[vidéo] Désobéissance fertile : la révolte des habitants légers

Il est un mouvement naissant qui tente de bouleverser les tendances, en revenant à un mode de vie plus proche de la nature, dans un contexte légale défavorable, tout en essayant d’infléchir la loi, ce qu’ils nomment : la désobéissance fertile.

Ce mouvement naît près de Brive la Gaillarde à la croisée de la Corrèze, de la Dordogne et du Lot, aux sources du Lavandou, où quelques cabanes peuplent la forêt que les sourcières prennent soin au quotidien.

Ces activistes souhaitent vivre au plus près de la Nature pour préserver les écosystèmes mais sans être inquiétés.

Explications du mouvement par le fondateur de Désobéissance Fertile.

 

Cependant s’installer en zone agricole ou naturelle est compliqué car pour le moment, même s’il existe la Loi Alur* votée en février 2014, son application sur le terrain est compliquée.

 

*A noter, selon l’article L 444-1 du Code de l’urbanisme, dans sa rédaction issue de la loi ALUR, les aménagements de terrains destinés à l’installation de résidences démontables ou de résidences mobiles sont soumis à permis d’aménager ou à déclaration préalable.
La loi prévoit également que les terrains destinés à accueillir des résidences démontables constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs devront avoir fait l’objet des travaux nécessaires portant sur les réseaux publics de distribution d’eau, d’assainissement ou de distribution d’électricité. Ces terrains pourront être autorisés dans des secteurs de taille et de capacité d’accueil limités et délimités par le PLU.

 

Quelques explications avec Xavier du réseau des Hameaux Légers

 

Le mouvement souhaite se développer et fédérer des écosystèmes à taille humaine sans en bouleverser les équilibres tout en prenant autant en compte les besoins primaires (se loger, se nourrir, se vêtir) que les besoins d’accomplissement (trouver sa place au sein d’une aventure collective qui transcende les individualités). Il se calquerait sur le modèle des tribus au sein desquelles cohabiteraient jusqu’à 30 individus avec des liens intergénérationnels, ouvertes sur le monde pour inclure de nouveaux habitants et inspirer de nouvelles initiatives.

Pour réussir leur projet, l’idée est lancée de racheter des forêts partout en France, avec des peuplements à multi essences pour multiplier les puits de biodiversité ! Certaines de ces forêts seront sanctuarisées pour que les espèces animales et végétales puissent y prospérer sans craindre une quelconque activité humaine.

 

Notre avis : nous avons régulièrement ce débat au sein de Build Green : faut-il laisser ces habitats alternatifs se développer anarchiquement dans la nature ?

Si cette démarche peut sembler naturelle pour beaucoup, elle fait fi de nombreuses autres interrogations :

  1. quid de l’accaparement des terres
    l’idée étant d’occuper des lopins de terre dans des zones naturelles protégées, pourquoi et comment l’attribuer à telle ou telle communauté (incluant aussi les agriculteurs, bio tant qu’à faire).
  2. quid de la vraie protection de la nature ?
    si on souhaite respecter tant la nature que sa la biodiversité, pourquoi aller les perturber 24/24H ?
  3. quid des pollutions générées par l’homme ?
    contrairement à ce que nombre de personnes pensent, les toilettes sèches ne suffisent pas à protéger l’environnement, l’homme rejetant quelques toxines qui pollluent. Et la phyto-épuration demande une maîtrise du système qui n’est pas donné à tout à chacun.
  4. quid de l’usage de l’eau
    ce bien étant amené à se raréfier dans les années à venir, surtout l’été, pourquoi privilégier telle ou telle communauté à telle collectivité pour sa distribution.
  5. quid des dépenses d’énergie et ressources
    en s’affranchissant du code de la construction, par la réalisation d’habitat léger, ne risque t-on pas de voir se développer des constructions énergivores, notamment en hiver, consommatrice entre autre de bois, avec, peut-être, des poêles peu efficaces et source de pollution (rejets toxiques en foyer ouverts) ? On peut toutefois se rassurer sur le fait que ces constructions seront réalisées en matériaux locaux (bois, terre, paille, chanvre, …)
  6. quid de la confiance à attribuer à ces communautés
    On sait très bien que la motivation première de ces communautés est de sortir du système capitaliste pour créer un système plus autonome, moins tributaire des multi-nationales. Soit (et ça semble plutôt bien) ! Mais comment s’assurer que ces communautés ne vont pas elle-mêmes pervertir leur but premier, avec des produits et matériaux polluants et non recyclables, par exemple. Et que deviendra la structure en place en cas d’échec ? Une friche naturelle ?

Alors, certes, nous sommes certains que beaucoup de réponses ont déjà été trouvées à ces questions essentielles, mais il est évident qu’aucun éco-système de ce type ne peut fonctionner sans un encadrement juridique. Et nous sommes prêts à soutenir ce mouvement seulement, et seulement si, on y apporte un cadre légal.

 

Enfin, si sortir du capitalisme est l’ambition ouverte de ces activistes, ils ne peuvent difficilement se passer des outils proposés par les plateformes les plus représentatives de ce modèle économique conspués, tels Youtube et surtout Facebook, technologies elles-mêmes fortement impactantes vis à vis de la planète. Pas facile de s’en défaire complètement !

Plus d’infos sur le mouvement Désobéissance Fertile.

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Pascal Faucompré
Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it

4 réflexions sur “[vidéo] Désobéissance fertile : la révolte des habitants légers

  1. N’est-il pas plus écologique d’habiter en un seul immeuble, entouré d’un espace agricole (ou à proximité de celui-ci), dans une ville ou à sa proximité immédiate plutôt qu’au milieu des sangliers ?
    – moins d’emprise au sol/personne
    – plus d’économie de chauffage
    – des services (médicaux, scolaires, etc.) accessibles à pied, à vélo ou en transport en commun (donc moins de pollution automobile)
    Et si le plus écologique était de repenser l’habitat collectif et notamment les relations entre les habitants en permettant :
    – aux copropriétés d’évoluer vers des habitats « partagés », avec un certain nombre de valeurs/principes/règles écrites dans une charte à respecter,
    – la possibilité pour les habitants d’accepter ou non ceux qui candidatent pour habiter dans l’immeuble
    – la possibilité pour les habitants d’exclure facilement (par ex. lors d’une AG) ceux dont le comportement contrevient de manière récurrente à la charte.
    Actuellement, le gros point noir des habitats collectifs, c’est que si un habitant empêche tout le monde de dormir ou ne paie pas ses charges, il faut des années de procédure pour l’exclure…: c’est coûteux et des années de sommeil troublé, c’est long…

    • Merci Elisabeth pour votre remarque. Vous êtes probablement une citadine invétérée. Il y a une frange de la population (dont je fais parti) pour qui vivre en ville est impossible.
      Et pour de nombreuses raisons : le bruit, la pollution, la foule, la circulation et toute l’artificialisation qui la domine !
      L’habitat participatif en campagne, n’est ni plus ni moins qu’un éco-village ou éco-hameau où on peut aussi recréer un environnement économique viable.
      Entasser des gens dans une zone limitée pour aussi des problèmes de salubrité et de gestion de la santé public.
      Chacun peut trouver son compte dans l’environnement où il souhaite vivre. Mais comme nous l’indiquons ci-dessous dans le respect de l’autre et de l’environnement.

    • Bonjour Luc,
      En dehors des surfaces cultivables (zone agricole), cela s’appelle un camping, avec les autorisations qui s’imposent.
      Tout est envisageable, selon les règles d’urbanisme locale et zones constructibles.
      Renseignez-vous auprès du service urbanisme concerné et tenez-nous courant…

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