Considéré comme l’un des matériaux les plus écologiques, la paille présente de nombreux avantages comme isolant dans la construction.
Entretien avec Jean-Baptiste Thévard, président de la société Accord Paille, à Orléans, en France. Il aborde dans cette vidéo le marché de la construction en France, les techniques utilisées, les solutions de confort thermique, l’auto-construction, la réglementation en France et au Canada.
Son entreprise a participé à l’écriture des règles professionnelles de la construction en paille avec 40 professionnels et artisans. Entrevue : André Fauteux, éditeur, La Maison du 21e siècle, réalisée le 23 octobre 2018 au 4e Rendez-Vous des Écomatériaux, à Asbestos (Québec)
Notre avis : si le titre est quelque peu racoleur, c’est surtout parce que le marché public, les bâtiments tertiaires s’intéressent de plus en plus à ce matériau. Il faut être honnête dans l’habitat, la paille est encore très marginale, parce qu’elle est encore assez peu disponible et demande beaucoup de main d’oeuvre et de technique (donc gros surcoût). Dans l’habitat, l’auto-construction représente la plus grande partie des réalisations, grâce au développement des chantiers participatifs. Si nous conseillons bien évidemment ce matériau dans l’isolation, pour la technique du Greb (paille porteuse) nous émettons encore quelques doutes quand à sa qualité assurée à long terme. Des tests sont toujours en cours …
[la vidéo avait 27 vues avant la publication de cet article]
Bonjour,
Vous dîtes : » La paille est encore très marginale, car elle est peu disponible et demande beaucoup de main d’oeuvre et de technique »
Disponibilité : Nous avons calculé que 5 % de la paille récoltée en France chaque année permettrait de construire 100 % de l’habitat individuel et 5% supplémentaire la totalité de l’habitat collectif …
Main d’oeuvre : Le coût matériau / main d’oeuvre est équivalent à celui d’une même mise en oeuvre avec des matériaux industriels polluants et moindre que celui d’une mise en oeuvre avec des matériaux industriels écologiques.
Technique : La paille venant en remplissage de structure n’est pas plus complexe à mettre en oeuvre que n’importe quel autre type d’isolant, à partir du moment où la technique est connue et les structures adaptés à ce matériaux.
Les différentes entreprises françaises (affiliées à Vinci ou autres) qui ont construit les différents groupes scolaires en paille en région parisienne témoignent de la simplicité et de la rapidité d’exécution…
Cordialement,
Philippe Liboureau, Fondateur et ex-président Compaillons / RFCP, rédacteur des règles professionnelles de la construction paille.
Bonjour Philippe,
Merci de venir contribuer ici au débat.
Nous voulons être bien clair avec vous et tous les lecteurs, la PAILLE est une des meilleures solutions d’isolation, si on veut réduire son impact sur l’environnement. Nous l’avons dit et nous continuerons à le dire.
Par contre, il faut arrêter de mentir au public, car toute solution, tout produit, quel qu’il soit, a ses avantages et ses défauts.
Et c’est en connaissant bien ses défauts qu’on peut éviter de se lancer aveuglément dans son projet.
Donc, je confirme et signe en toute indépendance ce que je dis ici :
– la paille, en format ballot et tel que vous le préconisez sur votre site, est très peu disponible en France. Pour une simple et bonne raison, les agriculteurs n’ont pas calepiner leur botteleuse pour le format et la densité requis. Cela demande donc des adaptations qui ne sont pas toujours possibles. Et contrairement, à ce que vous dites il n’y a pas de la paille de qualité adaptée à l’isolation (la paille de riz étant la meilleure) de disponible partout. Dans certaines régions, nous préconisons d’autres isolants plus disponibles (chanvre, graminés, ouate de cellulose, laine de coton, …)
– le stockage de la paille est certainement le point le plus délicat dans un projet d’isolation. On voit fleurir dans beaucoup de forums ou groupes des retours à ce niveau. Un paille humide (et c’est souvent le cas quand on la recouvre) est une paille foutue si on l’utilise ainsi. Il faudra attendre la prochaine récolte …
– sur la main d’oeuvre : je suppose que quand vous dites « équivalent », vous comparez certainement avec une main d’oeuvre gratuite (de chantier participatif ?). Or, cette main oeuvre est très limitée et peu qualifiée (bien que peu indispensable sur la paille). La paille nécessite une grande manipulation et surtout dans un temps très court (pour éviter les problèmes d’humidité). Donc, c’est loin d’être simple à gérer, même avec des plateformes de mise en relation !
– sur la technique : pas complexe » à partir du moment où la technique est connue et les structures adaptés à ce matériaux ». C’est bien là le sujet. Ce qui paraît simple en apparence, ne l’ai pas forcément à l’usage. Et nous prévoyons dans les années à venir de nombreuses malfaçons sur ces chantiers. Surtout, que pour l’immense majorité, étant réalisée en auto-construction, quasiment aucune de ces maisons sont garanties par une décennale.
Donc, oui Philippe, nous préconisons la paille, oui c’est un produit écologique et économique, mais pas entre n’importe quelle main ! Et nous continuerons de conseiller de faire appel à des professionnels, ceux que vous recommandez et formez au RFCP. Et bravo encore pour le travail que vous faites.