Pourquoi ne pas mettre de ciment sur les murs d’une maison pierre ?

Jérôme dit « Jédebor Houston » sur Facebook (nom à lire en français !) rénove une maison ancienne en pierre d’environ 70 m² au sol, dont le pignon Est est mitoyen en région Centre à Authon du Perche (FR-28). 

Jérôme intervient régulièrement sur le groupe Facebook Rénovation Pertinente, crée par Claude Lefrançois. Après une séquence éprouvante de casse de l’enduit ciment intérieur dans sa nouvelle et future habitation, Jérôme observa sur ses murs l’évolution du travail des maçons au travers les siècles, avec plus de minutie pour les murs plus anciens.

Mais au gré du démontage, on peut voir moultes traces plus ou moins graves de la mauvaise alliance que constitue matériaux modernes et matériaux anciens.
Cette mauvaise alliance se traduit principalement par le fait que les matériaux anciens sont beaucoup moins étanches à la vapeur d’eau que les matériaux modernes, ce qui laisse des traces et peu parfois compromettre totalement un édifice.
Ici les dégâts sont limités mais observables :
  • Les enduits ciment ont globalement protégé les murs des précipitations
  • Les anciens propriétaires vivant à l’ancienne, le chauffage y a toujours été assez peu poussé
  • Enfin, les remontées capillaires sont quasi inexistantes.
Cependant, il demeurait dans les murs une quantité, parfois importante d’eau liquide liée principalement aux trous extérieurs laissant entrer l’eau de pluie.
Voici en images un panel de désordres liés à l’eau, pourquoi ces dégats sont limités, et comment s’en prémunir…

Ici le linteau pris dans sa gangue de ciment dont j’avais déjà parlé dans un autre article, l’eau s’infiltre par l’extérieur du pignon exposé aux vents dominants et humidifie tout le mur et le linteau, l’eau reste emprisonnée par le ciment maintient le bois dans un environnement idéal pour la mérule. Pas de panique, la mérule est partout, il convient juste de ne pas lui offrir les conditions de se développer, en ventilant et/ou en maintenant des températures qu’elle n’aime pas (plus difficile). Ici, le linteau est à changer, et le pignon sera habillé pour ne plus être soumis aux intempéries.

 

Ici, petite selection des bois en contact avec la partie du plancher en ciment, chaque latte entre terre et ciment a développé (et uniquement à cette jonction), pourriture cubique et pourriture blanche. Tout comme la mérule, pas besoin de traitement, juste éviter d’offrir la chance à ce type de champignon de se développer, par exemple, en évitant le ciment… Je précise que cette endroit ne subissait que l’échappement de la vapeur d’eau de l’habitat.

 

Les champignons sur le même lattis, vu de pret

 

Ici une chose intéressante à coté de laquelle j’ai failli passer, la laine de roche suspendue entre les solives sur des clous a arreté la vapeur d’eau, qui s’est finalement échappée par le bois des solives en laissant des taches sur celles ci. Même si c’est finalement sans trop de dégats en 40 ans d’usage, on voit bien l’interet ici d’utiliser des isolants bio-sourcés laissant respirer l’ensemble, ainsi que de bien ventiler l’air intérieur

 

Ce plancher en aggloméré était chargé par une chappe allégée à base de ciment, les infiltrations d’eau on eu rapidement raison de lui… pas de détail, l’ensemble de ce genre de dispositif est proscrit, purement et simplement.

 

On voit ici le dispositif isolant : faux plafond en briques platrières et laine de verre, bien applatie par l’humidité, mais aussi par les rongeurs, environs 15 souris mortes trouvées dans l’isolant.

 

L’un des abouts de solive dans sa gangue de ciment… çà se passe de commentaires… Pas de ciment !!!

 

Sondage d’humidité, derrière le doublage en polystyrène le mur est trempé, et les plots de platre ramollis, le ciment retiré, le mur est aussi trempé, la semaine suivante, la partie ou le ciment a été retiré est passée de orange mouillé, à jaune pâle sec…

En haut d’anciennes traces d’humidité, sans doute liées à un mauvais écoulement de la gouttière havraise au dessus à l’extérieur. De l’intéret de bien surveiller ses gouttières!

La gangue, ou plutot devrais je dire, le gang infernal, enduit ciment + carrelage, rien ne tient tout est trempé…

 

Ici le joint a mis 1 semaine a sécher, nous sommes sur la porte surmontée par la mérule.

 

Après la dépose du doublage polystyrène et 3 jours (un week end) de sechage, on voit la différence de séchage entre certains endroits et d’autres, par les auréoles que cela forme : verdict, évidemment, il faut tout retirer!

Ce qui fut commencé rapidement le mur étant naturellement trempé derrière, les joints sont humides et les silex perlent.

 

Le séchage différentiel nous laissait deviner l’ancien foyer dans le prolongement du conduit. Le dégager permet de compléter la lecture du mur, récupérer des matériaux (tout était empli de cailloux en guise de comblement), et enfin d’envisager l’éventuel aménagement d’un renfoncement pour des étagères dans la future partie salon après le montage de l’isolant et du parement intérieur.

Notre avis : nous avons déjà largement abordé ce sujet de l’humidité dans les dossiers de Claude Lefrançois sur Build Green. Tout enduit et mortier béton (à base de ciment Portland) est à proscrire sur des murs en pierre et en bois. Sa perméabilté est un atout pour l’étanchéité à l’eau mais une calamnité pour sa perspirance et le fait donc pourrir, comme on le voit dans cet exemple. Il peut en outre proquer le développement de champignon (comme la mérule) et rendre ainsi va logement impropre à son habitation.

Merci Jérôme pour ce partage d’expérience.

 

Pascal Faucompré on FacebookPascal Faucompré on LinkedinPascal Faucompré on PinterestPascal Faucompré on TwitterPascal Faucompré on Youtube
Pascal Faucompré
Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it

6 réflexions sur “Pourquoi ne pas mettre de ciment sur les murs d’une maison pierre ?

  1. bonjour,

    j’ai un projet de réhabilitation d’une grange en pierre en atelier de menuiserie.
    un des pignons de cette grange est bien bombé et fissuré (ça ne semble pas évoluer, la déformation à du être causé par l’affaissement de la charpente d’une grange mitoyenne qui été en appuis contre lui et qui à été démoli il y a une dizaine d’années), pour le sauver je cherche une solution pour faire un chainage intermédiaire (avant de faire une reprise sur les fissures)…. en cherchant des solutions, j’ai vu la technique du plancher collaborant bois/béton qui présente des avantages intéressants (coût modéré car épaisseur de dalle entre 5 et 7 cm, on garde le solivage et le plancher existant comme support, l’ajout de charge sur les murs périphérique reste modéré, ça permet de chainer les murs périphérique avec le ferraillage adéquate…)
    j’en ai parlé avec un archi (qui est plutôt pour) et un éco maçon (qui est plutôt contre), moi, personnellement, je ne suis pas pro-béton mais cette solution me semble bien dans mon cas car elle me permet d’utiliser l’existant (solivage et plancher en place) et d’augmenter significativement la portance du plancher (important pour posé des machine à bois de près d’une tonne chacune), et d’avoir un sol pratique pour un atelier ( je compte lisser cette dalle béton au quartz).
    est-ce que vous avez des retours sur cette technique (plancher mixte bois/béton en rénovation), car je n’ai trouvé que peu d’exemple sur le net…

  2. Bonjour.
    Quand on lit le mot « pierre » dans vos (les) articles, peut-on lui substituer le mot « brique pleine » [Qui n’est pas une pierre, évidemment) en totalité ou partiellement ou pas du tout ?
    Merci

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.