« Nous sommes en train de paver et de recouvrir ce pays à mort ». Ce sont les mots de l’architecte du Massachusetts Malcolm Wells qui, dans les années 1970, alors que le mouvement environnemental prenait de l’ampleur aux États-Unis, a renoncé au design contemporain en faveur de logements souterrains à faible consommation d’énergie.
Ses plans prévoyaient des maisons creusées dans les flancs de collines. Leurs toits pour la plupart enfouis dans la terre et l’herbe n’étaient brisés que par de larges lucarnes et des atriums pour laisser entrer le soleil. Selon le New York Times, pas moins de 2 000 maisons en terre, inspirées de Wells, ont été construites aux États-Unis dans les années 1970.
Parmi ceux qui ont été séduits par les projets de Wells se trouvait un ingénieur de chez Caterpillar, Jerry Dobyns, qui est tombé par hasard sur les créations de l’architecte dans le magazine Mother Earth News au milieu des années 70.
« C’était son rêve d’en construire une », déclare Kim Dobyns, la fille de Jerry, qui vient de mettre en vente la maison de trois chambres à coucher de son défunt père à Sheridan, dans l’Illinois, pour 170 000 euros environ. « Il avait une philosophie de sauvegarde de la planète, et était très conscient de la nécessité de réduire les coûts des services publics après la pénurie de gaz dans les années 70 ».
En partie grâce à l’engagement de Jerry en faveur de l’économie, il lui a fallu attendre 1985 pour réaliser pleinement son rêve. Il a acheté 20 ha de terrain boisé à la périphérie du petit Sheridan, à environ une heure de route à l’ouest de Chicago. Il a installé sa famille dans une caravane de deux chambres sur ce site pendant qu’il planifiait la construction de sa résidence écologique.
Jerry a fait la plupart des travaux lui-même avec des ouvriers qu’il avait engagés pour l’aider. Ils ont même transporté par camion les toits en dôme, chacun fait de béton de 20 cm d’épaisseur provenant de la société Terra-Dome, basée dans le Missouri. Ensuite, il les a fait couler.
Lorsque la maison a été terminée trois ans plus tard, la structure de 184 m2 était plus belle que les quartiers d’habitation de Jerry. Elle est devenue une partie de son identité.
« Je ne peux pas vous dire combien de vacances d’été nous avons passées à regarder les maisons en terre dans tout le pays », affirme Kim. « Il s’est fait des amis de longues dates avec d’autres propriétaires de maisons en terre ».
Avec ses panneaux de bois et son agencement de couleurs marron et beige, la maison en terre évoque une caverne au sens littéral du terme. Mais grâce à des fenêtres allant du sol au plafond et à une lucarne d’un mètre cinquante en son centre, la maison est étonnamment lumineuse. De hauts plafonds et un plan ouvert empêchent qu’on se sente à l’étroit. L’endroit a besoin d’être rénové, notamment pour réparer une fuite dans le toit. C’est le coût potentiellement élevé de l’entretien qui a empêché Kim d’y emménager elle-même.
« C’est une décision émotionnelle, car cela fait 40 ans qu’elle est chez elle et je ne peux pas imaginer que quelqu’un y vive », dit Kim. « Mais j’ai 51 ans et je ne suis pas en mesure de m’occuper de la propriété. C’est un projet pour quelqu’un de plus jeune ».
Crédit Photos : © Creative Light Studios
Notre avis : si les maison enterrées ou semi-enterrées présentent un avantage indéniable en matière de performance énergétique, leur réalisation est très délicate notamment au niveau de l’étanchéité à l’eau. Et dans ce cas, l’usage du béton, non seulement, n’a pas vraiment résolu le problème mais en plus est une hérésie en terme de bilan carbone de réalisation de cette habitation. D’autres solutions sont possibles comme le démontrent les earthbag et earthship.
C’est toujours intéressant d’explorer des modes de construction alternatifs.
Par contre, je pense qu’il faut être un peu plus sophistiqué dans l’analyse que béton = pas vert.
En l’occurrence, sans connaître le détail de la construction, le béton a permis de résoudre un problème qu’aucun autre matériau n’aurait pu résoudre et la durabilité de la maison de la maison est aussi obtenue grâce au béton.
Ne pas oublier aussi que le gros oeuvre n’est qu’une partie de la construction et le
Le fait que la maison soit enterrée permet d’avoir naturellement un toit végétalisé, ça doit compter dans le bilan carbone 🙂
PS : j’aimerai bien voir la taille du pick-up du propriétaire. Avec une maison isolée comme celle-là aux USA, il doit être respectable.
PS 2 : je n’ai pas compris la dernière partie de l’article et ce qui est arrivé à Kim.
Bonjour Jean.
Quand à la durabilité du béton, il semblerait (mais à vérifier) que c’est justement son point faible, compte tenu des fuites dans la maison.
Et pour son bilan carbone, on en a tellement parlé à ce sujet ici ou là, que c’est une telle évidence.
PS : les américains sont aussi les 1ers producteurs de voitures électriques (bien qu’on les alimente en électricité au charbon !)
Le système Passive Annual Heat Storage (PAHS) de John Hait entoure la maison d’un « parapluie » isolant et étanche pour créer une boule de terre à température constante été comme hiver. Nous avons profité de cette configuration pour construire notre maison semi-enterrée en pisé (oui, pisé sous terre), renforcé par une ossature en béton, pour minimiser les inconvénients du béton. Nous avons modifié le système PAHS en remplaçant la couverture terre par un toit classique, et pour compenser nous avons vitré presque entièrement la façade sud et installé volets électriques à fentes larges pour isoler la nuit et gérer (rarement) l’entrée du soleil. C’est confortable toute l’année grâce à la terre, lumineux grâce aux baies vitrées, et parfait pour les terrains en pente difficilement cultivables. Notre chauffage est un petit réchaud électrique que nous sortons après plusieurs jours sans soleil et des températures extérieures en dessous de zéro. La température intérieure dans ces conditions peut descendre en dessous de 18°, mais il suffit d’une heure ou deux à 1 ou 2 kW et tout rentre dans l’ordre.
Bonjour,
Je serais intéressée pour avoir plus d’informations sur les techniques de construction que vous avez utilisées. En effet je rêve de construire une maison enterrée. En France il y a un constructeur qui utilise d’anciens hangars à avion pour avoir une structure métallique. Sauf que la structure métallique ça ne me convient pas. Avez vous fait un site internet ou autre ? Merci
Bonjour Elie,
Je vous invite à faire quelques recherches sur les earthships. Il y a plusieurs projets réalisés en France déjà.
Notre blog montrant en photos toutes les étapes de construction de la maison PAHS se trouve à
http://www.blepperblog.wordpress.com. Cordialement