remettre en ordre … si cela s’avère possible !
Croyez-vous que le chantier participatif est une solution idéale ou la voix vers le désordre du bâtiment ?
Bonjour,
Vous le dites dans l’article, la plupart de ces chantiers concernent le domaine de l’éco-construction, et je rajouterais de l’auto-construction.
Or ce que vous ne dites pas, c’est qu’en éco-construction rares sont les professionnels qui se sont intéressés aux solutions, les vraies, celles avec matériaux sains et bio-sourcés, et donc savent les mettre en oeuvre.
En outre, le choix de l’auto-construction est très souvent une affaire de budget. Ces particuliers ne feront de toute façon pas appel à un pro.
Mais, la différence d’aujourd’hui par rapport au début des années 90, avec l’effet boule de neige de cette solution, c’est qu’il y a de vraies opportunités d’encadrement et de maitrise d’ouvrage pour les professionnels.
Nicole de Renov’Habitat 33-40
@Nicole Tout à fait d’accord avec vous que ces matériaux biosourcés demandent un accompagnement par des professionnels. Or, malheureusement ce n’est pas le cas pour la grande majorité de ces chantiers. C’est bien tout le problème.
A noter les nombreux commentaires que suscitent cet article sur le groupe Facebook « Rénovation pertinente » : https://www.facebook.com/shares/view?id=1460627687308741
Des échanges de très grandes qualités …
Cet article n’est malheureusement qu’un argumentaire contre les chantiers participatifs. Il ne cherche pas à exprime le point de vue des organisations professionnelles, par nature plus corporatistes encore que les artisans eux-mêmes. Ce serait plus intéressant de chercher à comprendre pourquoi les chantiers participatifs se développent. Cela amènerait à penser l’organisation de solutions hybrides de collaboration d’entreprises à des chantiers participatifs, ce qui se pratique d’ailleurs déjà.
@Kalk : Peut-être auriez-vous dû lire l’article avant de vous d’en faire une telle conclusion ? Le problème est justement que personne n’avait osé jusqu’ici faire la critique (positive comme négative) de ce type de chantier qui, de l’extérieur, comme de l’intérieur, semble si idyllique.
Pour que des organisations professionnelles puissent s’exprimer sur le sujet, encore faudrait-il qu’il y en ai réellement. Aujourd’hui ces organisations sont tellement embryonnaires (quelques dizaines de pros) et surtout pas si professionnelles que ça (beaucoup d’amateurs issus de chantiers participatifs) qu’elle ne peut pas avoir le recul nécessaire sur leur profession d’accompagnement (métier qui a moins de 10 ans en France et surtout aucune formation officielle). L’accompagnement par des pros est évidemment une nécessité, et c’est que nous préconisons dans cet article. Cependant, il va falloir encore beaucoup de temps avant que ces (nouveaux) professionnels soient parfaitement formés, non seulement à leur métier (ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’accompagnateurs) mais aussi sur des problématiques comme la sécurité, une vision plus globale du bâti et enfin le management d’un chantier. On ne s’improvise pas chef de chantier, il faut des années de formation et de pratique pour y parvenir. Et nous pensons qu’on a mis la charrette avant les boeufs dans ce système, le nombre de bons professionnels étant trop peu suffisant pour garantir à la fois un développement de ce système et éviter de nombreux désordres, malheureusement inévitables.
PS : pour ce qui est l’origine de ce type de chantiers, vous pouvez lire nos articles sur la paille et la terre …
Je rejoins pleinement l’avis de KALCK. (d’ailleurs, vous avez l’air d’être seul à défendre votre point de vue, c’est peut-être le moment de relativiser ?)
« Chantiers participatifs : vers l’uberisation du bâtiment » c’est le titre de votre article en partage sur les réseaux sociaux. Alors, soit c’est bien à charge, soit c’est putaclic, dans les 2 cas c’est malveillant.
Si l’article se voulait objectif, c’est raté et médiocre.
« Une démarche qui se veut écologique » –> vous parlez d’un retour sur investissement qui peut s’avérer douteux. Pourquoi ? Des exemple concrets ? (visiblement on va devoir se contenter de votre point de vue…) Etant du monde pro, je peux peut vous assurer que même avec un CCMI il y a beaucoup de retours sur investissement « douteux » avec des maisons faîtes par des bon pros avec décénale, et tout le tintouin.
La sécurité… bon, essayez de me prouver que c’est mieux respecté dans le monde pro, ma compagne est inspecteur, je peux vous garantir que ce n’est pas brillant (elle arrête souvent des chantiers) et pourtant cela devrait être un pré-requis pour un pro. Dans la sphère particulière, chacun prend ses responsabilités.
Votre paragraphe « Des professionnels inquiets de l’ubérisation du métier » est juste magique, vous y collez une source qui parle de plateformes qui n’ont rien à voir avec les chantiers participatif, là c’est le clou de ce spectacle de mauvaise foi.
L’entraide a toujours existé, et ça continuera car, qu’on le fasse en chantier participatif ou pas (on peut se faire aider par ses amis, pas obligé de passer par une plateforme), il y a des travaux qu’on a envie de réaliser soi-même.
Bref, c’est à ce demander quelle mouche vous a piqué ?
Cher @Quentin qui souhaite rester anonyme (je crois savoir pourquoi vu votre localisation et prénom)
Je vais répondre aux trois points que vous avez retenu sur un article qui en compte sept (négatifs). Il vous reste encore du chemin pour nous convaincre …
Tout d’abord sur l’ubérisation, je vous en rappelle la définition : du nom de l’entreprise Uber, est un phénomène récent dans le domaine de l’économie consistant en l’utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi instantanée, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies.
Aujourd’hui, on connaît les conséquences sociales et économiques de ces plateformes : elles n’ont rien fait progresser, et risquent de mettre en faillite de nombreuses petites entreprises (comme ça a été le cas dans les services de livraison à vélo).
Pour la démarche écologique, je vous renvoie à la partie sur les compétences. Je pense que c’est suffisamment clair.
Sur la sécurité, vous pensez sincèrement que votre argumentation doit désengager les professionnels de leurs obligations ? Il suffit de regarder les photos de chantier diffusées sur certaines plateformes de chantiers participatifs, pour voir que nombre de ces ouvriers amateurs prennent souvent des risques inconsidérés pour eux-mêmes et pour les autres, pour poser sérieusement cette problématique. Et la couverture que peut offrir les assurances (quand elles acceptent) suffira t-elle à payer les différents dégâts causés (pouvant aller jusqu’au handicap ou décès, sans parler des désordres techniques) ? Si une enquête est diligentée sur les conditions de sécurité du chantier, croyez-vous que l’assurance va rembourser ?
Pour l’ubérisation, je vous propose de bien relire l’article, repris d’un communiqué que plusieurs sites ont diffusés, qui vise les plateformes, comme nous le soulignons, non pas les particuliers eux-même (qui comme vous le soulignez justement et nous l’expliquons dans notre intro, n’ont pas attendu les plateformes pour se lancer dans l’entraide). Sachez d’ailleurs que les assureurs et les notaires ont en ligne de mire les auto-constructeurs (donc les chantiers participatifs). Une inquiétude qui, d’après nos sources, serait remontée jusqu’au gouvernement.
Cet article a été réalisé après discussions avec plusieurs professionnels ayant eu recours aux chantiers participatifs et déçus par le concept pour ces diverses raisons. Ils ont préféré rester anonyme, tout comme vous !
Vous vous contredisez vous mêmes : dans la définition que vous donnez de l’ubérisation, vous précisez bien que les plateformes mettent en relation professionnels et clients… Dans un chantier participatif, tous sont amateurs donc par définition c’est pas de l’Ubérisation mais de l’entraide, de la solidarité.
Dès lors, comme à chaque fois qu’on s’adresse à des amateurs, le bon sens est de mise : On ne demande pas aux participants de maîtriser tout un tas de connaissances techniques, et on ne demande pas non plus à l’organisateur de maîtriser toute la technique autour de son projet. Comme tout projet d’auto-construction, on est obligés d’y aller à tâtons, de faire appel à l’intelligence collective et d’envisager que les chantiers ne soient pas gérés comme ils le seraient par des professionnels. C’est juste du bon sens en fait.
Après si vous voulez pas auto-construire j’ai une solution pour vous : déboursez une quantité invraisemblable de pognon et faites appel à des professionnels. Là si le professionnel est compétent (pas si systématique que ça) et consciencieux (pas si fréquent que ça) vous aurez un résultat niquel. Bref cet article est d’un parti pris absolument ridicule.
@Raphaël : merci de votre contribution à cet article polémique sur la chantier participatif.
Concernant l’ubérisation : c’est justement parce que l’intervention du professionnel est sous-représentée dans ce type de chantier que nous considérons comme dangereuse cette pratique.
Sur l’intelligence collective : comme nous l’indiquons dans la majorité de ces chantiers, les sachants sont souvent peu représentés, et malheureusement pour nombre d’entre eux, présomptueux de leurs connaissances et de leur savoir. Il a fallu parfois des siècles de tests, de retour d’expérience, pour que les bonnes pratiques sur les matériaux naturelles aboutissent. Ce n’est pas en quelques heures ou jours de chantier que vous allez faire des stagiaires des sachants. L’intelligence collective est de la belle théorie utopique.
Sur les professionnels : vous oubliez un élément majeur : l’assurance. Contre qui va se retourner le propriétaire le jour où il découvrira des malfaçons ? Les stagiaires ? Certainement pas. Il n’aura plus que « ses yeux pour pleurer » et a payé un crédit pour une maison (inhabitable parfois) pendant des années. Et les cas commencent à se faire jour …
Enfin, pourquoi autant d’amateurs après avoir fait quelques chantiers et auto-construit leur maison se lancent en professionnels ? Pourquoi quelques associations (APTE, FEDAC) tentent de légitimer la profession d’accompagnateur de chantier ?
Le recours aux bénévoles pour alléger les coûts de main d’oeuvre, très élevé sur ce type de chantier, pourquoi pas : si ceux-ci sont bien couverts par une assurance, et si le maître d’ouvrage a fait un stage sur la sécurité sur chantier. Par contre, l’accompagnement par des professionnels, sur les chantiers où le gros oeuvre est impliqué devrait être obligatoire, non pas pour préserver une profession, mais pour protéger le maître d’ouvrage. C’est surtout là notre propos dans cet article.
Article peu convaincants ! On dirait les flics qui faute d’arguments, agissent toujours sous des prétextes de sécurité pour mettre à la rue. Bref… Très peu pour moi… Il est évident que ce qui est nouveau est imparfait, mais il y a une vraie nécessité et s’en détourner, ou insulter en qualifiant d’ubérisation est vraiment une pitoyable attaque… C’est on ne peu plus partial… Les pros tentent de défendre leur bout de gras quoi, commencent à se sentir dépossédés, faute d’être des vrais innovateurs… dommage pour eux, c’était lucratif, jusqu’à ce que les gens décident de se réapproprier l’habitat. Longue vie à ces démarches !! A bas les monopoles sur l’habitat, sur tout ce qui devrait appartenir à l’être humain. Dans plein de régions du monde, les gens fabriquent leur maison eux mêmes, et ça ne coûte rien. Et tout le monde sait construire une maison ! Enfin réveillez vous ! Le prix de l’habitat est le problème numéro loin en France, les abus ont été beaucoup trop loin…. La sécurité… mais oui, bien sûr ! allez continuez… essayez encore…
Bonjour Bérangère/Emilie : que d’agressivité envers les professionnels !
J’espère ne pas perdre mon temps à vous conseiller de lire attentivement ces 2 articles :
– Les démarches administratives pour construire
–Thinking out the box
S’il n’y avait pas les pros pour faire avancer la technique (et non la technologie), vous seriez incapable aujourd’hui de construire de façon écologique (paille, terre, chanvre, …)
Donc c’est un peu trop facile de pomper leur savoir, de taper sur le coût de leur prestation et de penser qu’on n’a pas besoin d’eux.
Enfin s’il existe des règles de construction, ce n’est pas vraiment pour protéger le secteur de la construction. L’objectif pour nombre de ces règles est de protéger l’environnement (sur l’assainissement ou la protection thermique notamment). A moins d’avoir fait des études en architecture, il y a peu de chance que vous maîtrisiez toutes ces règles !
Un dernier conseil, lisez-nous plus souvent, le sujet des chantiers participatifs n’est qu’une épingle dans une botte de foin. La rénovation de l’habitat est un marché autrement plus important.
Emilie/Bérengère : Un autre article qui devrait remettre les pendules à l’heure : Les joies et les écueils de l’auto-construction
Une autoconstruction sur deux se termine par une séparation. Cela laisse songeur !
Super article qui donne au moins à réfléchir de manière exhaustive, pour ces enjeux qui ne vont cesser d’évoluer !
Bonjour,
Depuis 2007, date de création de Formaterre (www.formaterre.org), j’ai dû encadré plus de 200 chantiers participatifs. L’objectif étant de mettre en oeuvre des techniques que je qualifie d’ « éconologiques » (écologique et plus économique que les techniques conventionnelles actuelles.
Je trouve l’article intéressant car il aborde les différentes facettes du chantier participatif. Je rajouterai le temps de préparation du chantier qui correspond au moins à 70% de la réussite (autant matérielle qu’humaine)
Thierry Baruch
Accompagnateur de chantiers participatifs.
Merci Thierry pour votre précieux témoignage qui conforte notre position sur le sujet.
Nous restons persuadé de l’intérêt du chantier participatif, si on prend bien en compte ses contraintes (dont sa préparation, que nous abordons brièvement ici) mais surtout s’il est accompagné, et encore mieux encadré par un professionnel.
Arrêtons de laisser croire qu’il suffit de s’inscrire sur une plateforme pour réussir un chantier participatif, dont on n’appréhende pas suffisamment les enjeux. La construction et la rénovation, d’autant plus basées sur des éco-matériaux, demandent impérativement l’expertise de professionnels reconnus et/ou d’associations spécialisées, telle que Formaterre.